Marie-Eugène (Eugène-Joseph) BOCQUET – 1900-1974

Portrait d’un jardinier reconverti en cuisinier.

« Quel ne fut pas mon étonnement quand on me proposa le Fr. Bocquet comme
cuisinier! Je savais qu’il était
un excellent jardinier, mais je doutais de ses qualités culinaires. Eh
bien! du jour au lendemain, il réussit une reconversion. Ce fut un
excellent cuisinier, toujours à l’heure, économe et soucieux de la qualité
du menu. Il était pâtissier à ses heures et ses mains, habituées aux gros
travaux, étaient capables de réussir les pâtisseries les plus fines. Ce qui
m’a étonné, c’est que le Frère boudait notre jardin. Jamais il n’a voulu se
remettre à cultiver des
légumes ou à tailler des arbres. Par contre, en plus de la cuisine, il
aimait se consacrer
à la maçonnerie. Dès qu’il avait quelques heures de loisir devant lui, il
préparait le béton, charriait les brouettes, faisait le coffrage et maniait
le fil à plomb. Il ne fallait pas le contrarier dans sa manière de voir.

Religieux consciencieux, religieux édifiant, le Frère ne voulait pas être
dérangé dans sa prière. Contrarié par le bruit, le Frère demandait le grand
silence à partir de 21 heures ».

D’après le P. Gelly.

Religieux de la Province de Lyon.

Des débuts difficiles.

Eugène-joseph est né à Cercier (Haute-Savoie) le 24 février 1900. Il atteint déjà la trentaine quand il demande son admission à l’Assomption. Reçu comme postulant à Scy-Chazelles (Moselle) le 4 novembre 1930, il reçoit l’habit le 4 mai 1931 des mains du P. Savinien Dewaele sous le nom de Fr. Marie-Eugène et poursuit son noviciat à Nozeroy où il prononce ses premiers vœux le 5 mai 1932. Au début de 1933, on le retrouve rattaché à la maison de Douvaine (Haute-Savoie) avec le Fr. Bernard-Léo pour travailler ensemble à la ferme de la Collongette. Il n’y reste pas plus de 6 ou 7 mois, il rencontre là en effet des difficultés que l’âge, le caractère, les circonstances ne lui permettent pas de surmonter d’emblée. On demande surtout à un jeune religieux à cette époque d’être disponible, indépendamment de ses goûts et de ses aptitudes. Fr. M.-Eugène qui est un terrien, connaissant le travail agricole, commence par être nommé cuisinier, après un apprentissage que l’on peut estimer sommaire. On le retrouve ensuite dans une maison d’enfants sans famille, chargé d’initier les grands aux travaux et aux apprentissages en vue d’assurer leur avenir. Fr. M.-Eugène en vient à se retirer et se rend dans un monastère de Bénédictins. Mais après un essai infructueux à Ligugé, il se représente courageusement au noviciat, cette fois à Pont- l’Abbé d’Arnoult (Charente-Maritime) où il est reçu le 10 juin 1934. Passé à la Province de Bordeaux, il prononce ses premiers vœux le 11 juin 1935 au noviciat et ses vœux perpétuels le 11 juin 1938 à Prigonrieux (Dordogne).

Une vie de travail, de prière et de silence.

Bien des maisons vont accueillir ce religieux sérieux, effacé, consciencieux et organisé.

Spécialisé dans les travaux d’agriculture, jardinage et verger, il reste soucieux de formation continue en ce qui regarde le traitement des sols et des plantations. Il permet d’assurer aux communautés une subsistance saine et abondante. En 1948, il se trouve à Saint-Maur (Maine- et-Loire) quand il demande et obtient son affiliation à la Province de Lyon. Il est affecté à Scy- Chazelles (1948-1953), puis à Valpré (1953-1961), maisons qui bénéficient de son labeur assidu et de son expérience toujours perfectionnée. « Fr. M.-Eugène est arrivé à Valpré en 1953. Sa réputation de jardinier expert et aussi de religieux un peu instable l’y a précédé. On nous a dit, témoigne le P. Justin Munsch, de tout faire pour le soutenir et J’encourager. Valpré, fondé depuis peu, est plutôt une petite propriété d’agrément. Le Fr. Eugène en agrandissant le potager, en plantant le verger, l’a transformée, utilisant au mieux les terrains rentables. C’est un pauvre, peu exigeant pour lui-même, soucieux de fournir le scolasticat en légumes et fruit s pour soulager le budget du P. économe. En été, il se lève à 4 h. du matin pour arroser les semis et plantations. Au cours de la journée, il ne perd pas une minute, allant d’un travail à l’autre. Mais il faut que les normes de la consommation se plient aux exigences de ses productions. Quand il doit replanter, il arrache choux et salades, porte le tout à la porte de la cuisine. Il n’aime pas les compliments. Le seul fait de manifester de lïntérêt pour son travail lui suffit pour garder bonne humeur et équilibre. A 18 h, il se retire été comme hiver dans sa chambre pour ses exercices de piété. Caractère farouche, entier, peu communicatif, grand travailleur mais sans collaboration, tel nous le connaissons, l’apprécions et l’aimons ». Cependant l’âge venant, en 1961, le Fr. M.-Eugène accepte de quitter Valpré pour aller faire la cuisine à la communauté du Pont du Suve à Toulon (Var). Il y reste jusqu’en février 1969. Sa dernière étape est Lorgues (1969-1974) où il trouve une ambiance de calme qui sied mieux à son tempérament. Il se consacre selon ses forces au jardin. A deux reprises, en 1973 et 1974, il doit être hospitalisé. On le retrouve étendu mort sur le soi de sa chambre le 12 décembre 1974. Ses obsèques sont célébrées le 14 décembre par le P. Heckel.

Bibliographies

Bibliographie et documentation: Documents Assomption Nécrologe (1), 1975-1980, p. 3. Lyon-Assomption, avril 1975, p. 15-17.