Marie-Jules (Jules) CELIS – 1902-1985

Homélie du 15 juillet 1979.
« En 1929, lorsque je suis arrivé d’Europe avec 3 autres Pères et deux
frères, il n’y avait ici que deux missions, celle de Béni et celle de
Kimbulu. Maintenant, en
1979, j’ai appris qu’il y en a
23. Dans chaque mission, nos Frères ont construit de grandes églises et de
grandes écoles en briques. Butembo qui n’était qu’un camp M.G.L.
(compagnie minière des grands lacs) est devenue une ville, preuve éclatante
de l’évolution de la région au point de vue matériel. Je remercie Dieu de
l’extension de la sainte Eglise: en 1929, à Béni, un millier de chrétiens
et à Kimbulu, 300. Aujourd’hui,
à peu près un million. Je pense à la parabole du grain de sénevé ou, ici, à
la semence d’éleusine. Je remercie Dieu
du travail accompli par les catéchistes et les instituteurs. En 1936, je
fus chargé de fonder une école normale à Béni, transférée à Mulo. Je
remercie Dieu du dévouement admirable des religieuses, ces belles fleurs
qui ornent le jardin de l’Eg1ise. Je remercie Dieu du saint ministère des
prêtres. Pendant les 50 ans de la mission, 120 religieux sont venus ici …
».
P. Celis, au cinquantenaire de la mission.

Religieux belge (B.S.), au service de la mission du Congo.

Années de formation.

Jules Celis voit le jour le 2 avril 1902 à Lubeek, dans le Brabant belge. Ses classes d’humanités se déroulent à Zepperen de 1913 à 1919. Le 29 septembre 1919, présenté par le P. Gausbert Broha pour lequel il garde une grande estime, Jules prend l’habit à Louvain en ajoutant à son prénom celui de Marie, peu avant l’ouverture de la maison de Saint-Gérard où il poursuit son noviciat de deux ans avec le P. Rémi Kokel. Il y prononce ses premiers vœux, le 1er octobre 1920: « Sensible, curieux, observateur, indépendant d’esprit, aimant le travail manuel, apte aux aménagements électriques, parfois sujet au découragement » tel le présente le rapport de profession. Le Frère Marie-Jules poursuit ses études de philosophie à Taintegnies et celles de théologie à Louvain. Il devient profès perpétuel le 1er octobre 1923 et est ordonné prêtre le 24 juillet 1927. Il est alors affecté pendant deux ans à l’enseignement, tout d’abord à Zepperen, puis à Sart-les-Moines (1927-1929).

Missionnaire volontaire au Congo (1929-1967).

Le P. Marie-Jules fait partie de la première équipe assomptionniste qui part, en 1929, fonder la mission au Congo belge. Il est accompagné des PP. Conrad Groenen, Henri Piérard, le futur évêque de Béni, Baudoin Ponsaerts ainsi que des Frères Ignace Nelissen et Antoine Sanders. Son curriculum mentionne les postes successifs de Kimbulu, Muhangi, Béni, Mulo, Bingi, Butembo, Mulo où il est directeur d’une Ecole Normale fondée par lui, et de nouveau Butembo. Le P. Lievens Bergmans qui l’a connu sur place à l’œuvre témoigne:

« Le Père Celis a marqué de son empreinte l’œuvre missionnaire.

Intellectuel, il le restera sa vie durant: comme supérieur de poste de mission, comme broussard, comme directeur d’école normale, professeur ou inspecteur des écoles du vicarial apostolique. Il a étudié les us et les coutumes de la population locale et leur langue. Il a composé des manuels à l’usage de l’enseignement primaire et secondaire. En 1935 déjà, il a commencé la publication d’une feuille hebdomadaire intitulée ‘Kengele’ (La Cloche). En 1945, il a lancé le syndicalisme parmi les jeunes évolués. Dans les années 50, il a publié en kiswahili les quatre Evangiles en un seul. Durant ses douze dernières années en Afrique, il fut professeur de sciences estimé par ses élèves et, à l’occasion, s’est montré un naturaliste averti et un entomologiste éminent (1) ». Hostile à la fragmentation de l’Assomption en deux provinces belges, il fait part au P. Wilfrid Dufault de son désir d’être affilié à la Province d’Amérique du Nord. Avec sagesse, les Supérieurs l’inclinent à choisir la province de Belgique-Sud. En 1967, le Père Marie-Jules est de retour au pays natal. Il réside à la Procure des Missions à Anderlecht, banlieue de Bruxelles.

Mort à la tâche.

Tant que sa santé le permet, il fréquente le Musée de Tervueren où il s’emploie encore à des travaux d’entomologie. Il a la joie de célébrer au Congo, devenu Zaïre, le cinquantenaire de la présence assomptionniste en 1979 et de s’y faire le chantre reconnaissant des profondes transformations et laborieux développements de cette mission. Décédé le 9 janvier 1985 à Bruxelles à l’âge de 83 ans, il est inhumé le 15 du même mois au cimetière de l’abbaye du Park à Louvain. « Le P. Marie-Jules avait reçu un grand nombre de talents: une intelligence pénétrante, une mémoire d’une fidélité invraisemblable, un amour du travail inné et une persévérance à toute épreuve, talents qu’il a fait fructifier abondamment comme le demande l’Evangile »..

(1) Comme entomologiste, le P. Marie-Jules a découvert de nombreux insectes inconnus, notamment dans le Massif du Ruwenzori, sur les flancs duquel il a organisé plusieurs expéditions. Les découvreurs ayant le droit de donner un nom aux insectes découverts, il se fait une joie d’ajouter au nom scientifique latin de l’espèce le génitif du nom d’un confrère. Ainsi on trouvera des ‘Dufaulti’, des ‘Deraedti’…

Bibliographies

Bibliographie et documentation: Documents Assomption, Nécrologe (III) 1984-1986, p. 46-47. Marc Champion, Province du Zaïre, Religieux Défunts (1929-1994), Butembo 1994, p. 57-58. On trouve dans la revue de l’Assomption et ses œuvres plusieurs articles du P. Marie-Jules Celis. Belgique-Sud Assomption, janvier-février 1985, n° 158-159, P. 2195-2198. Le P. Marie-Jules Celis a donné de très nombreuses nouvelles et chroniques de sa vie au Congo de 1934 à 1968, qui font état de ses recherches géologiques et botaniques. Il a écrit, seul ou en collaboration, sur ces sujets des ouvrages et de nombreux articles, publiés notamment dans les revues missionnaires de l’Assomption. Il a créé pour l’enseignement plusieurs manuels de base et a traduit en kiswahili les Evangiles. Ses études sur les mœurs et la langue des Wanande ont certainement aidé les autochtones à la fixation de celles-ci. Citons entre autres: Notions d’élevage, Bruxelles, 1948; Contribution à l’étude des Clavigeinae de Madagascar en 3 fascicules, un Calendrier universel en 1983 …