Marius PEYSSON – 1865-1902

Santiago, 1899.
« Le P. Thomas Darbois en a assez du Chili et désire retourner en France.
La Mère Franck lui écrivait en janvier qu’on allait le rappeler lui et son
frère au mois d’août. Vous savez ce que nous a coûté la maison du D.
Jacinto! Le P. Thomas l’a offerte
gratuitement pour 5 ans à la Société St. Tomas de Aquino. Sous prétexte
qu’il pleut dans l’église par les tours, il a fait exécuter de grands
travaux, démolir et remplacer les tours avec armature de fer et de briques,
ouvrir de nouvelles fenêtres. Il aurait voulu donner
5 nefs à l’église, mais comment payer tout cela? Le P. Thomas attend un
héritage d’une dame qui est morte, mais les héritiers ont perçu le legs. A
Rengo, on devait établir une lecheria, on a
transformé le projet en crianza de caballos. Le P. Gunfrid a acheté yeguas
y potro, et en avant le commerce! A cause de cela, nous avons perdu nos
amis de la première heure. Nous avons perdu nos bienfaitrices, la Mère
Carmen et Maria del Socorro. Nous devons de l’argent à l’église de
Santiago. Le P. Thomas écrit presque tout seul La Croix du Chili, on y voit
tout en rose. Il rêve d’imprimer la Revista del clero et une Revista du
sanctuaire de Lourdes, mais on a déjà dû arrêter El Preludio à son n° 6 ! »

Notices Biographiques A.A

Religieux français, en mission au Chili. Un des premiers missionnaires au Chili. Né à Aniane (Hérault), le 21 octobre 1865, dans le diocèse de Montpellier, Marius Peysson entre à l’alumnat du Vigan en 1878, puis est envoyé à celui d’Alès (Gard) en 1880. Intelligent, actif, plein de vie et d’entrain, il fait partie de cette premoère chaîne de l’Assomption qui a pour berceau l’alumnat dans sa phase d’origine créative. Il connaît également Mauville et CWrmarais, dans le Pas-de-Calais, jusqu’en 1884. Il se rend à Osma pour accomplir son temps de noviciat, après avoir pris l’habit à Paris, le 8 septembre 1884. Profès annuel l’année suivante, il accomplit avec les novices d’Osma le fameux et dernier pèlerinage jusqu’à Avila où il prononce ses vœux perpétuels, le 18 septembre 1886. Le noviciat revient en France à Livry (Seine-Saint-Denis) d’où le Frère Marius se rend à l’alumnat des Châteaux (Savoie) pour enseigner et en même temps étudier pendant deux ans la philosophie (1886-1888). C’est au Breuil (Deux-Sèvres) qu’il achève son parcours d’études ecclésiastiques en théologie (1888-1890). Il est ordonné prêtre à Poitiers (Vienne), le 21 décembre 1889. Le 20 septembre 1890, il s’embarque de Bordeaux en direction du Chili, sur le bateau, La Ville de Metz. Il va y passer les douze années de sa vie sacerdotale (1890-1902). Chapelain à Esmeralda, supérieur de l’alumnat de Mendoza (1891-1894), une première fois curé de Rengo pendant trois ans (1895-1898), il passe au sanctuaire de Notre-Dame de Lourdes à Santiago (1898-1900). Prédicateur de missions et de retraites, il revient à Rengo-Mendoza comme curé (1900-1901) pour la seconde fois. Partout il fait preuve d’un dévouement apostolique intelligent et généreux. Il possède à fond l’espagnol et s’exprime avec une clarté et une élégance telles qu’on le croit castillan de naissance. A.A Récit des derniers mois. Le P. Stéphane Chaboud, premier supérieur de la mission au Chili, écrit: « Quand Mgr de Santiago nous demande de nous charger de la paroisse de Rengo, je n’hésite pas à la confier au P. Marius, comptant non seulement sur ses talents et sur son dévouement, mais aussi sur ses forces physiques. U porte vaillamment la charge et conquiert très vite les sympathies de ses paroissiens. Il travaille avec ardeur, joyeux de se dépenser à leur service, étonné lui-même de se trouver en bonne santé pour porter les préoccupations et fatigues de ses prédications. A la fin du mois d’avril 1902 et aux premiers jours du mois de mai, il fait donner une mission à la paroisse par trois religieux Carmes. Lui-même, bon organisateur, préside les exercices et veille à la régularisation des mariages, visite malades et prisonniers. Le 12 mai 1902, il fait une longue course à cheval pour aller confesser et reçoit la pluie pendant une heure. Le lendemain, il se rend à Santiago pour une réunion importante. Il se plaint un peu à son arrivée de souffrir de l’estomac et des intestins. Par prudence il consulte un médecin qui lui prescrit un vomitif Rassuré sur son état de santé, je le quitte pour aller faire la visite de la maison de Los Andes, tout en lui demandant par précaution de garder la chambre. Il manque d’appétit et de forces. Quatre autres docteurs l’examinent et diagnostiquent un catarrhe intestinal et une fatigue de l’estomac que l’ arrivée du printemps, selon eux, fera disparaître. Nous faisons des projets, prendre quelques jours de repos dans la Cordillère des Andes et aller en France respirer un temps l’air natal, revoir sa famille et sa mère encore en vie. Cependant la maladie persiste, en août une douleur au foie s’accuse plus franchement. Sans doute a-t-il déjà le pressentiment de son mal lorsque je lui propose le sacrement de la confession et le viatique. De lui-même il veut renouveler ses vœux de religieux et me répond, les larmes aux yeux, lorsque je lui demande s’il veut me confier un message pour sa mère: ‘Vous la consolerez. Le 14 août 1902 au soir, à 37 ans, il rend le dernier soupir, n’ayant rien ressenti d’autre qu’une grande fatigue générale ». Le P. Marius est inhumé à Santiago.

Bibliographies

Bibliographie et documentation: L’Assomption 1902, n° 69, p. 173; n° 71, p. 171-171. Souvenirs, 1902, p. 17. Notice biographique par le P. Marie-Alexis Gaudefroy. Lettre du Père Marius Peysson au P. Stéphane Chaboud, Santiago, 27 de mayo 1899. Dans les ACR, du P. Marius Peysson, correspondances (1885-1898). Notices Biographiques