Marius TALLIER – 1923-1978

Gosselies, 1966.
« Excusez-moi de venir vous remercier si tard pour la semaine d’études
passée à Rome. En rentrant à Bruxelles, samedi soir, le P. Provincial
[Gérard Istace] me faisait savoir qu’il avait prévu un conseil pour le
lendemain, ce qui me replongea immédiatement dans le bain. Et en rentrant
au collège Saint-Michel, je n’eus guère le temps de souffler cette semaine,
car j’avais la retraite des élèves. Mais je tiens à vous écrire ce petit
mot pour vous dire ma reconnaissance, ma joie aussi d’avoir connu ces
journées de réflexion. Ce qui m’a le plus frappé, c’est l’accueil, c’est
l’attitude d’écoute du Conseil généralice et son dynamisme étonnant. J’ai
mieux compris la fonction de nos Règles Capitulaires. Je remercie donc
aussi les assistants, mais j’espère pouvoir le faire personnellement
bientôt. Pour l’instant, je dois m’atteler au rapport et aux retraites
d’élèves qui ne se terminent que cette semaine.

Croyez à mes profonds sentiments de religieux attachement ».

P. Marius Tallier.

Religieux de la Province de Belgique-Sud, assistant provincial. Une vie intense. Né le 28 août 1923 à Orgéo, en Belgique, dans la province de Namur, d’une famille nombreuse, Marius Tallier est très tôt orphelin de père (Jean- Baptiste). Il perd également un frère dans l’exode de 1940 et un autre en déportation. Alumniste à Bure (1937-1941) et à Sart-lesMoines (1941-1943), il entre au noviciat de Taintegnies où il prend l’habit le 26 septembre 1943, gardant son prénom de Marius. Profès annuel le 27 septembre 1944 à Taintegnies, le Frère Marius fait ses études de philosophie au Bizet, puis à Saint-Gérard (1943-1946) où il prononce ses voeux perpétuels le 27 septembre 1947. Les études de théologie se poursuivent, d’abord commencées à Saint-Gérard, puis terminées à Hal où il devient prêtre le 27 décembre 1950. Il conquiert à Louvain une licence en langues germaniques et est envoyé au collège Saint-Michel de Gosselies en 1955. Ce collège naissant prend à sa façon le relais du vieil alumnat de Sart-les-Moines. C’est là que le P. Marius va passer toute sa vie active, c’est-à-dire près de 23 ans (1955-1978). Professeur de langues, il enseigne dans toutes les classes d’humanités, mais le métier d’enseignant dépasse largement pour lui la fonction d’enseignement. Il est bientôt l’animateur spirituel du collège, prenant soin des liturgies, des retraites de classes ou d’aînés, choisi comme aumônier du mouvement ‘Compagnons’ à l’intérieur de l’école, du mouvement des Guides à l’extérieur, participant ainsi à toutes sortes d’apostolats. Son action est également décisive dans la Fraternité oecuménique des Cévennes (1) dont il est chaque été l’animateur. Il est également membre du conseil presbytéral. Le P. Ledoux résume en quelques lignes la figure spirituelle du P. Marius: Page : 17/17 « Une vie intense, mais sans ostentation. Sa discrétion est appréciée de tous. Son équilibre, ses qualités d’homme et de prêtre, lui acquièrent la déférente sympathie de tous. Fin psychologue, il noue des relations avec autant de bienveillance que de ferme compréhension. Doué d’un jugement sûr, il avait l’esprit généreusement ouvert aux problèmes actuels de l’Église. Son sens profondément humain savait calmer les appréhensions et réconforter les cœurs. Et si ses avis faisaient autorité, c’est qu’il ne tentait jamais de les imposer. La confiance de ses frères J’avait appelé aux plus importantes responsabilités. Dès 1958, il est premier assistant provincial. En 1965, le voici supérieur du collège, et ce mandat sera renouvelé à la demande unanime de ses frères ». En 1970, la confiance de toute la Province invite le P. Général, le P. Paul Charpentier, à le nommer Provincial, pour une succession difficile, après la défection du P. Gérard Istace. Pour raison de santé, il a déjà subi une grave intervention chirurgicale, il ne pense pas pouvoir accepter ce poste relevé par le P. Francis Schaeck. Il demeure assistant et reprend plus tard le supériorat du collège. Jusqu’au bout, le P. Marius est animateur, confident, conseiller et frère. Le P. Félix Malet peut témoigner: « Le P. Marius est de ceux qui rendent la terre plus habitable. Sans éclat et sans discours. Par la simple vertu d’une présence paisible, aimable, transparente. Ami, conseiller, confident, il accueille en Jésus-Christ. Rassembleur de communautés, il vit la vie fraternelle et la crée autour de lui ». Au début de 1978, atteint d’une thrombose et partiellement paralysé, le P. Marius passe un mois à l’hôpital Beaujon à Paris, puis se remet lentement. Mais les poumons sont atteints et il faut à nouveau l’hospitaliser à Hérent, Louvain (2). C’est là qu’il meurt, le 11 mai 1978, à 55 ans à peine. Le P. Frans Desmet, familier des camps en Cévennes, apporte sa voix aux autres témoignages: « Le P. Marius nous accompagnait en frère aîné, toujours proche, écouté, attendu. Sa présence à elle seule encourageait. Il était accueillant, plein de discrétion pour les petits et les grands secrets de chacun. Il savait relativiser bien des choses dans les conflits de la vie quotidienne qui surgissent de manière aiguë dans les groupes de jeunes. Il participait à l’ambiance, à la fatigue, à toute notre vie. Avec lui, la vie était autre, jamais banale, toujours appelée à grandir. Honune de Dieu rplus par sa vie aue r>ar sesvaroles, il nous conduisait au Christ.. ». Page : 18/18

Bibliographies

Bibliographie et documentation: Documents Assomption, Nécrologe (1) 1975-1980, p. 61. Documents Assomption, 1978, n° 3, P. 216-217. Belgique-Sud Assomption, juin 1978, n° 90, p. 1497-1502. Article du P. Ledoux dans L’Avenir du Luxembourg. Dans les ACR, du P. Marius Tallier,’quelques correspondances (1947-1966). Lettre du P. Marius Tallier au P. Wilfrid Dufault, Gosselies, 23 janvier 1966. (1) La Fraternité des Cévennes: L’Assomption et ses Oeuvres, 1973, n° 576, p. 18- 19. (2) On retrouve dans ses affaires le livre annoté de l’italien Mario Pomilio, Le Cinquième Evangile: le P. Marius fait sienne la quête de cette existence selon ‘Evangile vécu.