Martial (Joseph-Antoine) TREBOSC – 1874-1893

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« Le Frère Martial Trébosc, né en 1874, est décédé des suites de la maladie
de la poitrine en
1893. En souvenir de lui, le P. Emmanuel [Bailly] fut par la suite toujours
soucieux de la santé de son cousin, aveyronnais comme lui, le Frère puis le
Père Martial Enjalbert (1). Je me souviens que ce dernier religieux,
étudiant à Rome, n’avait pas le droit de jeûner le vendredi ni d’aller à
pied en grande promenade. Le P. Bailly, convaincu de la prétendue
délicatesse de sa poitrine, le fit appeler aux vœux perpétuels avant le
conseil de révision à l’armée, ce qui était contraire au droit. Le Frère
Martial
[Enjalbert] fut pris, fit son service militaire à Montpellier. Je crois
même me souvenir qu’il était déjà sous-diacre (2)
».
D’après le carnet des souvenirs du P. Merklen, rédigés
pendant la seconde guerre mondiale.

(1) Père Martial Enjalbert
1877-1936, né dans l’Aveyron, décédé à Lorgues.

(2) D’après le Registre, il est ordonné sous-diacre à Livry, le 8 septembre
1898, et fait son service militaire en 1900-
1901.

Religieux français, profès in articulo mortes. Un projet de vie interrompu. Joseph-Antoine Trébosc est né le 18 janvier 1874 à Quins (Aveyron), dans le diocèse de Rodez. Il est élève aux alumnats d’Arras (Pas-de-Calais) et de Clairmarais (Pas-de-Calais) avant d’entrer au noviciat assomptionniste de Livry (Seine-Saint- Denis). Il reçoit l’habit le 7 août 1892, sous le nom de Frère Martial. Le 16 août suivant, il se rend dans sa famille pour y faire ses adieux avant de partir pour le noviciat de Phanaraki en Turquie. Mais, malade de la tuberculose, il doit différer son projet de voyage, d’autant plus que sa famille est opposée à cet expatriement. Le P. Henry Couillaux peut lui rendre visite, depuis Brian (Drôme), le 12 mars 1893 et recevoir ses vœux in articulo mortis. Le Frère Martial semble n’attendre que cette grâce avant de quitter ce monde. Il meurt le 14 mars suivant, dans sa nouvelle 20ème année. Il est inhumé dans le caveau familial au cimetière de Quins. Du P. Henry Couillaux, Rodez, 13 mars 1893. « Je rentre tout ému de ma visite au Frère Martial. L’éloignement, la difficulté des communications avaient empêché la famille de recevoir une lettre partie douze heures avant moi, de Bilan. Ce retard a été en somme pour le mieux; il m’a permis de trouver au grand séminaire un accueil des plus sympathiques, de me mettre au courant de la situation de la famille. M. le Supérieur m’a fait appeler un séminariste de Quins. Il a voulu lui- même me faire procurer une voiture qui me permit d’aller à ce village, éloigné de trente km de Rodez. Personne ne m’attendait. Je vis M. le Curé, homme intelligent, favorisant les vocations religieuses. C’est lui qui a fait faire la première communion au Frère Martial et qui l’a fait entrer à l’alumnat. Page :105/105 C’est lui aussi qui a baptisé notre Frère Benjamin Laurès. Ensemble nous nous rendons chez le petit malade. J’arrivais deux heures avant ma lettre. Vous pouvez juger de l’émotion. Hélas! mon cher ami, il ne faut pas se faire illusion, le pauvre enfant est au bout, la délivrance s’avance à grands pas. Le pauvre Frère était au lit; parfois, une toux atroce lui cause de grandes souffrances. Vous dire la joie qu’il ressentit en voyant un religieux de l’Assomption, ne se pourrait décrire. Après les premières nouvelles, M. le Curé emmena les parents et nous laissa seuls. Je demandai au Frère Martial s’il pensait à Livry, s’il serait heureux d’y retourner, s’il voulait se donner au bon Dieu dans la vie religieuse. Ses réponses claires et joyeuses témoignaient de son amour pour notre famille. Lorsque je me fus bien assuré de ses dispositions, je lui dis alors que je venais au nom du P. Picard et que je recevrais sa profession. La joie du cher enfant fut grande à cette déclaration. Il était prêt à tout, me disait-il. Je le préparai donc, lui promettant de venir le voir après dîner. M. le Curé estime beaucoup ce novice. Il m’a affirmé que, devant certaines difficultés soulevées par la famille au mois de septembre, l’enfant aurait demandé de mourir poitrinaire puisque ses parents s’opposaient à son départ. Le père [Joseph] considère son fils comme perdu, d’ailleurs les médecins l’ont déclaré en danger. Je retournai donc le voir comme je l’avais promis. Le petit Frère était levé, assis au coin du feu. Dans quel état! Sa toux faisait mal à entendre. Il ne parlait pas de ses souffrances, mais les contractions de son visage laissaient assez comprendre combien il devait souffrir. C’était l’état du Frère Noël [Seris] deux ou trois jours avant sa mort. Le malade ne pouvait presque plus parier. Les parents assistaient à cette entrevue. Je leur demandai de nous laisser un moment, ce qu’ils firent volontiers. L’enfant s’était préparé. Il fit joyeusement son sacrifice jusqu’à la mort. Il promit de prier pour l’Assomption, Livry et les deux alumnats d’humanités. Je l’embrassai comme un nouveau frère. Le pauvre petit était tout heureux et souriant. Il n’espérait pas le matin une si grande grâce. Je rappelai les parents, ils ne savaient rien de ce qui s’était passé. Je demandai au père de bien promettre au bon Dieu de laisser son fils libre si la santé lui était rendue. Le pauvre homme ne me répondit que par des pleurs. Ce qui me fut le plus pénible, ce fut le moment des adieux.. ». Page :106/106

Bibliographies

Bibliographie et documentation: Souvenirs, 1893, n° 137, p. 65; n° 138, p. 69-72. Lettre à la Dispersion, 1910, n° 69, p. 274-275. Note du P. Merklen sur le Frère martial Trébosc (ACR J 553).