Religieux yougoslave de la Province de France. Une vie entre Belgrade et Lyon. Matthieu Cutura, transcrit Tchoutoura, est né le 9 février 1919 à Rastovaca, en Herzégovine (Yougoslavie), dans le diocèse de Mostar. Il vient faire ses études en France, dans les alumnats de Saint-Sigismond (Savoie) del933 à 1936 et de Miribel-les-Echelles (Isère), de 1936 à 1938. Le 2 octobre 1938, il prend l’habit au noviciat de Nozeroy (Jura) où il fait profession le 3 octobre 1939, ayant accompli son temps de probation religieuse sous la direction du P. Alix Gruffat. C’est à Lormoy (Essonne) qu’il commence ses études ecclésiastiques (1939-1940), puis à Layrac (Lot-et- Garonne) où il prononce ses vœux perpétuels le 3 octobre 1942, et où il passe la deuxième partie de son baccalauréat (1940-1941). C’est à Lormoy qu’il poursuit et achève les études de théologie (1943- 1945). Le Frère Matthieu est ordonné prêtre par Mgr Neveu le 18 juin 1944. Au terme de deux années de cours aux Facultés catholiques de Paris, il obtient le grade de la licence en théologie en novembre 1946. Cet esprit curieux et cultivé, ouvert et assez universel, passionné d’histoire et des langues orientales, se sent peu enclin à l’enseignement scolaire. Il préfère le ministère pastoral. C’est en Yougoslavie, à Belgrade, à la paroisse de l’Assomption, qu’il consacre de longues années de ministère. Il y prend la relève du P. Privat Bélard, persona non grata sur le sol yougoslave, désigné supérieur de la maison de Lorgues (Var). Le P. Matthieu est de service à Belgrade de 1946 à 1975, avec une interruption en 1964. Après la mort de sa mère, Marie née Sirié, il éprouve de graves difficultés et des ennuis de santé, aggravées par l’alcool et le tabac. Il revient en France pour une année d’enseignement à l’alumnat de Saint- Sigismond (1964-1965). Mais dès le mois de juin 1965, Page : 31/31 il peut retourner à la paroisse de Belgrade où il va rester encore dix ans, sans trop se soucier de sa santé, un peu cahin-caha, fidèle au poste, jusqu’au jour où, par la force des choses, il doit revenir en France pour un ministère à sa mesure. Pendant près de vingt ans, il va résider à la maison provinciale à Lyon, avenue Debrousse , sur cette colline de Fourvière qu’il aime et où il s’adonne de ses faibles forces et de tout son cœur à des tâches humbles et utiles: secrétariat, aumônerie de Sœurs Salésiennes voisines à la maison ‘Marie-Dominique’, au service de ses frères et de quelques communautés religieuses alentour. Il assure sur place des permanences téléphoniques, accueille les visiteurs, sonne les exercices communautaires, distribue le courrier. Mais sa santé reste fragile. Dès les premiers froids de l’hiver, en novembre 1993, il souffre de graves troubles respiratoires et doit être transporté à l’hôpital Saint-Joseph de Lyon où il passe trois semaines pour des soins pulmonaires et une intervention chirurgicale pour une fistule. Le 2 décembre suivant, il est envoyé pour un mois dans un centre médical à Hauteville (Ain) où on le met sous oxygène quinze heures par jour. Le mieux qui se produit ne dure guère. La santé du P. Matthieu se dégrade et le médecin décide de prolonger son séjour dans l’établissement. Le jour de Noël, appelé au téléphone par sa communauté de Lyon, il ne peut dire que quelques mots avant de raccrocher. Le lendemain 26 décembre, le P. Georges Ball, venu de Saint- Rambert du Bugey, trouve le malade prostré, déprimé, sans réaction. Le Père Matthieu est victime d’un accident cardiaque, le lundi 27 décembre 1993, au moment de sa toilette. Il aurait eu 75 ans au mois de février 1994. Les obsèques du Père Matthieu ont lieu, le 30 décembre 1993, à Saint-Sigismond qui est à la fois sa première maison assomptionniste et sa dernière demeure. Le P. Michel Zabé dépeint dans son homélie l’homme tel qu’il l’a connu, serviteur sans manières, affable sous des dehors rudes, ouvrant facilement les trésors de sa science et de son cœur, comme aussi les portes de sa maison. Son compatriote, le P. Michaël Djudjar, est présent pour la cérémonie. Des cimes enneigées qui couvrent les Bauges, le soleil de Savoie rayonne sur la tombe fraîchement ouverte comme un clin d’œil du ciel. Page : 32/32
Bibliographies
Bibliographie et documentation: Documents Assomption, Nécrologe (V) 1991-1993, p. 136-138. Assomption-France, Nécrologie, années 1992-1993, 296-29.8. Lettre du P. Matthieu Tchoutoura au P. Wilfrid Dufault, Belgrade, 16 octobre 1958. Du P. Matthieu Tchoutoura, dans les ACR, correspondances (1947-1960).