Religieux de la Province de Bordeaux.
Une vie éprouvée par la guerre.
Nicolas Lharidon est né le 4 août 1883 à Landudal, dans le canton de Briec (Finistère). Il est l’aîné d’une famille qui comptera 12 enfants. Il fait ses études primaires à Langolen et s’emploie ensuite aux travaux agricoles de la ferme familiale. Déjà très bricoleur, il fabrique des chaises pour ajouter aux ressources du foyer. Il n’aime ni les bruits ni les fêtes profanes, apprécie le soir de pouvoir s’adonner à quelques lectures de livres de piété et se passionne pour la vie des saints qu’édite en feuillets la Bonne Presse. Il est appelé à la caserne à 19 ans et passe le temps de sa vie militaire à Bordeaux (Gironde). Nicolas est également une recrue vocationnelle du P. Marie-Auguste Leclerc, célèbre pour ses tournées en Bretagne d’où il revient, accompagné de nombreux enfants et jeunes. Le 2 février 1908, Nicolas commence son noviciat de frère convers à l’alumnat du Bizet (Belgique), sous la direction du P. Damascène Dhers. Le temps du noviciat se passe surtout à l’entretien du jardin. En fait c’est en 1910 que le Frère Nicolas commence réellement un temps de noviciat canonique à Louvain, durant cinq mois. En novembre de la même année, il est de l’équipe fondatrice à Ascona en Suisse et là-aussi il se dévoue au soin du jardin jusqu’à la mobilisation générale en août 1914. Il prononce ses premiers v?ux à Ascona, le 2 février 1911. Une grave blessure au mollet droit le fait, après quelques mois au front, retourner sur Nice pendant une année. De 1915 à 1918, on retrouve le Frère Nicolas à Ascona, puis de 1918 à 1928 au noviciat de Notre-Dame de Lumières (Vaucluse) où le noviciat assomptionniste a pu se reformer en France. C’est à Lumières qu’il prononce ses v?ux perpétuels, le 23 novembre 1918. En 1921, le voilà une nouvelle-fois fondateur,
à l’alumnat de Poussan (Hérault). En 1924, il est envoyé à Melle (Deux-Sèvres), communauté qu’il ne va plus quitter jusqu’au jour de son décès accidentel, survenu le 6 janvier 1950. Ce jour, fête de l’Epiphanie, vers 18 h. 15, après avoir servi le Salut du Saint-Sacrement, le Frère Nicolas rentre de commission en poussant une brouette. Il est arrêté sur le chemin, dans la nuit, par un ami, dit le petit Tessier, un nain, M. Tessier, qui aide le Frère dans la distribution des revues de la Bonne Presse. lis sont surpris par les phares d’une voiture qui arrive sur eux par derrière et les fauche. Le chauffeur du véhicule ne peut s’arrêter que 20 mètres plus foin. M. Tessier meurt sur le coup, son corps est retrouvé déchiqueté. Le Frère Nicolas est pris en écharpe, il a une jambe brisée. Mais également projeté contre le pare-brise, il a le crâne défoncé avant d’être rejeté dans un fossé. Le P. Alcime Trémelot, alerté le plus vite possible, consate que le Frère est dans le coma. Il meurt peu après et est inhumé à Melle, avec le concours sympathique et attristé de la population.
Portrait du Frère Nicolas.
Le P. Alcime Trémelot brosse un portrait très chaleureux de son confrère décédé accidentellement: « Le Frère Nicolas, toujours effacé souriant et souriant, s’est toute sa vie donné aux autres. On ne peut que faire l’éloge de sa vie, lui qui était si humble. Depuis 2-5 ans, il se dévouait à Melle, régulier, pieux, zélé et travailleur. Sacristain attentif et soigneux, il présidait à la bonne marche des cérémonies. Il était aussi jardinier avec, à sa charge, une grande surface à entretenir pour le bien de la communauté. Il connaissait à la perfection la taille et la gredde des arbres fruitiers. Egalement bon relieur, cordonnier et menuisier, fin cuisinier, toujours ingénieux en toute chose, il ne manquait pas de cordes à son arc. Tout le monde sait aussi qu’il affectionnait la collection de timbres, son passe-temps favori. Il passait même pour une autorité en la matière et il se faisait un grand plaisir à procurer ainsi de petits profits à la communauté. Mais ce qui lui tenait le plus à c?ur, c’était l’apostolat de la Presse, sa part à lui. Si la Donne Presse trouvait partout de tels propagandistes, elle serait aux nues: 167 Pèlerins, 30 Croix du Dimanche, 400 Almanachs (il en vendit jusqu’à 600). Il allait de maison en maison, connaissant tout le monde et personne n’osait rien refuser à M. Nicolas. Il se faisait même crieur sur la place du marché pour les romans et les autres livres de la Donne Presse. Cet apostolat nécessaire portait ses frères. Melle, dans son désert religieux, dite Chine du Poitou, reste une oasis de chrétienté ».
Bibliographies
Bibliographie et documentation: Lettre à la Famille, 1950, n° 93, p. 23. Lettre-circulaire du P Izans, Provincial de Bordeaux, 19 janvier 1950. Du Frère Nicolas Lharidon, dans les ACR, quelques correspondances écrites du front pendant la guerre (1914-1915).