Noel (Pierre-Antoine) BESSE – 1901-1975

L’aide de la Fraternité
Sacerdotale.
« Comme vous me l’avez demandé, je m’empresse de vous exposer le cas du
cher P. Besse. Nous l’avons accueilli pour la 3ème f ois, il y a plus d’un
an déjà dans notre maison de retraite de Gargenville, cette fois sortant du
Collège Stanislas, conduit par M. le Promoteur lui-même. En le recevant,
nous avons pensé
rendre service à l’archevêché de Paris et au cher Père lui-même qui était
dans une grande
misère. Ce Père a pu subvenir aux frais de sa pension pendant un certain
temps, mais depuis le dernier trimestre 1948, la chose lui est impossible,
il n’a plus
rien. C’est votre Maison Généralice qui m’a renvoyé à vous, son Provincial.
Nous ne pouvons garder gratuitement les confrères, nous n’avons aucune
caisse à cette fin. Si vous ne pouvez prendre en charge ses frais de
pension, nous aurons le grand regret de le congédier. Depuis qu’il est chez
nous, le Père nous donne entière satisfaction.
Il est édifiant, pieux, régulier. Il a beaucoup de talent et pourrait
rendre de bons services. Nous souhaitons lui voir reprendre du
ministère quelque part. Pour cela il a besoin qu’on lui soit favorable …
»
Du P, Lapointe au P. Provincial,
11 avril 1949.

Religieux de la Province de Paris.

Les premières années à l’Assomption.

Pierre-Antoine est né le 19 juin 1901 à Tulle (Corrèze). Après des études primaires achevées à Rodez (Aveyron), il part avec son frère aîné Paul à l’alumnat de Vinovo (Italie) de 1913 à 1919. Admis au noviciat de N.-D. de Lumières le 9 octobre 1919 sous le nom de Noël, il prononce ses premiers vœux à Saint-Gérard le 10 octobre 1920. Il passe une année de service militaire à Kcenigsberg (1921), puis est envoyé au corps d’occupation française en Orient et peut être affecté comme professeur au séminaire de Koum-Kapou (1922-1923). Libéré, il fait ses études de philosophie à Taintegnies (1923-1925) et de théologie à Louvain (1925-1929). Fr. Noël est admis à la profession perpétuelle le 21 novembre 1926 et est ordonné prêtre le 9 juin 1929 à Louvain. Professeur à l’alumnat de Poussan (Hérault) en 1929-1930, il passe au collège de Sens (Yonne) de 1930 à 1931, puis à Clairmarais de 1931 à 1932. Nommé surveillant à l’orphelinat d’Arras en 1932-1933, le P. Noel est affecté à Davézieux (Ardèche) en 1933- 1934, puis à Perpignan en 1934-1935, enfin à la paroisse de Montmirail. A énumérer ces obédiences successives, année après année, on pressent que cette instabilité couvre des difficultés nombreuses: ce jeune religieux ne donne satisfaction nulle part. C’est un artiste, musicien, peintre, pour lequel le professorat méthodique, laborieux est une gageure intenable. Sans être génial ni talentueux, il a le sens du dessin et de la couleur. Il peint pour la chapelle de Lormoy les 14 stations du chemin de la Croix; pour le réfectoire des religieux à Perpignan, il représente une cène et un Christ en croix. Il aime les reproductions artistiques des grandes œuvres. Il se fournit en livres d’art, en disques, en appareils coûteux de toutes sortes:

par besoin d’argent, il se met à voler avec une forme d’inconscience inquiétante. Un soir de novembre 1937, il quitte Montmirail, laissant à son supérieur, le P. Eucher Marquant, une lettre où il affirme que ‘sa conscience l’oblige à rentrer dans le monde qu’il n’aurait jamais dû quitter’.

La vie du ‘Fils prodigue’.

Pendant douze ans (1937-1949), malgré deux retours momentanés suivis de nouvelles fuites, le P. Noël, religieux fugitif, vit d’expédients, ayant affaire à la police et à la justice jusqu’au jour où, réduit à la contrition par la misère et la maladie, il vient à résipiscence et implore auprès du P. Général à la fois son pardon et son retour dans la Congrégation Le P. Quenard, une fois réglées toutes les affaires canoniques, autorise son admission à Lorgues (Var). Pendant trois ans, de 1950 à 1953, le P. Noël soigne sa santé délabrée et entame une sérieuse conversion. Alors le Provincial le confie au P. Emmanuel Vivien, supérieur aux Essarts, lequel le prend en charge, ne le laissant jamais oisif et lui fixant un horaire de travail suivi. Pendant six ans (1953-1959), le P. Noël repeint en grande partie la maison. En communauté, c’est un homme silencieux, très effacé, charitable, se montrant conciliant: ‘Il faut être passé par où je suis passé pour savoir ce qu’est la dévotion à Marie’. En 1959, il devient vicaire du P. Hooghe à Montlhéry (Essonne) puis du P. Coulet, accueilli avec une fraternelle compréhension. Pendant huit ans, il ne se fait remarquer que par son dévouement (1959-1967).

Chanac, la dernière demeure.

En 1967, le P. Besse a 66 ans. On estime qu’il peut encore rendre de grands services à Chanac (Lozère). Mais le vendredi 17 mars 1972, circulant en vélomoteur en direction de Marvejols, pris d’un malaise, le P. Noël tombe dans un fossé rempli d’eau. Relevé par le boucher de Chanac, soigné à Mende mais affaibli, il perd peu à peu la mobilité. En 1974, le P. Noël Besse est pleinement rétabli dans ses droits au niveau de la Congrégation. Le 19 août 1975, il est à nouveau hospitalisé à Mende. Il perd l’usage de la parole et il s’éteint le jeudi 18 septembre 1975. Les obsèques ont lieu à Chanac le samedi 20 septembre 1975, célébrées par le P. Pélégry assisté du P. Hamelin. L’inhumation s’est faite au cimetière de Vals où reposent à cette date 16 religieux décédés dans la maison du Christ-Roi, ex-alumnat transformé en résidence de repos.

Bibliographies

Bibliographie : Documents Assomption, Nécrologe (1) 1975-1980, p. 18. Notice sur le P. Besse par le P. Vandepitte, 3 pages (pour Paris-Assomption).