Religieux français.
Un enfant du Quercy.
Pierre Cance est né le 21 juillet 1876 à Espédaillac dans le Lot, au diocèse de Cahors. Il part faire ses études de grammaire à l’alumnat de Miribel-les-Echelles (Isère) de 1888 à 1891, puis ses humanités à Brian dans la Drôme, de 1891 à 1893. Il entre ensuite au noviciat de Livry (Seine-Saint-Denis) où il reçoit l’habit le 11 août 1893 sous le nom de Frère Noël. Selon la coutume, il repart en septembre de l’année suivante se former aux joies de l’enseignement comme professeur à Miribel où il achève en même temps sa seconde année de noviciat. Le 12 août 1895, il prononce ses vœux perpétuels à Livry. Il part ensuite pour Rome accomplir le cycle de ses années d’études ecclésiastiques pendant quatre ans (1896-1900): il y décroche les grades de docteur en philosophie et de bachelier en théologie. C’est à Rome qu’il est ordonné prêtre le 1er juin 1901. Il y développe aussi ses dons et ses goûts musicaux: le P. Noël est un virtuose de l’ocarina, ce petit instrument populaire à vent, de forme ovoïde. Il y parfait également sa connaissance pratique des langues italienne et espagnole.
Au vent de la dispersion.
L’époque est celle de la dispersion forcée des religieux. Il obtient l’autorisation d’un induit de sécularisation pour rester en toute légalité sur le soi français et se met au service de son diocèse d’origine où il est chargé quelques années d’un doyenné, après le départ forcé du Breuil en 1903 (Deux-Sèvres). De 1903 à 1906, il connaît la situation de beaucoup de religieux isolés dans des tâches de ministère paroissial. Dans quelles circonstances rejoint-il alors le P. Ignace Druart en poste à Bordeaux (Gironde)? Nous l’ignorons. Ce dernier avait réussi à maintenir
Vœux pour l’Assomption.
«Je ne dois pas laisser passer cette fête de l’Assomption sans venir vous offrir les vœux d’un fils très attaché et très soumis. A Constantinople, je n’ai pu vous voir que quelques minutes et pourtant j’aurais eu tant à vous dire. J’espérais comp1éter à Lourdes, mais il faudra que je reste ici dans mon recueillement pendant que les autres prêcheront et prieront. Vous m’aviez recommandé de ne pas rester longtemps à Bordeaux dès mon retour. Suivant vos conseils j’ai pris trois jours pour faire ma malle et je suis allé me reposer auprès de ma mère qui durant le pèlerinage avait été mourante. Une fois bien rétabli des fatigues du pèlerinage, je suis arrivé à Montpellier. Je n’ai pas voulu prendre le service des Sœurs avant qu’un mot de votre part me le permit, car il y avait un religieux en fonction et le remplacement brusque au milieu de l’année ne pouvait avoir 1ieu sans très vive amertume de sa part. Je vous remercie donc de n’avoir jusqu’ici rien écrit d’officiel au P. Thomas [Darbois] au sujet de mon occupation. Vous avez évité ainsi une humiliation au P. Laity et à moi l’obligation de le contrarier ».
au P. Bailly, 14.08.1913.
Notices Biographiques A.A et même à développer dans la capitale bordelaise les nombreuses œuvres qui étaient nées autour de l’Alhambra dans la dernière décennie du XIXème siècle. Le P. Ignace souffrait beaucoup de sa solitude forcée et connut cette joie plusieurs années avant sa mort en 1913, d’initier son compagnon aux œuvres multiformes d’un apostolat très vivant: Association de Notre-Dame de Salut, aumôneries des Dames du Sacré-Cœur, des Enfants et Apôtres du Salut, de l’Oeuvre du Pain de Saint Antoine, patronage des jeunes Gens, couvre du Théâtre chrétien, Ligue de l’Ave Maria, Oeuvre de la Bonne Presse, Catacombes, grotte de Notre-Dame de Lourdes… La présence bordelaise du P. Noël totalise environ cinq années. De là il est envoyé à Montpellier en 1911 où l’Assomption s’est également implantée de façon discrète l’année précédente en 1910 grâce au P. Edmond Bouvy, un vétéran du Midi. Le P. Thomas Darbois, supérieur en 1911, réussit à trouver un pied-à-terre plus communautaire, rue Bonnard, où le rejoignent provisoirement et successivement les PP. Artémon Serin, Aymard Faugère, Marie- JJoseph Laity et Régis Serine. C’est à Montpellier que le P. Noël Cance va se dévouer aux ardeurs de l’apostolat pendant trois ans (1912-1915), faisant fonction la dernière année de supérieur intérimaire, la mobilisation d’août 1914 ayant vidé les couvents de ses jeunes effectifs. Homme modeste, simple et affable, le P. Noël exerce une grande influence apostolique dans cette ville où Mgr de Cabrières protège les religieux.
Une fin très rapide et prématurée.
Tuberculeux, le P. Noël se donne avec une grande énergie à son ministère jusqu’à ses derniers jours. Au cours d’une conférence en faveur des blessés de la guerre, en octobre 1915, il est surpris par un refroidissement. Très vite, le P. Noël a le pressentiment d’une issue fatale. Il demande les derniers sacrements, met de l’ordre dans ses affaires avec beaucoup de calme, trouve la force de dicter une dernière lettre à sa vieille mère et meurt sans agonie aux premières heures du 2 décembre 1913. Il est à l’aube de ses quarante ans. Le P. Noël est inhumé à Montpellier.
Bibliographies
Bibliographie et documentation: Lettre à la Dispersion 1915, n° 278, p. 437; n° 280, p. 453-454; n° 284, p. 474- 476. Notice nécrologique du P. Noël Cance par le P. Marie-Alexis Gaudefroy. Circulaire du P. E. Bailly, n° 93 (février 1916). Les ACR contiennent une quarantaine de correspondances du P. Nôel Cance (1900- 1915).