Norbert (Francois-Norbert) CLAES – 1884-1939

De la comédie à la pénitence.

« Le jeune Norbert, ne parlant que flamand, arriva à Taintegnies en 1897,
où l’on
ne parlait que français. Pour se confesser, à l’aide d’un dictionnaire, il
faisait un exercice de thème! Mais au bout de six mois, comprenant tout, il
n’était pas le moins bavard. Pendant les vacances de 1898, on improvisait
le soir des séances récréatives. Un jeune Anglais, débarqué à
cette époque, participait à son tour sans comprendre. Il riait de bon cœur,
croyant sans doute que l’amusement était l’assaisonnement du souper pour
faciliter la digestion. Surpris un jour de classe à baragouiner pendant les
charges avec son camarade, les deux bavards eurent comme pénitence à dîner
à genoux au milieu du
réfectoire. Comme au réfectoire, l’Anglais n’avait pas compris l’algarade,
son compagnon lui fait signe de prendre son couvert et de le suivre. Le
premier mangea sa pitance, étonné du silence persistant et se demandant
pourquoi cette comédie ne faisait rire personne. On eut beaucoup de mai à
lui faire comprendre la différence entre pénitence et comédie ». Souvenirs
du P. Norbert.

Religieux belge, provincial de Belgique- Hollande (1929-1937).

Un modèle d’Assomptionniste pèlerin.

François-Norbert Claes (1) est né le 19 octobre 1884 à Tremeloo, dans le Brabant belge, au diocèse de Malines. Admis à l’alumnat belge de Taintegnies en septembre 1897, il y reste jusqu’en octobre 1901. Il passe ensuite un an à Clairmarais (Pas-de-Calais) de 1901 à 1902 et achève ses études à Taintegnies aux vacances de 1904. Il entre alors au noviciat de Louvain où il prend l’habit le 18 septembre 1904 et prononce ses vœux perpétuels le 18 septembre 1906 entre les mains du P. Benjamin Laurès. Il n’a que la cour à traverser pour passer à la maison d’études où il fait sa philosophie pendant trois ans (1906-1909). On l’envoie en Espagne, à l’alumnat d’Elorrio, comme professeur de sciences (1909-1911). Puis il s’en va à Jérusalem pour ses études de théologie (1911-1914), où il est ordonné prêtre le 17 mai 1914 mais d’où il est expulsé par les Turcs. Menacé d’internement à Edesse, il préfère la solution d’embarquement à Beyrouth sur un bateau italien, le Scilla, qui le dépose au Pirée d’où un navire grec le conduit à Brindisi. De là le chemin de fer le transporte jusqu’à Rome (3 janvier 1913) où il peut rester cinq mois. Le P. Emmanuel Bailly a la bonne idée de l’adjoindre au P. Louis-Antoine Verhaegen cherchant du renfort pour la fondation d’un alumnat à Boxtel. La guerre entrave les communications: de Paris, le P. Norbert ne peut gagner la Hollande, non sans risques, qu’en transitant par l’Angleterre.

Enseignant et provincial.

Le P. Norbert, désormais dans son milieu, se dévoue avec cœur et intelligence pendant 14 ans à Boxtel, d’abord comme professeur (1915- 1921), puis comme supérieur de 1921 à 1929.

Il fait construire le nouveau bâtiment de l’alumnat Sainte Thérèse. En 1929, il est choisi comme supérieur de la Province de Belgique-Hollande, érigée en 1923, le deuxième de son histoire après le P. Rémi Kokel. Il conquiert vite l’affection et la confiance de tous et il a la joie de travailler à la fondation de la Mission du Congo en 1929 et à la première implantation au Brésil. La Province de Belgique-Hollande compte à cette dernière date, sur son soi, huit communautés et résidences: la maison provinciale à Bruxelles, Sart-les-Moines, Taintegnies, Boxtel, Bure, Zepperen, Saint-Gérard, Haine-Saint-Pierre. En 1937, par suite de modifications et de transformations apportées aux maisons de formation, on en compte déjà 11 sur le sol belgo-holiandais, c’est-à-dire en plus de celles citées: Woluwe-Saint-Lambert, Kapelle-op-den- Bos, Louvain (maison de théologie commune pour les étudiants belges et hollandais) et les postes de missions crées tant au Congo (Béni, Mulo, Muhangi, Bunyuka, Mbingi, Motokoléa) qu’au Brésil (Alem-Parahyba) et même en France (Vieils-Maisons, dans l’Aisne). C’est dire le développement de cette province qui regroupe plus de 270 religieux en 1937 -sans compter les novices- dont de nombreux jeunes étudiants en maisons de formation (Louvain pour la théologie et Saint-Gérard pour la philosophie).

Démission et mort.

Par suite d’un état de fatigue grave et persistant, le P. Norbert se résout à demander sa démission en 1937, après avoir assuré pendant près de neuf ans le service du provincialat. Elle est acceptée avec regret pour lui permettre de prendre un long repos. Il se retire alors à la maison des Oblates à Froyennes (Belgique) où il trouve tous les soins nécessaires et où il peut rendre encore quelques services. Depuis le mois d’août 1939, il souffre beaucoup de maux de tète et de crise d’urémie. Il se met à perdre la vue. Hospitalisation et examens médicaux à Louvain ne donnent pas de changement notable dans son état de santé. Le Père Norbert rentre à Froyennes ‘pour continuer à souffrir’, selon son expression. C’est là que la mort vient le prendre et le délivrer à 55 ans, le jour de Noêl 1939, après les Vêpres. Les obsèques, célébrées par le P. Boniface Moitroux, aumônier chez les Oblates de Froyennes, se déroulent le 27 décembre. Le corps du P. Norbert est inhumé au cimetière de Taintegnies, dans la tombe des religieux. Le P. Norbert laisse à tous le souvenir d’une vraie paternité au service de l’Assomption tant belge qu’hollandaise.

Bibliographies

Bibliographie et documentation: Lettre à la Dispersion, 1936, n° 645, p. 226-228. Lettre à la Dispersion 1940, n° 814, p. 1; n° 816, p. 18-20; n° 821, p. 59-61. Assumptie, n° 2, mars-avril 1940, p. 26-28. Notice biographique par le P. Marie-Alexis Gaudefroy. Comme Provincial de la Province Belgique-Hollande, le P. Norbert Claes a laissé dans les ACR de nombreux écrits: correspondance, circulaires, rapports et notes sur les missions relevant de sa juridiction. (1) L’orthographe du patronyme du P. Norbert qui est retenue et à retenir, est celle ici employée, Claes, même si l’on trouve de nombreux documents sur lui, portant ‘Claess’.