Norbert (Louis Marius) CHARDON – 1912-1990

Nouvelles d’Aboissao.
« Le territoire desservi jusqu’ici par 5 religieux s’étend sur une
superficie de
8.000 km2 sur laquelle on peut dénombrer 130.000 habitants, vivant de pêche
sur les
lagunes, de cultures vivrières à l’intérieur et autres cultures coloniales:
café, cacao, palmistes. Cette région de Côte d’Ivoire est l’une des
premières connues par les
missionnaires, en 1657 déjà où des Capucins vinrent débarquer. Ils furent
suivis par les Dominicains en 1668. Bossuet fut même catéchiste
du prince Anabia, baptisé
Louis, le 1er août 1691. En
1895, c’est au tour des Missions Africaines de s’installer à Aboisso. C’est
en septembre 1958 que la Province A.A. de Lyon envoie dans cette localité
les PP. Louis Durget et Jean Robert, initiés par un Père Roze. Nous avons
pris en charge également les postes de Bonoua et d’Adiaké en 1962, la masse
de la population est païenne. Nous devons sillonner le pays à pied, à
bicyclette, en pirogue. J’ai une vieille 2CV qui s’enlise
souvent et disparaît à travers des troncs d’arbres pourris jetés dans les
marigots! La polygamie est courante, le divorce fréquent chez les Anis
».
P. Chardon, juin 1964.

Religieux de la Province de France.

Années de jeunesse (1912-1940).

Louis Chardon naît à Lyon dans une famille ouvrière, le 27 janvier 1912. De par ses origines, il se fait le défenseur de la justice, des petits et des pauvres. Il est scolarisé dans son enfance à Cuire (Rhône) et passe ensuite dans les alumnats de Saint-Sigismond en Savoie (1925-1928) et de Miribel-les-Echelles (Isère) de 1928 à 1930. Le 12 octobre 1930, Louis entre au noviciat de Scy- Chazelles (Moselle) sous le nom de Frère Norbert et y fait profession l’année suivante, le 13 octobre 1931. Son maître des novices, le P. Savinien Dewaele l’apprécie ainsi: « Frère Norbert n’est pas toujours responsable de certains mouvements d’humeur allant jusqu’à une sorte de révolte, il a eu de pénibles exemples en famille, un accès de fièvre typhoïde aiguë à Saint-Sigismond. Par tempérament, c’est un homme violent, mais il se corrige de ses emportements ». Les années de philosophie se déroulent également à la maison Saint-Jean de Scy-Chazelles (1931-1934). Frère Norbert accomplit une année de service militaire à Lyon (1934-1935). Il se rend ensuite à Rome pour trois années de théologie (1935-1938): il y prononce ses vœux perpétuels le 21 novembre 1938. Après son diaconat, il quitte Rome pour rejoindre la maison Saint-Augustin de Lormoy (Essonne) où il est ordonné prêtre le 26 février 1939. En septembre, la guerre est déclarée et le Frère Norbert est mobilisé en qualité de caporal- infirmier. Il passe l’hiver 1930-1940 « dans un pays assez agréable lorsque les pluies ne transforment pas habituellement les cantonnements en mares ».

Premières armes de vie apostolique (1940- 1952).

Le jeune prêtre, démobilisé, rend quelques services paroissiaux aux Etroits, dans un quartier populaire de Lyon. De janvier 1944 à l’été 1952,

il fait office de curé à la paroisse Saint-Joseph ‘hors les murs’ à Marseille où quatre religieux, deux Pères dont Marie-Georges Neusch et deux Frères, réalisent un beau travail de défrichement chrétien.

En Afrique, de 1952 à 1969.

En septembre 1952, le P. Norbert est nommé curé-doyen de Gabès et supérieur de la communauté (Tunisie): il y a alors une trentaine d’Assomptionniste en mission dans le pays, dont la moitié au collège de La Marsa, les autres dispersés en divers points de la ville de Tunis. L’un d’eux écrit: « Nous sommes à 405 km. de la communauté la plus proche. Notre territoire paroissial qui comprend presque la moitié de la Tunisie compte quinze dessertes ». Peu après s’y ajoutent les territoires militaires du Sud où l’un des vicaires assure l’aumônerie des ‘Joyeux’ de Médenine et de Tataouine. En 1958, le P. Norbert est aumônier du collège et des Petites Sœurs de l’Assomption, à La Marsa. L’année suivante, il part, premier supérieur, pour la mission d’Aboisso en Côte d’ivoire, érigée le 6 novembre 1959, où il reste dix ans.

Dans le Haut-Var (1970-1990).

Après un an de vicariat à la paroisse Saint-Jérôme de Marseille, le Père Norbert est nommé curé de trois paroisses rurales du Var: Besse-sur-Issole où il réside, Flassans et Sainte- Anastasie. Sa parole vibrante et chaude, son action et son dévouement marquent les populations de la région. Mais en 1984, il est obligé de se retirer à Lorgues pour se soigner. Pendant six ans, il continue à se cultiver par la lecture tant que sa vue le lui permet, puis par l’écoute de cassettes. Il reste curieux des nouveautés intellectuelles et pastorales. Il lutte jusqu’au bout contre la maladie, se déplaçant avec des béquilles puis en fauteuil roulant. Le 13 juillet 1990, après de longues souffrances, il s’endort paisiblement du sommeil de l’éternité. Les obsèques sont célébrées à Lorgues le 14 juillet et son corps est déposé dans le caveau de l’Assomption.

Bibliographies

Bibliographie et documentation: Documents Assomption, Nécrologe (IV), 1987-1990, p. 101-102. Assomption France, Nécrologie, année 1990, p. 178-179. Quelques nouvelles et chroniques de la vie apostolique et missionnaire du P. Norbert ont été publiées dans les revues de la Congrégation: Lettres à la Dis- persion, Lettre à la Famille.