Religieux de la Province de Paris.
Une vie abrégée.
Ulysse-Léonce-Aimé Leroy naît le 19 février 1886 à Blaringhem (Bord). Il est élève de l’alumnat de grammaire à Sainghin (Nord) d’octobre 1898 à septembre 1902 et de celui d’humanités à Taintegnies en Belgique, se septembre 1902 à mars 1903. Pour des raisons de santé, il doit interrompre le cours de ses études secondaires. Il termine sa scolarité classique au collège de Bailleul en 1908. Il entre au noviciat de Gempe où il prend l’habit le 1er novembre 1908, sous le nom de Frère Odon. Il y prononce ses v?ux annuels, le 1er novembre 1909, suivis de ses v?ux perpétuels l’année suivante, à la même date. Il passe ensuite à la maison d’études de Louvain pour ses études de philosophie et de théologie. Très apprécié du P. Léon Merklen qui doit quitter la direction du scolasticat en 1912, le Frère Odon est ordonné prêtre par le cardinal Mercier le 20 mai 1917, à l’âge de 31 ans accomplis. C’est la période de la première guerre mondiale et la santé du Frère, déjà précaire, est gravement compromise par le régime de privations qu’elle entraîne. On finit par obtenir à grand’peine des autorités militaires allemandes, maîtresses des lieux, que le P. Odon puisse être rapatrié en France. Avant de quitter Louvain, il fait l’effort de mémoriser tous les messages et recommandations des 80 religieux de la communauté qui lui confient intentions ou nouvelles pour la Congrégation, leur famille ou leurs amis: du fait de leur isolement, ils ne peuvent correspondre librement et le messager, ne pouvant emporter aucun papier sans être fouillé, se doit d’emmagasiner dans sa seule mémoire toutes les commissions à transmettre. Avec quatre autres compagnons dans le même état que lui, le P. Odon peut être acheminé, en passant par la Suisse, jusqu’à la station d’eau d’Évian-les-Bains (Savoie),
après un voyage de cinq jours! Il faut encore huit jours de démarches et de tracasseries administratives pour obtenir que les religieux puissent être autorisés à regagner une résidence assomptionniste. Le P. Odon et le Frère Marie-Jean Foket obtiennent enfin, non sans peine, de gagner Menton sur la Côte d’Azur (Alpes-Maritimes), le Frère Nicolas Sparfel parvient au noviciat de Notre-Dame de Lumières (Vaucluse) et les Frères Ange Bugaut et Gobrien Ledem sont dirigés dans leur famille pour y être soignés. En 1918, le P. Odon est envoyé à San Remo en Italie. De là, vers 1923 ou 1924, il est affecté à la communauté de Locarno en Suisse, revient à San Remo lorsque cette résidence est fermée. Il est enfin acheminé en 1927 à Lorgues (Var) qui est sa dernière résidence. Il y meurt de la tuberculose, le 10 juillet 1931, dans sa 46ème année. Il est inhumé au cimetière de Lorgues, le lendemain, 11 juillet.
Souvenirs sur le P. Odon.
« Le P. Odon ne pouvait, à cause de santé précaire, avoir une vie active. Et cependant, désireux de rendre service et de contribuer au bien des âmes, il résult de se consacrer à une vie de prière. Tous ceux qui l’ont connu durant les quinze ans passés successivement à Lumières, San Remo, Locarno et Lorgues, ont pu juger de sa persévérance en cette résolution . On le voyait à la chapelle les trois quarts de la journée, à des heures fixes. Que de grâces n’a-t-il pas obtenues pour notre Congrégation, car elle était le principal but de ses prières et de ses adorations. Le rôle de ce nouveau Moise priant pendant quinze ans n’a pas été soutenu sans opérer chez lui une grande sainteté de vie. Il attirait par son maintien modeste, son humilité, sa discrétion, son esprit surnaturel. Bien des religieux, conquis par ses vertus, lui confiaient la direction de leur âme. Très patient parce que très charitable, il venait au secours des malades démoralisés. Ne l’a-t-on pas vu durant plus de quatre ans passer ses récréations avec l’un d’eux dont la tête demandait secours. Le P. Odon ne peut inscrire à son actif des oeuvres retentissantes, mais je ne crois pas être téméraire en affirmant que par sa vie d’orant il s’est acquis une belle récompense au ciel et mérite notre admiration, pour ne pas dire nos invocations ». (1) (1) D’après le témoignage du P. Paul-François Béthaz, Lettre à la Dispersion, 1931, n° 400, p. 186.
Bibliographies
Bibliographie et documentation: Lettre à la Dispersion 1931, n° 400, p. 185-187; n° 402, p. 208. Echo de Saint-Maur, 1963, p. 16. Lettre du P. Odon Leroy au P. Merklen, Locarno, 16 mars 1924. Carnets du P. Merklen, 1942 (ACR: i 539, p. 88). Dans les ACR, correspondances (1910-1924).