Pasteur (Paul-Louis) DOSSAT – 1898-1973

Au service de la nonciature à
Paris, 1955,
« Voulez-vous avoir la bonté, le plus vite possible, car il doit être
impatient, d’aller trouver Mgr. Sensi, Observateur du Saint-Siège à
l’U.N.E.S.C.O., et lui dire que nous lui envoyons pour son secrétariat le
Père qu’il nous a demandé. Ce Père est le Père Pasteur Dossat qui va très
bien maintenant, après l’alerte sur son état de santé (dont il n’est
peut-être pas nécessaire que vous parliez puisqu’il n’en
reste rien. Et après avoir vu Mgr. Sensi vous voudrez bien faire savoir au
Père Dossat, à Lorgues, où il attend avec impatience, quand il doit venir
dans votre communauté et se présenter à la nonciature.
Si Mgr. Sensi était absent, informez-vous de la date de son retour et au
besoin de son adresse pour lui écrire. Je vais répondre incessamment au P.
David [Lathoud]. J’ai écrit au P. Provincial de Bordeaux
[Denis Geffroy] qu’il veuille bien envoyer au P. Point la lettre
d’obédience du P. Pasteur pour son affectation à l’UNESCO. à Paris ».

P. Wilfrid Dufault au P. Point, Rome, le 3 mars 1955.

Pasteur (Paul-Louis) DOSSAT

1898-1973

Religieux de la Province de Bordeaux.

Un jeune orphelin.

Paul-Louis Dossat naît le 2 juillet 1898 à Saint- Quentin de Baron, en Gironde petite commune située à quelque 20 km. au sud de Libourne. Les 8 enfants de la famille restent très vite à la charge du père, Augustin Dossat la mère, Mathilde née Mathieu, meurt très jeune. C’est pour cette raison que Paul- Louis se trouve en 1911 sous la garde de sa grand’mère, à Thermes-Magnoac (Hautes-Pyrénées). Elle prend la responsabilité du départ de son petit-fils pour l’alumnat d’Elorrio en Espagne (1911-1914). Plusieurs vocations pyrénéennes doivent leur recrutement au P. Victor Duquesne, religieux un peu redouté des alumnistes d’Elorrio, devenu en 1916 missionnaire au Chili. À l’époque Elorrio abrite grammairiens et humanistes qui peuvent déjà prendre l’habit religieux. Paul-Louis Dossat fait ses humanités de 1914 à 1916, à Ascona, sur les rives suisses du lac Majeur. Il commence son noviciat, à Notre-Dame de Lumières, près de Gordes, dans le Vaucluse, où il prend l’habit le 26 juillet 1916, sous le nom de Frère Pasteur. Il ne peut terminer l’année, car il est mobilisé à Melun (Seine-et-Marne) et reste sous les armes jusqu’en 1920. Blessé au cours de la guerre il passe sa convalescence à Saint-Quentin de Baron. Le retour à la vie religieuse est crucial pour beaucoup de soldats. Le séjour à l’armée forme un contraste trop violent avec la vie religieuse, un peu en serre chade, menée depuis les années de l’alumnat jusqu’en maison d’études. Le Frère Dossat, porté à l’introspection, s’analyse sans complaisance, peut surmonter l’épreuve à cause de sa franchise et de son ouverture. Le P. Jean de la Croix Laurent est pour lui comme pour d’autres de cette génération d’Ascona un directeur spirituel sûr dans lequel le Frère Pasteur trouve confiance, compréhension et impulsion dynamisante.

Le Frère Pasteur prononce ses premiers vœux, le 12 juin 1921, à Notre-Dame de Lumières. Il étudie la philosophie à Taintegnies (Belgique) de 1922 à 1924. Il poursuit à Louvain ses études de théologie (1924-1928). Il est reçu profès perpétuel à Louvain le 24 juin 1924 et il est ordonné prêtre, également à Louvain, le 29 juillet 1928.

Une vie apostolique, aux contours variés.

De Louvain, le Père Pasteur est envoyé au collège Saint-Caprais à Agen, au temps où les religieux se cachent encore sous l’appellation de Messieurs et où les communautés figurent dans la répartition missionnaire sous des noms de lieux ‘camouflés’. Le Père Pasteur fonde à Agen en 1932 une section de la D.R.A.C. (droits des religieux anciens combattants), mouvement dirigé par le général de Casteineau. Il est d’abord chargé au collège de la classe de 6ème, puis de la 4ème, mais toujours il initie petits et grands au chant grégorien et à la musique sacrée. En 1933, il tient compagnie aux PP. Tréhorel et Brunet, chargés de renflouer le collège Sainte-Barbe, rue Deville, à Toulouse (Haute-Garonne). L’année 1935 trouve le Père Pasteur au milieu des enfants de Cahuzac (Gers). De là il rejoint en 1937 la communauté Notre-Dame de Salut à Bordeaux-Caudéran. Vicaire pendant 10 ans, il est curé de 1947 à 1953. Entre temps, en 1939, il goûte à nouveau à la vie militaire à Montauban (Tarn-et-Garonne). Nommé supérieur de l’orphelinat de la Grande Allée à Toulouse en 1953, il en repart dès mars 1954, première victime de l’examen radiologique qu’il demande pour toute la maison. La radio décèle une tache pulmonaire anormale. Il faut l’éloigner des enfants et il va refaire sa santé à Thorene au sanatorium du clergé (Alpes-Maritimes) et à Lorgues (Var). En 1955, sa santé s’est suffisamment améliorée pour qu’il accepte le secrétariat à Paris du délégué du Saint-Siège près de l’UNESCO., tout en résidant à la communauté de la rue François ler. La fatigue le force à revenir à Lorgues en 1968, malgré les offres pressantes de la nonciature. Dans cette maison de repos, il sait s’occuper, lisant avec soin, le crayon à la main, exprimant par écrit ses sentiments d’approbation ou de désaccord sur l’actualité ecclésiale. Souvent inquiet et tourmenté, il cherche à s’abandonner aux voies mystérieuses de la Providence: « Quelle faveur d’être ici et de pouvoir prier! C’est d’ailleurs tout ce que je peux faire encore, mais ce n’est pas si mal. Je peux aider ainsi ceux qui travaillent et d’autres aussi. On n’est pas tout à fait inutile ». Il meurt le 28 novembre 1973, à Lorgues où le trouve inanimé dans sa chambre. Parmi les images de lui qui sont restées, on trouve ce portrait croqué sur le vif: Religieux digne et même solennel, à la démarche longue, le visage plutôt sévère, illuminé de sourires fugitifs, il rejette en arrière, d’un geste noble, son abondante chevelure. Pour tous il reste l’animateur incomparable de la chorale, passion de toute une vie.

Bibliographies

Bibliographie et documentation: B.O.A. mars 1974, p. 228. Notice biographique ‘Père Pasteur Dossat 1898-19731, non signée. Correspondances dans les ACR (1917-1954). Rapports de Toulouse (1953-1954). Notices Biographiques