Patrice ITIER – 1893-1914

Vêture.
« L’an de Notre Seigneur Jésus-Christ Mil neuf cent dix, le 6 mars, dans
l’église Saint- Augustin (maison d’études), le Révérend Père Pierre Fourier
Merklen, au nom et lieu du T.R. Père Emmanuel Bailly, Supérieur général de
la Congrégation des Augustins de l’Assomption, a reçu à la vêture le Frère
Patrice Itier, fils légitime de Pierre Itier et d’Elisabeth Pie, né à
Saint- Symphorien (Lozère) en France, diocèse de Mende le
21 juin 1893, après la double épreuve exigée par le décret Regularis
disciplinae et nos Constitutions.

Etaient présents les R. P P. François-Xavier Legrand, Séraphin Protin,
Arbogaste Neusch qui avec le susdit Frère ont signé.

Dans le couvent de Louvain, le 6 mars de l’année 1910:

signatures ».

Registre [ E 21], page 39,

Au dessous l’acte de profession des premiers vœux, l’acte de profession des
seconds vœux et celui de la profession perpétuelle sont vierges.

Religieux français, novice coadjuteur.

Une mémoire oubliée.

Patrice Itier n’a pas surchargé les mémorialistes de l’Assomption. On ne trouve sur lui aucun dossier personnel selon la norme établie pour chaque religieux dans les archives, ce qui est un cas, pour l’instant unique, des quelque 760 dossiers étudiés. Pourtant inscrit dans le nécrologe officiel de l’Assomption, il figure sous la brève mention: Fr. Patrice Itier, novice convers des Augustins de l’Assomption, mort à 21 ans, à Alès (Gard) [selon le relevé dans la revue de L’Assomption]. Grâce à une note que lui a consacrée le P. Merkien en 1941, nous avons pu retracer les grandes lignes d’un parcours humain et religieux fort abrégé.

Patrice Itier est né le 21 juin 1891 à Saint- Symphorien (Lozère), au diocèse de Mende (1). Il est le fils de Pierre ltier et de Elisabeth, née Pie. Il prend l’habit religieux à Louvain le 6 mars 1910, à 17 ans, en qualité de Frère coadjuteur. Il est décédé le 1er février 1914, à 21 ans, et est dit être inhumé à Alès (Gard). Comme il ne figure sur aucun registre de profession, il est difficile de savoir s’il a prononcé des voeux religieux. La note du P. Merkien, datée de 1941, permet au moins de dessiner la figure de ce jeune homme:

« Le 1er février me rappelle, avec l’anniversaire de leur mort, le Frère Patrice Itier et le Frère Jean Ceulemans. Je connaissais le premier quand il était alumniste à Vinovo (Italie) et qu’il écrivait au P. François de Paule [Blachère] (2), dont la famille s’était occupée de l’envoyer à l’alumnat. Brave enfant qui multipliait dans ses lettres les fautes d’orthographe, qui demanda à devenir Frère convers et mourut tout jeune, à l’âge où volontiers on quitte la terre pour le ciel ».

Nous avons vainement essayé d’en savoir davantage sur d’éventuelles traces écrites concernant ce Frère Patrice, en parcourant les pages des Archives du noviciat de l’époque, à partir de la seule date officielle que nous avons trouvée, la date de vêture du 6 mars 1910. Il y est simplement noté que « Le dimanche 6 mars [1910] nous avons l’adoration diurne. Le Très Saint Sacrement est exposé après la messe. A cause de l’adoration, la classe est supprimée, mais nous avons à sa place une répétition de chants. A 15h30 vêpres suivies de trois quarts d’heure de récréation. la conférence est supprimée afin d’avoir plus de temps pour préparer la fête de saint Thomas ».

Nous avons toute raison de penser que ce cahier d’archives, tenu par et pour les Frères de chœur, ignore ce qui se passe au noviciat des frères coadjuteurs. Nous avons eu un peu plus de chance en feuilletant le Registre du noviciat des Frères convers de Gempe et de Louvain (1907- 1927): l’acte de vêture du Frère Patrice Itier y est mentionné à la page 39. Comme c’est la seule pièce officielle de son état religieux, nous avons cru bon de la mentionner in extenso dans l’encadré ci-contre, à la première page. On y apprend au moins les noms de ses condisciples du jour: Frère Jean-Louis Floch (né en 1891, à Guengat dans le Finistère), Frère Gilles Caroff (né en 1891 à Tréflaouénan, également dans le Finistère), Frère Rémy Raison (né en 1881 à Saint- Gilles-les-Bois dans les Côtes d’Armor, décédé le 9 juillet 1910), Frère Aloïs Hoël (né en 1890 à Arras dans le Pas-de-Calais), Frère Octave Robin (né à Natoye, près de Namur, en 1872, ‘rentré dans le monde en 1914’), Stanislas Brevet (né en 1894 à Bains, près de Redon, en Ille-et- Vilaine).

(1) Saint-Symphorien est une petite localité de la Lozère, dans le canton de Grandrieu.

(2) Le P. François de Paule Blachère (1871-1950) est natif de Saint-Gilles du Gard. En 1910, il vit à Paris en isolé et en 1914 à Elorrio (Espagne). Or dans une correspondance qu’il adresse au P. Emmanuel Bailly en juillet 1914, parlant du décès de son père, M. Octave Blachère, le P. François de Paule demande l’autorisation de se rendre dans sa famille pour le règlement des affaires: «je vous demande la permission de partir pour Grandrieu (Lozère) », Ce rapprochement de lieux (Saint-Symphorien et Grandrieu) est en faveur d’une prise en charge finale du Frère Patrice par la famille du P. Blachère.

Bibliographies

Bibliographie et documentation: L’Assomption 1914, n° 206, p. 48. Notes du P. Merklen sur le Frère Patrice Itier (1941). Registre des vêtures (Gempe-Louvain). Lettre du P. François de Paule Blachère au P. Emmanuel Bailly, Elorrio, 19 juillet 1914.