Paulin (Henri-Théophile) FAIRISE – 1865-1932

L’embarras d’une Abbesse.
« Je me permets de m’adresser confidentiellement à vous mon père dans un
embarras assez délicat. Nous avons depuis
plus de 3 ans le P. Paulin comme aumônier. Or depuis les débuts, il s’est
toujours entouré de mystère quant à ses Supérieurs, nous laissant ignorer
jusqu’à présent leur résidence et laissant entendre qu’il dépendait du P.
Général. Par des échappées d’humeur çà et là, il nous a été facile de
comprendre qu’il s’était créé à lui-même cette sorte d’isolement. Il est
maintenant alité, souffrant de plaies variqueuses. Selon son habitude il se
soigne seul, à
tort et à travers. Je dois penser à un remplaçant, mais le P. Paulin se
cramponne à son poste. Nous pensions le placer à l’hôpital de Rambervillers
mais le Père se réfugie
derrière le prétexte qu’il ne peut s’y rendre sans le consentement de ses
Supérieurs. Dans ces conditions, nous ne savons que f aire. Notre tourière
est à
bout de patience et épuisée par les fatigues imposées à elle, à
la suite des nombreux caprices du malade. J’ose compter sur votre
bienveillant appui en
cette pénible circonstance ». Abbesse de Roville, février
1931.

Paulin (Henri-Théophile) FAIRISE

1865-1932

Religieux de la Province de Paris.

Du séminaire à l’Assomption.

Henri-Théophile Fairise est né le 14 février 1865 à Châtenois (Vosges), diocèse de Saint-Dié. Il commence ses études au petit séminaire de Châtel pour les poursuivre à l’Assomption, dans les alumnats d’Arras (1882-1884) et de Clairmarais dans le Pas-de- Calais (1884-1886). Il entre au noviciat d’Osma en Espagne le 15 août 1886, sous le nom de Frère Paulin. Il y prononce ses premiers vœux le 15 août 1887, mais fait sa profession perpétuelle le 15 août 1888 au collège de Nîmes (Gard) où pendant six ans il exerce les fonctions de surveillant (1887-1893), tout en se préparant au sacerdoce en étudiant la théologie. Il est ordonné prêtre le 7 août 1892 à Livry-Gargan (Seine- Saint-Denis) par l’évêque de Versailles, Mgr Goux. Son séjour en Espagne lui a permis d’apprendre la langue espagnole qu’il va mettre à profit, en se portant missionnaire pour la mission du Chili.

Les années chiliennes.

Le P. Paulin va servir 27 ans au Chili, principalement dans trois postes: 14 ans à Mendoza (1893-1907), 3 ans à Los Andes (1907-1910) et 10 ans à Santiago (1910-1920). Nous n’avons pas d’autres échos sur son activité apostolique en Amérique du Sud que quelques correspondances qui ont été conservées, dont celle du 28 novembre 1893: « En arrivant à Santiago à la chapelle de Notre-Dame de Lourdes, nous avons été stupéfaits de la beauté des ornements que les Chiliens y ont amoncelés tout est de si bon goût et porte au recueillement et à la prière. Nous sommes arrivés depuis peu, mais cela suffit pour nous former une idée du peuple chilien. Ce sont de braves gens, d’honnêtes travailleurs et profondément religieux. Je ne veux cependant pas en faire des saints, car ils ont leurs défauts,

par exemple de boire un peu plus que pour étancher la soif. Je n’ai vu qu’un de ces pauvres malheureux, encore était-il plein de repentir. En nous voyant, il se cachait la figure et demandait pardon de son scandale. A Santiago, Monseigneur nous a reçus avec la plus grande bonté. Puis j’ai dû quitter le P. Crispino [Esgueva] pour me rendre à Rengo avec le P. Marius [Peysson]. J’éprouve un véritable bonheur de me trouver au milieu de 10 alumnistes qui me rappellent l’alumnat d’Arras de Clairmarais et le collège de Nîmes. Ce sont de vrais alumnistes, dignes émules de nos chers alumnistes de France … ». En 1920, le P. Paulin rentre en France, pour raisons de santé.

Un religieux isolé.

Le P. Paulin est d’abord affecté à Scy-Chazelles (Moselle) de 1920 à 1921. Il devient ensuite aumônier chez les Oblates à Châtenay (Hauts-de-Seine), de 1921 à 1929. Il connaît une année de repos, de 1925 à 1926, partagée entre Paris quai de javel (XVème), Locarno (Suisse) et Lorgues (Var). En 1927 on le trouve aumônier chez des religieuses Bénédictines à Roville-aux- Chênes (Vosges), mais l’état de santé du P. Paulin impose à la Mère Abbesse une démarche auprès du P. Sérieix pour qu’il soit réintégré dans une maison de santé de l’Assomption. A partir de 1931, le P. Paulin est signalé comme résident à Lorgues. Au physique il est plutôt petit de taille, mais de forte taille avec un cou et une poitrine d’Hercule. C’est un compagnon doux de caractère, plutôt bienveillant, de sens pratique, bricoleur et peu spéculatif. Il entasse facilement dans sa chambre du matériel hétéroclite au point ‘qu’il est difficile à un confrère d’y poser un pied. Diabétique, il souffre d’artériosclérose. Il lui est difficile de résister à une boulimie contre-indiquée pour un régime alimentaire strict, surtout depuis qu’il est obligé de se déplacer en fauteuil roulant. Il meurt le jeudi 28 avril 1932, à Lorgues, dans sa 68ème année, d’un arrêt cardiaque que rien ne laissait prévoir la veille. Il est le 9ème religieux de l’Assomption à être inhumé au cimetière communal de Lorgues.

Bibliographies

Bibliographie et documentation: Lettre à la Dispersion 1932, n° 435, p. 105; n° 436 p. 115-117. Notice biographique par le P. Marie-Alexis Gaudefroy. Correspondances dans les ACR (1906-1928). Souvenirs 1894 n° 162 p.27-28 (extrait de la lettre citée). Notices Biographiques