Religieux de la Province de Paris. Etapes d’une vie. Pierre-Joseph Poujoule, frère du P. Marie-Léon (1878-1914) est né à Luc (Aveyron), le 20 juillet 1896. Il fait ses études secondaires à l’alumnat d’Elorrio en Espagne (1907-1912) et prend l’habit religieux au noviciat de Lùnpertsberg (Luxembourg), le 14 août 1912. Profès annuel le 15 août 1913, il prononce ses vœux perpétuels le 11 avril 1915. La guerre l’oblige à commencer sur place ses études de philosophie (1915-1917), de les terminer à Louvain (19181919) et Taintegnies (1919-1920). Il revient à Louvain pour les études de théologie (19201924) et y est ordonné prêtre le 27 juillet 1924. Le collège de Nîmes (Gard) est sa seule obédience, de 1924 à 1956: il y est professeur de cinquième et de quatrième, surveillant des grands élèves, préfet de discipline puis professeur dans les classes supérieures, après avoir obtenu à la Faculté de Montpellier (Hérault) une licence-ès lettres avec option de la langue et de la littérature espagnoles. Il meurt subitement le 31 juillet 1956, à 61 ans, à Enveigt (Pyrénées-Orientales), dans la communauté des Petites Sœurs de l’Assomption. Ses obsèques sont célébrées à Nîmes le 3 août suivant. Son corps repose dans la tombe de l’Assomption, au cimetière Saint-Baudile de la ville. Un professeur remarquable. Le P. Pierre-Joseph a le souci d’une préparation soignée de ses cours. Le mois de juin terminé, il remet sur le chantier les sujets à traiter pour l’année suivante. Il compose lui-même les thèmes des devoirs, lit beaucoup, non seulement les classiques comme Cervantès, son auteur préféré, mais aussi parutions récentes et revues d’actualité. Il corrige les devoirs sans retard. Le supérieur est sûr de trouver dès le jeudi soir, A.A jour de composition, les notes et copies des élèves. Il commence ses cours sans perte de temps. Son enseignement est clair, précis, vivant. Il aime illustrer ses leçons à l’aide de cartes géographiques, d’images, de cartes postales, de caricatures, de coupures de journaux et de reproductions d’œuvres d’art. On connaît son sens de l’humour, léger, franc, pittoresque, mélange d’esprit attique et gaulois. Son ascendant sur les élèves et les professeurs relève de sa rigueur professionnelle et de son sens éducatif: toujours optimiste, ü cherche à tirer le meilleur de chacun, sans ménager sa peine. Un compagnon agréable et vivant. En communauté, le P. Pierre-Joseph se montre discret, serviable, heureux. Ami des fleurs et des plantes vertes, il se fait une joie d’entretenir le parc du Petit-Collège à ses moments de loisir. On apprécie le bon sens de ses observations dans les discussions. Les échanges de malices deviennent chez lui un feu roulant où chacun reçoit son paquet. Ce qui excite le plus sa verve, c’est le manque de naturel ou de vérité, la pose ou la prétention. Lui-même ne parle pas autrement qu’il ne pense, il aime entendre dans la bouche de ses confrères ce qui correspond à la vérité de leurs actes. De tempérament timide, sensible et nerveux, il s’est imposé une méthode enseignée au duc d’York, futur Georges VI, pour vaincre un bégaiement précoce: se taire jusqu’à ce que la langue se délie. D’une grande bonté, il manifeste sa sensibilité et ses attentions plus par des actes que par des paroles. Sur le plan de sa vie spirituelle, on lui trouve la droiture de celle d’une fondatrice d’Ordre qui exprimait ainsi sa voie: mon chemin est celui de la charrette qui traverse les ornières sans éclat, sans gloire, mais de façon continue comme le chemin du devoir. Pendant 5 ans, il assure une messe matinale à l’église Saint-Paul et pendant 26 ans il célèbre l’Eucharistie dans la communauté des Petites Sœurs de l’Assomption où il se rend à pied par tous les temps. Il prend part à leur apostolat dans les milieux pauvres, soulageant bien des misères matérielles et morales, régularisant bien des unions et des situations précaires. Pendant les vacances, il rend un service de suppléance pour l’aumônerie des Petites Sœurs à Paris, fréquente la Bibliothèque Nationale en vue d’une préparation de thèse. Pendant une dizaine d’années, sa terre d’élection est la Cerdagne, à Enveitg, dans une communauté P.S.À. Tout en s’occupant de la charge de l’aumônerie, il se perfectionne en langue espagnole, traduit des livres et donne des leçons, tout heureux de remettre, à son retour, à l’économe, le gain de son travail de vacance. Longtemps conseiller dans la communauté de Nîmes, il entretient les rapports les plus francs et les plus chaleureux avec les différents Supérieurs qui apprécient son respect, sa loyauté et son esprit d’obéissance. Peu exigeant, le P. Pierre-Joseph vit pauvrement, distribuant souvent ce qu’il a reçu, occupant volontairement une chambre exposée au Nord-Est où n’entre aucun rayon de soleil pendant l’hiver, mais refroidie par le Mistral. Le Supérieur glisse-t-il une paire de snow-boots fourrés au pied de son lit, on les trouve bien vite aux pieds d’un autre confrère. Il garde seulement une bonne canadienne qui lui est donnée à l’occasion d’un jubilé et qui lui permet ses visites tardives auprès des pauvres.
Bibliographies
Bibliographie et documentation: B.O.A. décembre 1957, p. 219. Lettre à la Famille, 1956, no 214, p. 114-115 et 1957, no 223, p. 17-20. Paris-Assomption, août 1956, no 46, p. 1-4. Maison de l’Assomption (Nîmes), octobre 1956, no 3, p. 1-8. Lettre du P. Pierre-Joseph Poujoule au P. Jude Verstaen, Nîmes, 26 octobre 1950. Dans les ACR, du P. Pierre-Joseph Poujoule, correspondances (1915-1950). Notices Biographiques