Pierre (Pierre-Léon) COULET – 1899-1986

Victime de sa bonté.
« Le P. Paul Charpentier vous a peut-être déjà entretenu d’une affaire
pénible qui me concerne, j’en avais moi-même dit un mot au P. Econome
Général. En
1957, j’ai présenté à un notaire de Montmirail un ex-frère convers,
Marie-Lucien Saudemont, que j’avais eu au noviciat des Essarts. Ce garçon
se disait victime des exigences de la Sécurité sociale qui lui a confisqué
jusqu’au paiement de ses redevances 1 million
500.000 francs. Je demandai au notaire de bien vouloir s’occuper de ses
affaires, lui disant que c’était un de mes anciens, un honnête homme. En
réalité le doux Marie-Lucien était devenu un autre homme et j’ai eu tort de
le croire et de lui prêter assistance trompé moi-même
par ses lettres de sympathie. Le notaire mis en confiance par m a
recommandation et par la façon dont se conduisait l’individu a négligé de
s’assurer par lui- même de la solvabilité réelle de Saudemont et il a
négocié des prêts pour environ 6 ou 8 millions. Ce notaire et sa femme vont
être ruinés, ils demandent que la Congrégation paye une partie de la dette.
Je suis désolé de cette affaire et de l’embarras que cause toute cette
affaire ». P. Coulet.

Religieux de la Province de France.

Un temps de formation étalé dans le temps et l’espace. Né à Montpellier le 11 août 1899, Pierre-Léon Coulet, après la communale, passe par les alumnats d’Elorrio en Espagne (1912-1915) et d’Ascona en Suisse. Son noviciat commencé le 4 août 1917 à Notre-Dame de Lumières (Vaucluse) dure 8 mois: il est interrompu par le service militaire (avril 1918-avril 1921). Le Frère Pierre recommence un second noviciat à Saint-Gérard en Belgique où il est admis à prononcer ses premiers vœux le 26 avril 1922: « Le Frère Pierre est revenu raffermi de ses trois ans passés à la caserne. Il n’a rien perdu de ses qualités, il mérite toute confiance comme piété, intelligence et esprit surnaturel, il remplit très bien le rôle de socius au noviciat, sauf parfois une pointe de vivacité dans ses relations avec les Frères ». Le Frère Pierre étudie la philosophie à Taintegnies et la théologie à Louvain où il est ordonné prêtre le 29 juillet 1928. Il est devenu profès perpétuel le 26 avril 1925.

Enseignement, noviciat et ministère paroissial. Pendant 18 ans le P. Pierre est nommé dans les maisons d’enseignement, professeur et préfet de discipline au collège de Sens (1928-1932) et de Perpignan (1932-1946). Le collège de Sens, fondé en 1894 par les Pères de Saint-Edme ou de Pontigny, est pris en charge par l’Assomption de 1925 à 1932. Les religieux de cette congrégation de Saint-Edme, fondés en 1843 par l’abbé Jean-Baptiste Muard, devenu en 1850 abbé fondateur de La Pierre-Qui-Vire, ont connu le même sort que l’Assomption après 1900. Partis en Angleterre et en Amérique du Nord, ils croisent à nouveau l’ histoire de l’Assomption en 1925: la branche anglaise de cette congrégation qui a fondé le collège d’Hitchin passe à l’Assomtion.

En France, les Pères de Saint-Edme ne reprennent pas leur ancien collège de Sens, mais en 1947 les bâtiments de l’ancienne abbaye cistercienne de Pontigny (Yonne) pour un collège franco-canadien. On sait qu’en 1954 les lieux ont été repris comme siège de la Mission de France. Pendant cinq ans (1946-1951) , le P. Pierre est chargé de la formation des novices aux Essarts (Seine-Maritime) où il fait également fonction de supérieur en 1947. De 1951 à 1960, il devient supérieur et curé-doyen de Montmirail où les Assomptionnistes sont arrivés depuis mai 1929. Doublé d’une journée des vocations, le jubilé des 25 ans de présence est célébré le jour de l’Ascension, 27 mai 1954 par le P. Gervais Quenard, assisté de Mgr Vuccino. Le soir, au théâtre de la ville, on représente la pièce de T.S. Eliot, ancien élève de Pontigny, Meurtre dans la cathédrale qui évoque la période des évêques anglais persécutés par Henri Il Plantagenêt (Thomas Becket, Etienne Langton et Edmund Rich). Le P. André Hooghe, successeur du P. Pierre à Montmirail en 1960, est témoin de ses goûts musicaux: « je trouve le P. Coule£ dans une salle paroissiale, en train de diriger un petit orchestre. Il fait taire les violons pour me présenter aux paroissiens, fraternellement, chaleureusement, ne laissant rien paraître de ses regrets, quoi qu’il lui en coûte. Il est estimé à Montmirail, je m’en aperçois plus tard dans les conversations ». Le P. Pierre, compromis dans une affaire financière où l’on a abusé de sa bonne foi, doit quitter Montmirail. Il est nommé à Montlhéry (Essonne) où il est apprécié pour ses dons liturgiques. Durant l’été 1961, un groupe de Compagnons bâtisseurs vient restaurer et désencombrer l’église. En 1967, l’évêque de Versailles confie la paroisse de Montmirail au clergé séculier. Le P. Pierre passe au service des paroisses de Linas et Leuville, à proximité, où on lui connaît le même zèle. Rattaché à la communauté de Longpont, on aime recevoir ce religieux fraternel, enjoué et dynamique. En 1975, il est nommé à la communauté de la rue Sainte-Perpétue à Nîmes (Gard). Il se consacre à des services de ministère comme remplaçant. Retiré à Lorgues (Var) en octobre 1979, il y passe six années paisibles. Il y meurt le 4 février 1986, à 87 ans. Ses obsèques sont célébrées le 6 février suivant, suivies de son inhumation.

Bibliographies

Bibliographie et documentation: Documents Assomption, Nécrologe (III) 1984-1986 p. 107-108. Assomption-France, Nécrologie n° 5, année 1986, p. 103-104. Les ACR conservent du P. Coulet ses rapports sur les Essarts(1947-1951), Montmirail (1951- 1960) et de la correspondance (1918-1951). Les nouvelles envoyées pendant le temps du service militaire (1918-1921) sont largement reproduites dans la Lettre à la Dispersion de cette époque.