Religieux d’origine bulgare de la Province de France.
Un enfant de Karagatch.
Tobief est né le 15 mai 1914 à Hambarli au diocèse de Plovdiv-Philippopoli en Bulgarie. Il est scolarisé à l’alumnat de Karagatch près d’Andrinople en Turquie, alumnat fondé en 1888 pour former de futurs missionnaires pour l’Orient. Mais peu à peu, du fait de la diminution des religieux, les études y sont moins poussées et c’est le travail manuel qui prend une grande place dans la vie des jeunes. Tobief, recommandé par le P. Humbert, est accueilli en France en 1931 au postulat à Scy- Chazelles (Moselle): P. Athanase Sage qui le présente le reconnaît ‘de caractère ouvert, dévoué, assez moqueur’. Devenu Pierre, notre jeune bulgare entre au noviciat en juin 1932 à Nozeroy (Jura): il prend l’option d’être religieux frère. Il est admis à la première profession le 6 juin 1933. C’est le 8 décembre 1936, à Saint-Sigismond qu’il prononce ses vœux perpétuels.
Saint-Sigismond, Nozeroy et Valpré.
C’est l’alumnat de Saint-Sigismond qui est le premier lieu de son service, de 1934 à 1955. Il s’y montre homme de travail, homme de devoir et homme de fidélité. Etant dans la pleine force de l’âge, il se donne sans compter sa peine aux travaux du jardin, des champs et de la vigne, cherchant à produire au maximum pour subvenir aux besoins de cette maison. Pendant la guerre, de 1939 à 1945, les jeunes sont nombreux, l’appétit ne diminue pas et les moyens financiers sont faibles. On se souvient que le fr. Pierre se privait de sa portion de pain pour la partager chaque jour avec un enfant différent. Le soir, fourbu mais fidèle, il est fréquent de voir le Fr. Pierre égrener son chapelet en remontant dans sa chambre prendre du repos.
De 1935 à 1960, il retourne à Nozeroy: on a besoin au noviciat d’un religieux sur qui on puisse compter pour entraîner les plus jeunes frères, leur donner le goût et l’exemple du travail, de la régularité, de la fidélité religieuse … Fr. Pierre est apprécié pour ces qualités. En 1960, les noviciats des provinces françaises sont regroupés à Pont-l’Abbé-d’Arnoult en Charente- maritime (17). Pierre revient à Saint-Sigismond qu’il retrouve avec joie, sous la férule du P. Germain Filliol supérieur.
Depuis son départ de Bulgarie en 1931, il n’est jamais retourné au pays natal saluer les membres de sa famille. Il demande et obtient la nationalité française et peut ainsi, à partir de 1967, se rendre quatre fois en Bulgarie sans difficulté. On lui demande en 1971 de prendre soin du jardin et de la propriété de Valpré, à Ecully près de Lyon, ancien scolasticat assomptionniste de Lyon qui est en passe de devenir maison d’accueil. Mais ses forces déclinent et il commence à souffrir de la maladie de Parkinson, aussi en 1975 doit-il reprendre la route de Saint- Sigismond, maison de repos cette fois.
Les derniers jours.
C’est là qu’il vit ses dernières années, dans l’acceptation courageuse d’une maladie implacable, dans la souffrance et la prière. Il est d’abord hospitalisé au début de l’année 1982 à Chambéry, Il meurt à la maison de santé d’Albertville le mercredi 24 mars 1982. Il n’a que 68 ans. Les obsèques sont célébrées le 27 mars par le P. Dominique Bouverot, vice-provinvial de l’Est. Le P. Assen Karaguiosov, un confrère bulgare, dit avec émotion le mot d’adieu. Le Frère Pierre laisse le souvenir d’un religieux agréable, travailleur, à l’aise dans sa vocation. Calme de tempérament, il a porté dans sa prière fidèle la vie bouleversée de son pays, passé sous le joug communiste, et il a accompagné de son amitié et de son aide fraternelles le Frère Siméon Ionov, son compatriote, de tempérament parfois difficile dans la vie commune.
Bibliographies
Bibliographie : Documents Assomption, Nécrologe (II) 1981-1983, p. 43-44. A Travers la Province (Paris), avril 1982, n° 20, p. 13-14.