Régis (Joseph-Alexis-Régis) ESCOUBAS – 1901-1985

Reconversion d’un provincial.
« L’année de délai que la Curie a bien voulu m’accorder va s’achever [à
Barcelone]. Je vous avoue que j’appréhenderais beaucoup un long voyage en
direction du Chili. Si j’étais là-bas, je ne demanderais pas à revenir,
mais j’ai écrit au P. Guillemin d’envisager mon séjour définitif dans la
Province de Bordeaux. Le climat de Barcelone m’est défavorable: enflure des
pieds et des jambes, assoupissement invincible, nuits mauvaises, horaires
décalés … Je ressens une grand fatigue et une sorte d’abrutissement
continu. Je ne veux montrer aucune exigence, je propose un autre religieux,
plus jeune, pour la
charge de sous-prieur. Vous le savez, j’ai éprouvé de la peine devant
certaines nominations, mai s vous savez aussi que je me suis toujours
imposé un silence absolu sur les affaires de la Province: ce silence est
tout aussi dans mon cœur,
dans mes écrits que dans mes paroles. Je cherche à rendre service là où je
suis. Que
ferai-je en France? Pas grand’chose sans doute. Je n’ai été que supérieur
dans ma vie et cela ne prépare pas à grand’chose, mais je veux gagner mon
pain ».
Régis au P. Vargas.

Régis (Joseph-Alexis-Régis) ESCOUBAS

1901-1985

Religieux de la Province de France, Provincial de Bordeaux (1946-1949; 1950-1952) et d’Amérique du Sud (1953-1959). Un Pyrénéen au caractère trempé, au tempérament nerveux.

Benjamin d’une famille de 8 enfants, Joseph Escoubas est né le 4 août 1901 à Thermes-Magnoac (Hautes- Pyrénées). Il devient alumniste à Elorrio (Espagne) où il étudie de 1912 à 1915 et à Ascona en Suisse, de 1915 à 1917. Il entre au noviciat de Lumières (Vaucluse) où il prend l’habit le 4 août 1917 sous le nom de Frère Régis et où il reste jusqu’en 1919. Il y prononce ses premiers vœux le 8 septembre 1918. On remarque chez lui une volonté ferme, un cœur bon et droit, mais aussi un fond d’inquiétude qu’il est possible d’apaiser dans un dialogue de confiance. Le Frère Régis se rend au scolasticiat de Taintegnies (Belgique) pour les études de philosophie (1919- 1921), suivies des années de service militaire (1921- 1923). Profès perpétuel le 12 juin 1924, il accomplit à Louvain ses études de théologie où il est ordonné prêtre le 24 juin 1927. Très travailleur, de caractère agréable sans être très expansif, il est porté par nature à aimer l’enseignement: nommé professeur de 5ème à Saint-Maur (Maine-et-Loire) de 1927 à 1929, il passe à Melle (Deux-Sèvres) jusqu’en 1931.

Supérieur presque toute sa vie.

En 1931, les Supérieurs ont recours au P. Régis pour fonder l’alumnat de Cahuzac dans le Gers, dont il devient à 30 ans le ‘supérieur inamovible’ jusqu’en 1939. Démobilisé en 1940, il est nommé supérieur et maître des novices à Pontl’abbé d’Arnoult (Charente- Maritime). A l’automne 1944, il est supérieur du collège de Tarbes et mène rondement le rétablissement de cet établissement que le diocèse a confié à l’Assomption. Mgr Choquet entend en effet

redonner vie et notoriété à ce collège qui a été malmené et même fermé au moment de la Libération. De 1946 à 1949, le P. Régis est Provincial de Bordeaux. Homme plutôt directif et autoritaire, il préfère remettre sa démission en 1949 et partir comme volontaire à la mission du Chili d’où il est rappelé à Bordeaux en janvier 1950, remplaçant son propre successeur, le P. Marie-Noël Izans. Au terme de son second mandat de Provincial, relevé par le P. Denis Geffroy en novembre 1952, le P. Régis retraverse l’Atlantique en janvier 1953. La Province d’Amérique du Sud, depuis 1923 vicariat de la Province de Bordeaux, est érigée le 15 août 1953 et c’est encore au P. Régis que l’on confie pendant 6 ans (1953-1959) le gouvernement et l’animation de cette nouvelle structure. Toujours désireux de servir sa famille religieuse, le P. Régis part pour la Colombie. Il passe 3 ans à Cali, essayant de fonder un noviciat à Yumbo, tout en faisant un travail d’apostolat à cheval par des sentiers de montagne. La décision des responsables, notamment du P. Joachim Duret son successeur à la tête de la Province d’Amérique du Sud, de fermer Yumbo le blesse, même si l’expérience n’a pas été concluante, parce qu’à ses yeux un peu est mieux que rien. De 1962 à 1964, le P. Régis est supérieur de l’alumnat d’Olivos en Argentine. Il rentre alors en Europe définitivement. Il va passer 15 mois dans une communauté de Barcelone (Espagne) pour garder le contact avec un milieu hispanophone. Transféré à Bordeaux en juillet 1966, le P. Régis qui s’estime trop vieux pour vivre avec des jeunes, demande alors à vivre en isolé comme curé de la paroisse d’Anères dans la vallée pyrénéenne d’Aure et aumônier de Sœurs Franciscaines. C’est là son plus long poste puisqu’il y reste 19 ans, jusqu’à sa mort en 1985. Religieux décidé, exigeant pour lui-même et pour les autres, il a pû donner l’apparence d’une certaine froideur et inspirer à ses subordonnés une certaine crainte. C’est là l’envers d’un caractère trempé, sensible, d’une capacité de travail étonnante, ce qui le rend soucieux d’une volonté de service sans failles et sans limites. Il fait la demande expresse d’être inhumé à Anères, sa paroisse d’adoption. il y meurt le 8 août 1985, à 84 ans achevés. Il dort de son dernier sommeil au cimetière du village, dans la modeste tombe réservée aux prêtres de la paroisse.

Bibliographies

Bibliographie et documentation: Documents Assomption, Nécrologe (III) 1984-1986, p. 79-81. Assomption-France, Nécrologie n° 4, année 1985, p. 81-84. Lettre du P. Régis Escoubas au P. Vargas, Barcelone, 6 septembre 1965. Les ACR contiennent de nombreux documents autographes du P. Régis Escoubas: rapports de province, correspondances, circulaires provinciales, articles de revues, dossiers de maisons, visites canoniques… Notices Biographiques