Reinaldo (Bernard-Gérard) RIBBERINK – 1925-1995

Pinhal, 1969.

« J’espère que tu te portes bien. Le chapitre général sera déjà commencé,
ce qui doit provoquer pour toi travail et souci. Souhaitons que ce chapitre
réussisse dans l’animation de la Congrégation. La situation au Brésil n’est
pas rose. Pour ma part, je souhaite ne plus être conseiller. Combien de
fois a- t-on discuté de choses et rien ne se fait! Peut-être aussi
sommes-nous mal informés concernant toutes les rumeurs entendues. Je me
rappelle notre conversation lors de ta visite au Brésil. On voulait me
donner une fonction administrative. Aujourd’hui,
en conscience, je me verrais dans l’obligation de refuser,
car je me sens dépassé. Même au séminaire, on a cette impression. Au début
j’étais enthousiaste, mais maintenant je suis dégonflé. Le Vice-
Provincial, le P. Arnaldo,
aurait oublié d’emporter un exemplaire des points de vue et objectifs que
nous avons développés pour le chapitre général. Il serait bon que Rome
réfléchisse sérieusement au problème de la formation religieuse des jeunes
candidats. Je n’ai aucune idée concernant l’avenir. D’ici 15 ans nous
serons finis, mais nous n’aurons pas formé assez de Brésiliens pour nous
remplacer…».

Notices Biographiques A.A

Religieux hollandais de la Vice-Province du Brésil. Un temps de formation. Bernard-Gérard Ribberink est né à Tiligte, dans l’archidiocèse d’Utrecht, aux Pays-Bas, le 28 mai 1925. Il est dénommé Ben par sa famille et deviendra Père Pinhal, 1969.Reinaldo pour ses confrères. Après deux années d’études au collège des Pères Carmes à Oldenzaal (1937-1939), il achève ses études secondaires classiques à l’Ecole apostolique de Boxtel (1939-1944). Il fait son année de noviciat à l’Assomption, au noviciat de Hogeheide- Moergestel pendant l’année mouvementée 1944-1945 de la deuxième guerre mondiale. Il prend en effet l’habit à Bergeijk le 24 septembre 1944, sous le nom de Frère Renald, prononce ses premiers vœux à Moergestel le 25 septembre 1945, et passe à Bergeijk pour les études de philosophie et de théologie (1945-1947 et 1947-1951). Profès perpétuel le 25 septembre 1948, il est ordonné prêtre le 8 avril 1951. « Homme de bon caractère, très sérieux, un peu timide, sage dans ses pensées, objectif dans ses jugements, il est toujours prêt à aider. Il est très discret, dévoué, de santé robuste ». Un formateur En 1952, le P. Renald qui devient le P. Reinaldo part pour le Brésil et durant les premières années, il donne des cours au petit séminaire de l’évêché de Rio Preto. Mandaté par la Congrégation, il essaie de fonder un petit séminaire à Fernandopolis. Après un certain temps, on met fin à cette expérience. De 1960 à 1964, il étudie la pédagogie à l’Université de Campinas et en 1966, après ses études, il devient recteur du petit séminaire assomptionniste de Pinhal. Il remplit cette fonction jusqu’en 1972, puis il continue à enseigner au séminaire tout en assumant une responsabilité dans une paroisse. Fn 1979, il est nommé curé de paroisse dans la banlieue de Sao Paulo où, avec deux autres responsables de la formation, il accompagne les grands séminaristes. « J’ai eu la joie de travailler avec Ben à la formation à la prêtrise des jeunes du petit et ensuite du grand sén2inaire. Dès le début il s’est donné avec grand enthousiasme à la formation des jeunes à la vie religieuse et au sacerdoce. C’est pour mieux accomplir cette tâche qu’il redevient étudiant universitaire en pédagogie à l’âge de 35 ans. Sachant qu’il était au service de l’Eglise et de la Congrégation, il accomplissait sa fonction avec dévouement et responsabilité. Il étudiait les documents venant de Rome sur la formation des prêtres et provoquait des dialogues à ce sujet avec ses frères éducateurs. Mais à la fin il se décourageait et il se sentait même un peu mai à l’aise dans cette fonction. A.A Le départ de beaucoup de braves jeunes séminaristes le culpabilisait. Il pensait que les formateurs n’étaient pas assez convaincus de leur vocation religieuse, puisque leur façon de vivre n’attirait pas les jeunes. Ils manquaient de foi. Ben n’accusait pas les autres: lui-même battait sa coulpe et il en souffrait. Il se plaignait de maux de tête, ne dormait plus et il se mettait trop en question. Sa demande d’être nommé dans une très pauvre paroisse du Nord était à vrai dire une fuite pour cette responsabilité qui lui pesait trop et le rendait malheureux » (1). Religieux en paroisse. Les 12 dernières années de sa vie, Ben est curé de paroisse. Pendant les années 1984-1985, il est prêtre d’une paroisse extrêmement pauvre à la frontière de Bahia, nommée Jordania. Puis, en compagnie de Cornelio Van Der Kamer, il est responsable de la paroisse de Monte Siao où il meurt assez soudainement, le 12 juillet 1995 à l’âge de 70 ans. «Reinaldo était discret, timide même, mais lorsqu’il devait être présent, il y était avec fermeté et avec une ténacité agaçante parfois, surtout lorsqu’il s’agissait de construire des habitations pour les sans-abris. Il aimait les pauvres et parce qu’il les aimait, il pouvait tout supporter d’eux. Il s’occupait des soûlards et leur donnait des chances de refaire leur vie même pour ceux dont tous disaient que c’étaient des cas désespérés. Il ne se fâchait pas lorsque des pauvres le volaient. Ce sont de braves gens, disait-il. Nous ferons la même chose si nous n’avions rien à manger. Ben souffrait lui-même avec les pauvres qui étaient frappés par l’injustice, rendus malades par manque de soin ou par la drogue. Mais il tenait bon parce qu’il avait le don de se faire aider par de braves gens. Partout où il a travaillé, il laissait derrière lui une équipe de volontaires pour les oeuvres et longtemps après son départ, il tenait encore une correspondance avec ses anciens collaborateurs. Dans la prière il trouvait la force de considérer la vie comme un don, comme un défi aussi. Et c’est sa confiance en Dieu qui le rendait capable de répondre aux défis. Il était comme un arbre dont les racines trouvent une source d’eau qui assure la vie. Il avait ses racines de vie accrochées à la Parole de Dieu (1) ». Nombreux sont les gens qui ont assisté aux obsèques célébrées par l’évêque lui-même à Monte Siao. Après la cérémonie on a transporté son corps à Pinhal pour y être enterré. Là il y a d’abord un office funèbre à l’église paroissiale, présidé par l’évêque. L’église est archi-pleine. Le P. Reinaldo est inhumé au cimetière des religieux. (1) In memoriam, d’après le P. Fidelis Nulle.

Bibliographies

Bibliographie et documentation : Documents Assomption, Nécrologe (VI) 1994-1995, p. 107-109. De Schakel, october 1995, n° 4, p. 200-212. Unidos Na Assunçao (Brésil), agosto 1995, n° 6, p. 37-50. Lettre du P. Reinaldo Ribberink au P. Leander De Leeuw, Pinhal, avril 1969 (d’après la traduction du P. Louis Augustijns). Dans les ACR, du P. Reinalda Ribberink, trois correspondances (1952-1969). On doit au P. Emanuel Van Der Stappen un fascicule contenant une petite notice sur tous les As- somptionnistes défunts qui ont oeuvré au Brésil, de 1935 à 1997, soit, à cette dernière date, 277 Français, 1 Belge et 1 espagnol. Notices Biographiques