René (Pierre) NIGER – 1913-1937

Trait d’union.
« La Croix du mercredi 14 avril 1937 nous annonçait la mort, à Lorgues, du
cher Frère René Niger. Cette nouvelle, bien qu’attendue depuis quelque
temps déjà, ne laisse pas de nous être pénible. René fut le compagnon de
plusieurs d’entre nous au noviciat de Nozeroy où se déclara la terrible
maladie qui devait l’emporter (tuberculose). Une première année de soins
l’éloigna et lorsqu’il fut apte à reprendre la vie régulière, le noviciat
de l’Ouest était établi
à Pont-l’Abé d’Arnoult où il se rendit. Tout était nouveau
pour lui, frères, supérieur, maison. Il se remit rapidement aux pratiques
ferventes quelque peu délaissées, mais le mal qui faisait son oeuvre
intérieurement devait bientôt l’obliger à se retirer seul des
journées entières dans sa petite cellule. Novice, il se forma
dès lors dans la souffrance: connaissant son mal, il sentait bien que Dieu
désirait de lui une vie de pénibles épreuves. Il lui fallut de nouveau en
décembre 1934 quitter le noviciat pour retourner dans le Midi. Durant l’été
1935, on l’envoya dans la montagne à San Dalmazzo. Il fit en août
1936 le pèlerinage national à Lourdes. il en revint toujours couché, hélas,
mais rayonnant
».

Notices Biographiques A.A

Religieux de la Province de Bordeaux, profès in articulo mortis. Une vie fauchée par la maladie. Pierre Niger est né le 15 décembre 1913 à Trégunc, petit village du Finistère à trois ou quatre km de l’Océan, tout proche aussi de deux villes célèbres, Pont-Aven et Concarneau. C’est un village de pêcheurs et de marins de l’Etat. Son père est précisément marin-pêcheur, un petit métier de misère qui ne permet même pas une modeste aisance. Pierre vit son enfance au village: c’est un enfant de chœur gai, bon, franc et intelligent qui attire l’attention du vicaire, l’abbé Rannou lui-même ancien alumniste de Courtrai, du Bizet et de Taintegnies. Nommé directeur de l’école de Guissény, l’abbé Rannou y admet gratuitement pendant deux ans le jeune Pierre, devenu orphelin de père, qui manifeste son désir de devenir prêtre. Il entre à l’alumnat de Saint-Maur (Maine-et-Loire) en septembre 1928. Il est le compagnon des futurs Pères Jean-Michel Roudaut et François-Régis Loaëc. Doué, aimant l’étude, plein d’entrain, Pierre tient souvent la tête de sa classe. dans toutes les matières. En 1930, il fait la connaissance d’une troupe de scouts qui campent dans les bois de la propriété, il est enthousiasmé par le genre de vie à la fois instructif, pédagogique et distrayant du mouvement dont il retient pour sa vie les dynamiques devises. En 1931, l’alumnat de Saint- Maur est dispersé en raison d’une forte épidémie de paratyphoïde. De 1931 à 1932, il étudie à l’alumnat de Melle (Deux-Sèvres). Après une seule année d’humanités, il demande à rejoindre le noviciat de Nozeroy (Jura) où il prend l’habit sous le nom de Frère René, le 2 octobre 1932. En février 1933, un soir de promenade, il se sent fatigué et fiévreux. Une radiographie révèle une grave atteinte de tuberculose au poumon droit. Du fait de son caractère contagieux, Page : 59/59 le malade doit être éloigné. Il est envoyé pour un premier séjour à Lorgues (Var) et de là à San Dalmazzo, chez les Religieuses de l’Assomption. Le grand air et le soleil font espérer une guérison. Le Frère René demande à revenir au noviciat mais celui de sa province de l’Ouest ayant aménagé Pont-l’Abbé d’Arnoult depuis janvier 1934, c’est en direction de la Charente- Maritime que rendez-vous lui est donné pour mai 1934. Il se remet à la vie du noviciat avec un régime un peu assoupli pour ne pas perdre le bénéfice de sa guérison, mais au mois de novembre il prend froid à la suite d’une imprudence et doit s’aliter. Il retrouve Lorgues pour un deuxième séjour le 26 décembre 1934. Son état de santé jugé grave développe en lui la conscience d’une vie intérieure intense, attestée par de nombreuses notes de méditation retrouvées après sa mort. Le P. Faustin Gerbet l’accueille également à San Dalmazzo en novembre 1935. Un novice chilien dans la même situation que lui le rejoint en janvier 1936, le Frère Jean-Bosco Dager. En mai 1936, on le sait de nouveau à Lorgues où le médecin diagnostique une pleurésie purulente. Il se sait perdu et prépare les siens et les Frères de son année de noviciat à l’au revoir final. Il leur écrit en décembre 1936. « Après neuf mois de lit et de forte fièvre, je suis épuisé et il se trouve que je suis mûr pour le ciel. Oui, vado ad Patrem et je sens bien que cela ne tardera pas. Préparée à la mort depuis longtemps déjà, mon âme jouit d’une grande paix et d’une grande joie que je puise dans la vie d’union à Dieu, union que je vivrai bientôt pleinement et intimement. En attendant j’offre mes souffrances et mes prières pour ceux que j’aime, pour ce cher noviciat où j’ai reçu tant de grâces et où j’ai passé les plus beaux jours de ma vie, pour vous qui avez été si bons pour moi, pour le P. Portais Jain, pour le P. Salomon qui m’ont témoigné leur affection, pour mes anciens condisciples et les novices actuels afin quels atteignent leur idéal ». Le Frère René est accepté pour des vœux perpétuels prononcés in articulo mortis le lundi 12 avril 1937, jour de sa mort. Il n’a pas pu achever sa 24ème année. Le Frère René est inhumé à Lorgues. Page : 60/60

Bibliographies

Bibliographie et documentation, Lettre à la Dispersion 1937, ne 695, p. 141-143; ne 707, p. 240-248. Lilium (Cavalerie) , 1955, ne 2, p. 6-9; ne 3, p. 8-11 et ne 4, p. 13-14. Trait d’Union (Scy-Chazelles) avril 1937. Notice biographique par le P. Marie-Alexis Gaudefroy. Notices Biographiques