Robert GARCENOT – 1899-1973

Un rescapé.
« Voici quelques nouvelles du Frère Robert. Il est enfin sorti de l’hôpital
Saint-Joseph
[Lyon], le samedi 17 août. Je pense que ce sera définitif, car voilà deux
mois qu’il y
traînait. On peut dire qu’il n’a pas eu de chance. A la suite de son
opération, il y a eu des complications de toutes sortes, pas graves certes
mais excessivement longues. Ces derniers temps, il a fallu éliminer un
microbe qui ne se voit pratiquement jamais et
qui n’a été découvert que très difficilement. Enfin tout cela est fini et
le Frère est chez nous, mais dans quel état! Il a beaucoup maigri et il lui
faudra du temps pour se
remettre complètement. Nous pensions l’envoyer en convalescence chez sa
sœur, mais il n’a pas l’air d’y tenir. Il trouve que sa maison est mal
commode pour un malade qui a encore beaucoup de peine à marcher et surtout
que le pays est trop froid. Aussi dans quelques jours, nous l’enverrons a
Lorgues où il fait plus chaud et où surtout la maison est mieux
conditionnée pour un malade. Je ne sais pas si vous l’attendiez à Rome pour
la rentrée de septembre, mais sans vouloir me prononcer, je pense qu’il ne
pourra pas rejoindre son poste avant 3 mois ».

Robert GARCENOT

1899-1973

Religieux de la Province de Lyon.

Un fier bourguignon, liturge et cordon-bleu.

Né le 18 février 1899 à Marsamay-le-Bois, en Côte d’Or, Robert Garcenot grandit à l’ombre et au service de sa paroisse, y puisant le goût de tout ce qui peut donner de l’éclat aux cérémonies liturgiques: chants, décorations, reposoirs. De ses jeunes années il aime évoquer des souvenirs de facéties, sans doute enjolivées. Le 15 mai 1927, Robert prend l’habit à Saint-Gérard en Belgique. En bon bourguignon, il fête Saint Robert de Molesmes, le fondateur de Cîteaux, et non Robert Bellarmin. Après avoir prononcé ses premiers vœux à Scy-Chazelles (Moselle), le 17 mai 1928, le Frère Robert se rend à Lorgues (Var) où il va passer 15 ans, mais en 3 séjours ainsi répartis: 1928- 1934, 1943-1947, 1968-1973. Par ses diverses activités, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du couvent, il acquiert une certaine notoriété dont s’est fait l’écho une notice du bulletin paroissial de Lorgues, sous la rubrique ‘Figures lorguaises’. Son emploi principal est celui de cuisinier, mais le Frère Robert, profès perpétuel le 17 juin 1931, a beaucoup de cordes à son arc pour rendre à sa communauté divers autres services appréciables. Il trouve en outre le temps de se dépenser au service de la paroisse de Lorgues, dirigée alors par l’abbé Salomon qui, appréciant ses compétences d’organiste et son savoir-faire pratique, l’appelle sans sourciller son ‘vicaire’. A cette époque la communauté assomptionniste à Lorgues occupe encore une ancienne école des Frères de Saint-Gabriel qui y sont restés de 1841 à 1903, remplacés à cette dernière date par des professeurs libres laïcs jusqu’en 1914. C’est en 1922, après délibération et avis favorable de la municipalité, que l’Assomption y ouvre ‘un établissement secondaire pour la préparation aux missions étrangères’, sous la direction du P. Didier Nègre.

L’alumnat de vocations tardives fait suite à Vinovo (Piémont). En 1926, Lorgues cède la place à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis): la maison devient un havre de repos ou de convalescence pour Pères âgés et fatigués. Mais trop petite, elle est laissée au profit de l’ancien couvent des Clarisses-Capucines qui quittent Lorgues pour Clermont-Ferrand (1932). Mieux située, pourvue d’un vaste jardin potager et vignoble, la propriété est agrandie d’une pinède qui fait la joie des promeneurs et des amateurs de pétanque. Que dire du Frère Robert cuisinier? Le P. Jean-Robert Montembault, connaisseur dès ses ‘vertes années belges’ en matière de pots de cuisine, apprécie le Frère Robert, ancien pâtissier, qui fait mijoter le ‘bon esprit’ qui selon Ste Thérèse même, approuvée par le Père, dépend en grande partie, des fonds de marmites! Robert confectionne à l’occasion pets-de-nonne, saint-honoré et autres Brillat-Savarin sans quotidienneté hélas! En 1934, le P. Paul-François Béthaz fait venir le Frère Robert à Marseille pour animer le Foyer du Marin avec sagacité et dévouement. Son originalité ne fait pas défaut: sur l’incitation d’un député, ne va-t-il pas un jour d’élections se présenter au bureau de vote à plusieurs reprises et sous diverses tenues, en lieu et place d’une demi-douzaine de ses marins absents? Affecté au collège de Briey à l’entrée de la seconde guerre mondiale, le Frère Robert ne peut s’y rendre, il séjourne alors à Douvaine (Haute-Savoie), puis à la Procure de Lyon où l’on a grand besoin de lui. Lorgues le récupère bien volontiers en 1943. La maison épargnée par les bombardements et autres péripéties de la Résistance se doit d’élever une grotte de Lourdes dans le jardin. Le Frère Robert y travaille dare-dare et le 8 décembre 1945 on peut procéder à la bénédiction de l’œuvre achevée. En 1947, le Frère Robert part à Lyon, pour les travaux du secrétariat, de 1951 à 1954, au collège de La Marsa en Tunisie et, de 1954 à 1957 à la maison François 1er, à Paris. Il se rend ensuite en Italie à Florence, rue Borgo Pinti (de 1957 à 1965) et enfin à la maison génératice à Rome qu’il doit quitter en 1968 pour raison de santé. Malade, il subit une opération chirurgicale à Lyon au résultat médiocre. Transporté à Lorgues le 28 août 1968, il doit se soumettre à de pénibles soins. Une seconde opération à Marseille le prolonge de quelques années. Lui si actif connaît la réclusion. Le 21 février 1973, il doit être transporté à l’hôpital à Draguignan. Il souffre beaucoup et meurt le mardi 20 mars 1973. Ses obsèques sont célébrées le lendemain, mercredi 21. Il est inhumé à Lorgues dans un des loculi de la chapelle mortuaire de la propriété.

Bibliographies

Bibliographie et documentation: B.O.A. mars 1974, p. 230. Lyon-Assomption, juin 1973, n° 37, p. 9-11. Dimanche (hebdomadaire paroissial de Lorgues), 8 avril 1973, n° 14 p. 2 (article du P. A.M. Jubert). Dans les ACR, correspondances au sujet du Frère Robert Garcenot (1965-1968). Lettre du P. Rogatien Pellicier au P. Alfred Farne, Lyon-Debrousse, 21 août 1968 (au sujet du Frère Robert Garcenot). Notices Biographiques