Sauveur MAILLET – 1870-1907

Transport à Santiago.
« Vous avez dû recevoir, datant des premiers jours de notre navigation et
finalement de Buenos-Aires, plusieurs cartes postales qui vous indiquaient
la façon, dont notre voyage a débuté et s’est terminé. Nous n’avons qu’à
rendre grâce à Dieu, car de Barcelone à Santiago nous avons joui d’un temps
plus beau que nous n’aurions osé l’espérer. Le Patricio de Satrustegui ,
nous accueillait
le 3 novembre dans ses vastes flancs. Une foule d’émigrants déguenillés et
d’apparence minable s’y engouffraient au nombre d’environ 600. A ce chiffre
déjà imposant vinrent
se joindre à Cadix 800 autres émigrants que l’on entasse au petit bonheur
dans les entreponts et sur le pont, partout où il y a un petit espace
disponible de recevoir un corps humain sans préjudice pour la manœuvre.
Quel triste spectacle que celui de ces malheureux empilés dans une
révoltante promiscuité et auxquels personne n’adresse jamais ou presque une
parole de consolation. Quel beau champ d’apostolat pour un aumônier qui
aurait le feu sacré et l’occasion d’élever vers le ciel les pensées de tant
d’âmes qui n’en ont que pour la terre et une fortune certaine …. ».

Religieux français.

De Grenoble au Nouveau Monde.

Sauveur Maillet est né le 20 septembre 1870 à Grenoble (Isère) et entre à 26 ans à l’Assomption, après son service militaire accompli au 1er régiment des Hussards (1). Elève docile à Montfort (Yonne), de 1896 à 1898 (2), il se montre énergique au travail intellectuel comme aux tâches matérielles. De santé délicate, il supporte les rigueurs d’une vie plutôt spartiate commune aux maisons de vocations tardives de l’époque. Il prend l’habit religieux à Livry le 4 septembre 1898 et prononce ses vœux perpétuels à Louvain, le 15 septembre 1901 où il demeure pour ses études de théologie (3) et où il reçoit successivement tous les ordres. Ordonné prêtre le 18 mars 1905, il désire la vie missionnaire lointaine et est désigné pour le Chili. Il y arrive à la fin du mois de janvier 1906, plein d’une volonté de servir et confiant dans les directives de ses supérieurs. Après trois mois de séjour à Santiago, il est apte aux fonctions du ministère sacerdotale à l’asile du Salvador et à la chapellenie du Transito où il se rend chaque dimanche pour célébrer et où sa douceur et son indulgence sont vite repérées. Le P. Sauveur est ensuite envoyé en 1906-1907 à Los Andes (4), autre implantation missionnaire de l’Assomption au Chili, où il passe d’abord quelques semaines dans l’hacienda de Chacabuco. Il y assiste le curé de Santa-Ana, un prêtre de Santiago, un vétéran du ministère paroissial. Le P. Sauveur dessert la chapellenie de Vichiculen pour la cérémonie de la fête des Rameaux, mais au retour, il se sent pris d’une fièvre violente qui le contraint au lit. Descendu péniblement à la communauté de Los Andes, il occupe la cellule de son ancien condisciple de Montfort, le P. Aubain Villemur (5) qui est décédé dans cette même chambre un an auparavant, le 11 mai 1906.

La communauté est loin de se douter que la même issue fatale guette bientôt le P. Sauveur. Mais très vite une angine de poitrine est décelée et le médecin ne donne plus d’espoir de guérison. Le P. Sauveur meurt le 6 avril 1907, à 37 ans. Après la cérémonie des obsèques célébrées dans la chapelle de Los Andes, le corps du P. Sauveur est inhumé à proximité de celui du P. Aubin, comme deux frères unis pour la vie et dans la mort, ayant partagé le même esprit apostolique et les mêmes aspirations de vie missionnaire.

(1) Nous n’avons aucun autre renseignement sur l’enfance et la jeunesse du futur Père Sauveur Maillet. (2) Montfort est une propriété, à 4 km de Villecomtesse, près de Montigny-la-Resle (Yonne) que l’Assomption acheta en octobre 1894 pour y installer une maison de vocations tardives, placée sous le patronage de saint-Antoine de Padoue. Sa durée de vie n’excéda pas six ans (1894-1900). Elle fut placée sous la responsabilité de trois supérieurs successifs: le P. Bernardin Menthon, le P. julien et le P. Théodore Defrance. (3) D’après sa fiche de renseignements personnels, le parcours de formation du futur P. Sauveur Maillet est plus complexe.il commence sa formation philosophique à la maison d’études de Toulouse (Haute-Garonne), de 1899 à 1900, et ne passe à Louvain pour la théologie qu’à partir de l’ année 1900. La date de sa première profession, sans doute à Livry, par contre n’est pas notée. (4) La communauté de Los Andes en 1906 se compose de sept religieux. les PP. Bruno Delpouve, le P. Fernand Castel, le P. Vincent Chaîne, le P. Aubin Villemur, le P. Stanislas Bébert, le P. Bernard Delval et le P. Sauveur Maillet. La mission a été fondée le 12 janvier 1893 par le P. Thomas Darbois. (5) Aubin Villemur (1882-1906), également ancien de Montfort, novice à Livry en 1898, étudiant à Toulouse et Louvain, offre le même parcours que le P. Maillet. Avant de gagner l’Amérique du Sud, il enseigna une année en Espagne, à Calahorra (1904-1905).

Bibliographies

Bibliographie et documentation L’Assomption, 1907, no 126, p. 87; no 128, p. 119-120. Notice biographique par le P. Marie-Alexis Gaudefroy. Missions des Augustins de l’Assomption, 1907, no 135, p.100-101. Circulaire du P. Joseph Maubon, Santiago, 12 avril 1907. Souvenirs de voyage en Amérique par un anonyme, 1906. Du P. Sauveur Maillet, dans les ACR, quelques correspondances (1900-1906).