Siméon (Ivan Ivanov) IONOV – 1910-1990

Prière des jours à adoucir.

Bénis, Seigneur, ceux qui comprennent mon pas hésitant et ma main
tremblante.

Bénis ceux qui savent qu’aujourd’hui mes oreilles vont peiner pour
entendre.

Bénis ceux qui paraissent accepter ma vue basse et mon esprit ralenti.

Bénis ceux qui détournent les yeux s’il m’arrive de renverser mon café le
matin.

Bénis ceux qui ne disent jamais:’C’est la seconde fois de la journée que
vous racontez cette histoire’.

Bénis ceux qui ont le don de me faire évoquer les jours heureux
d’autrefois.

Bénis ceux qui font de moi un être aimé, respecté et non pas abandonné.

Bénis ceux qui devinent que je ne sais plus comment trouver la force de
porter ma croix.

Bénis ceux qui adoucissent par leur amour les jours qui me restent à vivre,
en ce dernier voyage vers la maison du
Père.

Religieux bulgare de la Province de France.

Curriculum vitae.

Ivan Ivanov lonov est né le 31 janvier 1910 à Oresch, près de Svichtovsko au diocèse de Nicopoli en Bulgarie. On ne sait rien de son enfance et de son adolescence, sinon qu’il se présente pour un temps de probation chez les Passionnistes, puis à Varna chez les religieux Assomptionnistes en 1933 pour s’initier à la vie religieuse. Le 3 mai 1939, il entre au noviciat de Nozeroy en France (Jura), sous le nom de Frère Siméon. Le 4 mai 1940, il prononce ses premiers vœux. Le P. Alix Gruffat, maître des novices, ne tait pas les défauts d’un caractère facilement emporté et batailleur, mais par ailleurs sérieux, ,résistant au travail, dévoué et d’une piété solide. Le Frère Siméon est admis à la profession perpétuelle le 4 novembre 1943. Il reste sur place à Nozeroy jusqu’en 1947. Il connaît ensuite différents postes dans les maisons de la Province de Lyon: l’alumnat de Scy-Chazelles (Moselle), de 1947 à 1952; l’orphelinat de Douvaine (Haute-Savoie), de 1952 à 1955-, l’alumnat de Saint-Sigismond (Savoie), de 1955 à 1959; l’alumnat Etienne Pernet de Vellexon (Haute-Saône), de 1959 à 1961; le scolasticat de Valpré (Rhône) de 1961 à 1965; Lorgues (Var), de 1965 à 1967 où il obtient la naturalisation française; Valpré une seconde fois, de 1967 à 1975; Chanac (Lozère) de 1975 à 1976 et enfin Saint-Sigismond, alumnat devenu maison de repos, de 1976 à 1980. C’est au terme d’un long séjour à la maison Claude Léger d’Albertville qu’il meurt le 29 mai 1990. Ses obsèques sont célébrées le 31 mai suivant

‘Un pauvre a crié, Dieu l’entend’.

Le P. Albert Heckel a su exprimer dans l’homélie des obsèques du Frère Siméon le contenu et la tonalité de cette vie écoulée dans une simplicité et une discrétion toutes évangéliques.

« On trouve le Frère Siméon jardinier au noviciat de Nozeroy. Il sera jardinier tout le temps de sa vie active. De forte constitution, il se dépense sans compter, mais aussi sans l’à-propos nécessaire quelquefois. Cela soulève quelques difficultés avec ses compagnons de travail ou, à l’occasion, avec les responsables des différentes maisons où il sert. Bien des communautés en effet bénéficient de son dévouement et de sa vigueur. Toutes ces maisons ont alors un jardin de bonne dimension et on y souhaite du rendement. Les revenus étant modestes, on compte beaucoup sur le savoir-faire des frères jardiniers. Le Frère Siméon en a conscience et paie de sa personne. Mais, de tempérament plutôt rude, un peu à l’emporte-pièce, il ne réussit pas toujours à faire apprécier son travail et sa peine à leur juste valeur. Caractère et santé s’en ressentent et l’empêchent d’être toujours bien à l’aise avec son environnement. Heureusement pour lui, il sait accepter une certaine plaisanterie qui cherche à le faire sortir de lui-même et à le faire réagir. Il trouve aussi dans son compatriote et confrère, le Frère Pierre Antonov une aide et une compréhension très fraternelles. Durant de longues années, il est éprouvé par la séparation d’avec son pays et les siens. La situation des pays de lEst, issue du deuxième conflit mondial et de la main-mise communiste, lui interdit longtemps tout retour en Bulgarie. Il ne peut s’y rendre qu’occasionnellement à la faveur d’un passeport français à partir de 1967. Ne dit-il pas à juste titre: ‘Maintenant je peux prendre un mois de vacances par an. Moi, j’ai trente années à rattraper’. Cette réflexion dénote une privation due à une rupture longue et éprouvante. L’âge et la maladie qui fauchent les rangs de sa génération, ajoutés à la détérioration lente mais progressive de ses moyens, n’ont fait que réduire des relations déjà fortement espacées. Pendant plus de quatre ans, le Frère Siméon à la maison Claude Léger (Albertville) est durement touché par les atteintes de l’âge et de la maladie. Bien soigné, bien entouré, il s’est adapté très simplement à la perte progressive de toute autonomie. La vie de communauté lui manque. En 1988, il lui faut renoncer à la satisfaction de venir s’y retremper les dimanches et jours de fête. Tributaire du fauteuil roulant, il s’enferme dans un mutisme de plus en plus complet. Sa foi profonde et simple lui permet de faire face aux difficultés et misères de la vieillesse».

Bibliographies

Bibliographie et documentation: Documents Assomption, Nécrologe (IV) 1987-1990, p. 96. Assomption-France, Nécrologie année 1990, p.170-172.