Simplicien (André-Charles-Pierre) MOREEL – 1872-1939

Zongouldak, 1907.
« Ecrivant de Zongouldak, je ne crois pas arriver trop en avance pour vous
souhaiter une bonne fête, avec un cœur d’enfant dévoué et soumis. La
communauté de Zongouldak aura pour vous un souvenir particulier et bien
filial le 25 décembre. Je ne sais si vous avez reçu ma dernière lettre dans
laquelle je vous entretenais du capital emprunté par la mission. Je
répète pour plus de sûreté le P. Alfred Mariage a emprunté à
un ouvrier de Zongouldak nommé Pierre Franghetti une assez forte somme.
Celui-ci réclame son capital depuis plus d’un mois. Je l’ai prié d’avoir
patience, lui
demandant d’attendre quelques jours. Pour les besoins de la mission, une
autre somme a
été également prêtée par un ouvrier, Laurenzo Cellante. Celui-ci comme
l’autre a besoin de son capital. Les deux sommes réunies s’élèvent
à 6.600 francs. J’ai exhorté à la patience mais ils n’en veulent plus. Je
l’écris aussi au P.
Louis [Petit] à Kadi-Keui pour l’informer. Le P. Joachim
[Bonnel] serait-il sur le point de partir au Chili? Je m’apprêtais à partir
avec lui en mission à Héraclée et à Candili. Sur qui faudrat-il que je
compte maintenant? Les Sœurs vont bien. L’ingénieur en chef est bien
disposé pour nous ».

Religieux de la Province de Lyon.

Le premier de la famille.

André-Charles-Pierre Moreel est le premier enfant de cette famille à embrasser la vie assomptionniste. Il est’né le 17 octobre 1872 à Bavinchove (Nord) où les parents sont ouvriers agricoles avant de trouver une place d’employés à l’alumnat de Taintegnies. Il passe par l’alumnat de Mauville (Pas-de-Calais), de 1884 à 1887 pour les études de grammaire, puis accomplit ses humanités à l’alumnat de Clairmarais (Pas-de-Calais), de 1887 à 1889. Il reçoit l’habit assomptionniste au noviciat de Livry (Seine-Saint- Denis), le 6 août 1889, sous le nom de Frère Simplicien. C’est à Jérusalem qu’il va achever le temps de noviciat, sous la direction du P. Joseph Germer-Durand. Profès annuel à Livry le 6 août 1890, il est admis à la profession perpétuelle le 6 août 1891 à Jérusalem. C’est dans la Ville Sainte qu’il fait ses études de philosophie et de théologie de 1891 à 1896, ces dernières achevées à Kadi-Keui (Turquie), de 1896 à 1897. C’est à Constantinople qu’il est ordonné prêtre par Mgr Bonnetti, le 8 novembre 1896.

Une vie au service de l’Orient.

L’année suivante, le P. Simplicien est nommé économe et professeur à la maison de Koum-Kapou. Il y reste de 1897 à. 1901, desservant en même temps la chapelle de secours de Sirkedji, près de la gare de Stamboul. Il est ensuite chargé comme supérieur de la mission de Zougouldak, sur les bords de la Mer Noire (1901-1908), puis il passe trois ans comme professeur au collège d’Eski-Chéïr (1908-1911) et trois autres années à l’école de Konia (1911-1914). En 1914, il revient en Occident et il est affecté à l’alumnat de Taintegnies en Belgique (1914-1919). La grande guerre l’y retient avec tous les soucis occasionnés par les combats et les différentes

occupations de la maison par les troupes. La maison subit d’ailleurs de très grands dommages puisqu’il faut la reconstruire après la guerre. Durant cette période il rend service comme vicaire à la paroisse. Après avoir passé quelques mois à Bure en 1919, le P. Simplicien retourne en Orient, d’abord à Konia (1919-1920), puis à Kadi-Keuï à partir de 1920, et dès qu’on peut le reprendre, à Zongouldak à nouveau. Très excentrée, la mission de Zongouldak demande de gros efforts et c’est très méritoire de la part du P. Simplicien de garder ce poste jusqu’à sa mort. Le 18 juillet 1939, le P. Simplicien arrive à Istanbul pour subir une opération urgente qu’il a d’ailleurs longtemps différée. Mais la nuit même de son entrée à l’hôpital français de la ville, il décède à l’âge de 67 ans, le 19 juillet 1939. Le corps du P. Simplicien est inhumé au cimetière d’Ouzaoun-Tchair. Partout où il est passé, le P. Simplicien a laissé le souvenir d’un religieux modèle, remplissant son devoir pastoral avec une grande conscience, un zèle discret mais toujours en éveil.

L’homme de Zongouldak.

« Puisque l’obéissance me remet à la mission de Zongouldak, après 16 ans d’absence, je crois que ma manière de faire avait quelque chose de bon. Je l’ai reprise complètement. Le contact avec les familles m’a été très facile. Ce contact, je veux l’avoir suivi, surtout avec les familles éloignées, perdues dans les montagnes et pour cela plus dignes de pitié. La reprise par nous de la direction de l’école produit bon effet. La mission en retire plus d’avantages matériels sans doute, mais surtout spirituels: nous avons plus d’influence sur les enfants et sur leurs parents. Nous nous sommes entendus le P. Delmas [Delmas] et moi pour faire les choses comme il faut. avec les pensionnaires pour la nourriture et le bien-être; avec les externes et les précédents, pour l’instruction et l’éducation morale. Je reste à l’hôpital ici. L’église paroissiale est le centre, mais je suis très souvent à l’école de Tchaïr-Damar ».

Lettre du P. Simplicien Moreel au P. Gervais Quenard, Zongouldak, 25 novembre 1924.

Bibliographies

Bibliographie et documentation: Lettre à la Dispersion 1939, n° 799, p. 441-442; n° 800, p. 449-450. Notice biographique par le P. Marie-Alexis Gaudefroy. Lettre du P. Simplicien Moreel au P. E. Bailly, Zongouldak, 12 décembre 1907. Dans les ACR, du P. Simplicien Moreel, rapports sur Zongouldak (1904,1927), correspondances (1903-1931). Présentation des lieux et des oeuvres de la mission d’orient: missions de l’Assompt:ion en Orient, OEuvres des Pères et des Soeurs oblates missionnaires de l’Assomption 1862-1924, Lyon, 1925, 128 pages et Pages d’Archives, mars 1965, n° 6 (Echos du Centenaire de la Mission d’Orient, Valpré 1963).