Théophile (Jan) ESSERS – 1912-1998

Bergeijk 1943-1949.

« Le P. Gondulphus Bovens est nommé supérieur.nous n’en sommes pas
enthousiasmés, car il entend remplir scrupuleusement sa tâche, ainsi pour
la question du tabac. L’alimentation fait problème: on fraude en inscrivant
quelques étudiants comme ouvriers de la ferme, ce qui donne droit à une
réduction de remise des grains. Le P. Bernulphus, en quêtant dans les
environs en octobre
1943, reçoit sur la tête un bidon de lait tombé d’un camion, ce qui lui
vaut 4 mois d’hôpital. L’électricité est rationnée: pour faire des
économies, on supprime l’adoration nocturne du Saint-Sacrement! Deux
Oblates viennent remplacer le Frère Bernardin à la cuisine. Cela ne change
pas le menu de tous les jours, choucroute, appelé ‘le danger vert’ à cause
du titre d’un film. Un jour des inspecteurs allemands, sans avertir,
entrent dans la salle d’étude des philosophes et voient au tableau la
caricature d’Hitler dessinée par le Frère Edvin Smeets. Celui-ci s’en tire
bien, sans doute parce qu’il a aussi caricaturé Churchill… La radio est
interdite. Nous avons livré le vieux poste à la mairie
et gardé deux bons en cachette! Emotion le 23 mai 1944, le couvent est
encerclé par 1000
S.S… ».

Théophile (Jan) ESSERS

1912-1998

Religieux de la Province des Pays-Bas.

Etudes secondaires.

Jan Essers est né à Driel, dans la région de Bétuwa, aux Pays-Bas, le 24 août 1912. Cette région lui restera toujours très chère. Cependant à l’âge d’à peine 12 ans, il entre au petit séminaire des Assomptionnistes à Boxtel pour commencer ses études secondaires. Ses études terminées avec succès, il fait connaissance avec le noviciat de Taintegnies en Belgique, en septembre 1930. Il choisit le nom de Frère Théophile comme prénom religieux et il le portera toute sa vie, sans changer. A cause d’une grave affection pulmonaire, il doit venir prendre un temps de repos à Lorgues (Var), dans le Midi de la France. Là, il fait l’expérience de la souffrance. Il prononce ses premiers vœux ‘ le 5 octobre 1932. Il peut poursuivre son parcours de formation: études de la philosophie au scolasticat de Saint-Gérard en Belgique, dans la région de Namur, suivies de celles de la théologie à Louvain. Etant un brillant étudiant, il suit avec intérêt les évolutions des courants dans la théologie. Il est ordonné prêtre à Louvain le 6 mars 1938.

Professeur convaincu.

Lors de l’invasion allemande en mai 1940, il se trouve enseignant l’histoire de l’Eglise à la maison de théologie de Louvain, tout en prenant des cours à l’Université de la ville. Après une fuite de plusieurs mois devant l’avancée des troupes ennemies et à cause des bombardements, il peut retrouver les Pays-Bas où il est nommé professeur à Bergeyk, dans la nouvelle maison d’études aménagée. Il enseigne d’abord l’histoire de l’Eglise et, à partir de 1942, la théologie dogmatique. Les anciens étudiants se rappellent certainement les nombreuses distinctions subtiles qui avaient cours à l’époque et qui trouvaient leur apogée dans le traité sur les anges.

Parfois le P. Thépohile met plein d’ardeur dans ses plaidoyers pour la vraie doctrine, parfois même son ardeur lui fait oublier son propre sens critique. Durant cette période, il sait prêter main-forte dans les paroisses de la Campine. Là aussi, comme plus tard à Nimègue et à Elst, il annonce avec la même ferveur la parole de Dieu. Il est le confident de beaucoup de personnes et l’humour ne lui fait pas défaut.

En pastorale à Nimègue.

En 1955, on demande au P. Théophile de collaborer, avec quelques confrères, à la fondation de la paroisse de Notre-Dame de l’Assomption à Nimègue. Il va y œuvrer avec beaucoup d’enthousiasme jusqu’à la fin de l’année 1968 et annoncer avec ferveur la parole de Dieu. Chaque supposé non-confornùste trouve en lui un ardent défenseur de la doctrine orthodoxe. Il n’est pas insensible aux mutations religieuses et sociales du temps, mais il est vrai que beaucoup de réalités ou traditions qui lui restent chères disparaissent dans le tourbillon de ces années de braise. A l’occasion de ses noces d’or sacerdotales, il a l’occasion de dire dans une interview, reproduite dans le journal de la Gueldre du 22 mars 1988, qu’il ne serait pas peiné de voir des laïcs formés assumer des tâches sacerdotales, mais il s’empresse d’ajouter: « Il ne faut pas que n’importe qui se trouve à l’autel! ». Avec quelques confrères, le P. Théophile a assuré en 1958 une sérieuse mission populaire à Amsterdam, au grand contentement du curé de la paroisse, mais les obligations de sa santé l’ont obligé de mener une vie plus calme. Au pèlerinage de Kevelaer (Allemagne), il rencontre le curé de la paroisse St. Werenfried d’Elst, qui cherche un prêtre auxiliaire. L’affaire est rapidement conclue. A la fin de l’année 1969, il est nommé à cette fonction. Il travaille à Elst jusqu’en 1984 et prend ensuite la charge des malades et des personnes âgées. Le souci des jeunes lui tient à cœur. Il sait se souvenir auprès de son public de son passé de malade, continuant à vouloir vivre sans bruit et en toute simplicité. Les derniers mois de sa vie ne lui épargnent pas le temps de la souffrance. Après une opération à cœur ouvert, sa circulation sanguine ne se rétablit plus très bien. Le 26 janvier 1998, le P. Théophile est transféré à la maison de soins Cunéra à Heeswijk-Dinther. Là il est soigné avec amour. La douleur ne le quitte plus, l’empêche souvent de dormir et le fatigue, mais aucune plainte ne sort de ses lèvres. C’est lui qui interroge ses visiteurs sur leur santé et prend des nouvelles des uns et des autres. Pour sa part, il se contente de répondre que cela va tout doucement. Avec patience et résignation, il poursuit son chemin de vie qui le prépare à la mort. Il meurt pacifié dans la nuit du 27 avril 1998. Après ses obsèques en l’église paroissiale de Lennisheuvel (Boxtel), il est enterré au cimetière des religieux dans le parc de Stapelen, à Boxtel, là où il avait commencé sa formation trois quarts de siècle auparavant.

Bibliographies

Bibliographie et documentation: Documents Assomption, Nécrologe (VIII) 1998-1999, p.25-27. De Schakel, juli 1998, n° 3, p. 133-145. Dans les ACR, 4 correspondances du P. Théophile Essers (1941). La revue De schakel (1964) comporte un article du P. Théophile sur Bergeijk pendant les années de guerre 1943-1949, article dont nous avons cité quelques extraits à partir d’une traduction du néerlandais faite par le P. Louis Augustijns. Notices Biographiques