Timothée (Pierre-Martial) LABIALLE – 1905-1976

Italuat, 1968.
« Je me dois de vous rendre la visite aux portes fermées de mon presbytère
et, de tout c?ur, je vous remercie de la bonté de votre geste. J’y ajoute
l’expression de mes souhaits
les meilleurs pour vous à toute la Congrégation, avec l’assurance de mes
prières. A nos âges, il manque un peu d’huile dans les rouages. On est pris
de vertige dans les vitesses trop rapides. Aussi je m’estime heureux de
faire acte de présence religieuse et catholique dans nos milieux ruraux qui
ont été toujours abandonnés. Je suis ici le premier vicaire résident et
dans la plupart des chapelles que je dessers il n’y avait même pas une
visite
mensuelle du prêtre, d’où les mariages civils seulement et la grande
ignorance religieuse. J’obtiens un gros succès de propagande avec la
projection audio-visuelle du catéchisme américain St-Jean: très beaux
dessins, très claires explications et comparaisons. Au lieu de compter les
présences à la messe par dizaines, c’est par centaines qu’il faut le faire.
Les protestants nous donnent ici
un exemple du bien spirituel réalisé par un pasteur résidant dans 1es
petits centres de l’intérieur. Ils n’ont pas d’instruction, mais un grand
zèle qui rend 1es groupes vivants ».

Religieux de la Province de Bordeaux, en mission au Brésil.

Un petit et solide Béarnais.

Pierre-Martial Labialle est né le 23 avril 1903 à Lescar (Pyrénées-Atlantiques), première capitale du Béarn, avant Morlaas et Orthez. A 11 ans, en 1916, Pierre franchit les Pyrénées et fait connaissance avec l’alumnat d’Elorrio en Espagne. En 1919, le P. Joseph Maubon décide de réserver la maison aux jeunes espagnols. Pierre se rend à Vinovo en Italie, à 15 km de Turin (1919-1921). Le 4 novembre 1921, sous le nom de Frère Timothée, Pierre prend l’habit religieux à Saint-Gérard en Belgique où il prononce ses premiers v?ux, le 5 novembre 1922. Il commence sa philosophie à Taintegnies (1923- 1924) pour la terminer ;à Saint-Gérard (1924-1925). Mobilisé de 1923 à 1926, il fait un stage à Saint-Cyr (Yvelines) et se retrouve sous-lieutenant à Toulouse (Haute-Garonne). C’est à Rome que le Frère Timothée va étudier la théologie (1926-1930). Profès perpétuel le 25 décembre 1927, il est ordonné prêtre le 19 avril 1930 dans la chapelle du séminaire du Latran. Il soutient brillamment sa thèse en théologie: La pensée de saint Augustin sur les Béatitudes. A Rome il connaît les derniers jours de l’Assomption à l’Ara Coeli et inaugure en 1927 le collège international, édifié sur les bords du Tibre, Tor di Nona.

Professorat.

Le P. Timothée est nommé à la maison des vocations tardives de Saint-Denis (Seine-Saint- Denis), de 1930 à 1931. Professeur de latin et de français, il est également aumônier au Carmel Louise de France et chez les Petites S?urs de l’Assomption à Batignolles. De 1931 à 1933 il enseigne à l’alumnat de Melle (Deux-Sèvres) où il se montre plus soucieux de formation que de bachotage.

Il s’astreint à rédiger pour ses élèves des monographies d’auteurs étrangers, anglais et allemands. En 1933, il accompagne un groupe de pèlerins répartis en 20 cars dont l’un verse dans un canal asséché la veille. Il faut extraire les occupants du car qui est en flammes. En août-septembre 1935, il participe aux ‘Semaines de Lormoy’, partagées entre temps de retraite et temps de conférences sociales. De 1935 à 1937, le P. Timothée enseigne à l’alumnat de Cavalerie (Dordogne). A partir de 1937, il y remplace comme supérieur le P. Alexis Chauvin parti au Brésil. De 1940 à 1945, il exerce les fonctions de supérieur à l’alumnat de Cahuzac (Gers). En 1948, à 43 ans, le P. Timothée, devenu professeur de morale au scolasticat de Layrac (Lot-et-Garonne), accepte à son tour de s’embarquer pour le Brésil, en compagnie des PP. Loaec, Pytko et Le Brazidec.

En mission au Brésil.

Dès son arrivée, le P. Timothée qui s’est mis avec ardeur à l’étude du portugais, prend en charge la paroisse de la Très Sainte Trinité à Rio de Janeiro. Sa grande préoccupation est la formation et l’encadrement chrétiens des masses. Le Brésil de l’époque compte déjà plus de 52 millions d’habitants où n’exercent que 6.000 prêtres. En 1954 il accepte la responsabilité d’une immense paroisse rurale à Eugenopolis et y crée le séminaire Notre-Dame de Lourdes. En 1956, il reçoit le titre de maître des novices pour pouvoir s’occuper des premiers candidats à la vie religieuse, cumulant les fonctions de supérieur, d’économe, de constructeur et d’enseignant. Intéressé par les questions de développement, il fait la preuve que des bambous peuvent croître d’un mètre par heure! En 1960, par la volonté du président Kubitschek, une nouvelle capitale, Brasilia, surgit sur les plateaux de l’intérieur. Le P. Timothée refait ses valises pour prendre la responsabilité de paroisses dans l’état de Goias: Quapo, Néropolis et Nova Veneza (1960- 1962). Le 14 mars 1961, le P. Timothée a la joie d’accompagner la profession des 5 premiers frères brésiliens. De 1962 à 1968, il revient à Eugenopolis. De 1968 à 1974, il accepte la responsabilité paroissiale d’Italva, la capitale du marbre. En 1974, il va remplacer à Patrocinio do Muriae le P. Jean Lieffring qui retourne en Belgique pour être soigné. Très affaibli, il subit plusieurs opérations chirurgicales, de mars à juin 1976, à la clinique Saint-Sébastien. Il meurt le 28 juin 1976. Ses obsèques sont célébrées à Eugenopolis le 29 juin. Les paroissiens d’Italva offrent le marbre pour recouvrir le caveau de l’Assomption au cimetière d’Eugenopolis. Un buste du P. Labialle est érigé dans le hall du collège Maria lmmaculata qu’il a fait construire. Une avenue d’Eugenopolis perpétue son nom.

Bibliographies

Bibliographie et documentation: Documents Assomption, Nécrologe (1) 1975-1980, p. 30-31. A Travers la Province (Bordeaux), septembre 1976, n° 243, p. 5-9. Lettre du P. Timothée Labialle au P. Wilfrid Dufault, 30 décembre 1968. Dans les ACR, du P. Timothée Labialle, correspondances (1929-1968), rapports et comptes sur Rio (1948-1953), rapports sur Eugenopolis (1954-1959).