Venance (Francois) GRUMEL
1890-1967
Religieux de la Province de Lyon.
Un Savoyard cosmopolite.
François Grumel naît le 23 mai 1890 à La Serraz, commune du Bourget-du-Lac en Savoie. Très tôt orphelin, il entame sa scolarité à l’orphelinat du Bocage près de Chambéry (1895-1902) avant d’entrer à l’alumnat de Notre-Dame des Châteaux (1902- 1903), transféré à Mongreno en Italie (1903-1905). Il accomplit ses humanités à Calahorra en Espagne (1905-1907) et Elorrio (1907). Sous le nom de Frère Venance, il prend l’habit assomptionniste au noviciat à Louvain (Belgique), le 11 septembre 1907. Il prononce ses premiers vœux le 1 septembre 1908, suivis des vœux perpétuels à Gempe, le 12 septembre 1909. Il part à Rome suivre les cours de philosophie à l’Angélique où il décroche une licence (1909-1911), fait ses premières armes dans l’enseignement à Elorrio (1911-1913). Il commence sa théologie à Jérusalem (1913-1914), achevées à Rome 1915-1916) et Fara Sabina (1916-1917). Il est ordonné prêtre le 16 mai 1916 et il est destiné à l’enseignement dans les maisons d’études de la Congrégation: à Bourville (1917-1919), à Taintegnies (1919-1920) et Kadi-Keuï (1920). Là, il trouve sa voie en s’adjoignant à ses confrères appliqués aux études orientales. Il signe ses premiers articles dans les Echos d’Orient sous le pseudonyme de Louis Serraz. Dès lors sa vie se confond avec l’Institut français des Etudes Byzantines qu’il suit à Bucarest (1937) et Paris (1957), en assumant les tâches de secrétaire de la revue, de professeur dans des grands séminaires inter-rituels. Chercheur, enseignant, collaborateur d’encyclopédies et dictionnaires spécialisés, il apporte des lumières décisives dans la chronologie des Patriarches de Constantinople. Il s’applique notamment à l’étude de la mesure du temps et des calendriers usités à l’époque chrétienne.
Pendant la seconde guerre mondiale, il réside à Layrac (Lot-et-Garonne), après quelques mois passés à Lyon-Debrousse, professeur de dogme, tout en continuant à s’occuper du secrétariat de la revue. De 1943 à 1944, il vit à la communauté de Saint-Denis, au nord de Paris et retrouve la capitale, rue François ler, de 1944 à 1967. Il meurt à l’hôpital Saint-Joseph à Paris le 13 août 1967 et il est inhumé le 17 août au cimetière Montparnasse, dans le caveau parisien de l’Assomption.
L’hommage d’un pair.
A l’occasion du jubilé d’or sacerdotal du P. Venance, le P. Vitalien Laurent, autre sommité scientifique de l’institut français des Etudes Byzantines, rend un hommage appuyé à son confrère: « Que de projets n’avons-nous pas formés, en circulant le jeudi dans la plaine historique de Chalcédoine! Sans y croire beaucoup, nous n’en doutions pas tout à fait. Ils devinrent si nombreux et si audacieux que le caustique P. Lathoud s’offrit un jour astucieusement pour en dresser le catalogue. Pouvions-nous faire moins que de rêver à d’impossibles réalisations, face à Constantinople, devant l’opulent panorama, l’un des plus beaux du monde, qui, tout le long de l’année, s’étalait sous nos yeux et qui, certains soirs d’été, à l’heure du soleil couchant, s’animait étrangement? L’œuvre scientifique du P. Grumel se recommande par le volume et la qualité. La liste de ses travaux dépasse en longueur l’ensemble des bibliographies jubilaires. Mais ce ne serait là rien ou peu si la valeur ne s’y ajoutait. La science, comme la philosophie, n’est vraiment grande que lorsqu’elle fait voir quelque chose de neuf ou se dépasse elle-même. Or, l’on compterait, parmi les centaines d’articles et mémoires sortis de sa plume, ceux qui n’ont pas précisé une date, mieux situé un événement ou fait progresser une idée. Les témoignages sont unanimes. Ils se résument dans cette phrase d’un professeur de l’Université de Rome: ‘La dette de reconnaissance contractée envers le P. Grumel, par tous ceux qui s’occupent de Byzance, est énorme’. Sa chronologie excite l’admiration de tous les spécialistes, qui peuvent suivre son aventure dans le dédale des calendriers et des ères de l’espace méditerranéen. Mais en ce temps d’œcuménisme, rappelons cet autre ouvrage fondamental que sont les Regestes des actes des patriarches de Constantinople. On a certainement là, avec les in-folios donnés par Mgr L. Petit à la collection des Conciles, de Mansi, le principal titre de gloire de l’Institut. Tout récemment, l’académie de Bavière, en mettant au concours une histoire politico-religieuse du patriarcal byzantin, les donnait en exemple. Qu’importent, pourrait-on dire, ces performances intellectuelles, alors que tant d’âmes se perdent! Pie XI me donna en 1937, par l’entremise du cardinal Mercati auquel j’avais confié mes doutes, l’ordre de poursuivre sur la ligne où nous étions engagés… C’est à la pointilleuse vigilance du P. Grumel que la revue doit une qualité plus haute …»
Bibliographies
Bibliographie et documentation: B.O.A. janvier 1968, p. 221-222. L’Assomption et ses oeuvres 1966, n° 548, p. 12-13. Catholicisme t. V, col. 318-319; D.H.G.E. t. XXII, col 436; Dictionnaire de biographie française, t. XVI, col. 1379. Correspondances dans les ACR (1914-1965) et articles dans Echos d’orient et L’Union des Eglises. Assomption 67, n° 9, p. 43-45. Dictionnaire biographique de la Savoie, Beauchesne, 1996, p. 229. Bibliographie du P. Venance Grumel publiée dans Ontmoeting, 1960-1962. La Revue des Etudes Byzantines, 1966-1967, a consacré deux de ses numéros (vol. 24, p. 7 à 37 et vol. 25, p. 7-12) à des Mélanges Grumel oÙ figurent la liste des travaux et la présentation de l’oeuvre scientifique du Père (802 titres!). Les deux oeuvres magistrales du P. Venance sont le Regestes des Actes des Patriarches de Constantinople (381-1206) parus en 4 fascicules de 1932 à 1946 et la Chronologie, en 1958. Notices Biographiques