Agir ensemble, sous une direction concertée.

On vient faire tous les jours l’exercice sous nos marronniers, et j’admire tout ce qu’il faut de mouvements de bras, de jambes, de commandements manqués ou réussis pour faire des soldats, lesquels ne seront après tout que de pacifiques gardes nationaux. Pauvre patrie gardée par ces gens-là! Pauvre nation avec autant de gardes! Eh bien, dans la vie religieuse, c’est la même chose. Que de répétitions des mêmes exercices, avant d’être ce que Dieu veut de nous! Sans compter ceux que nous ne faisons pas. Mais quand toute la France ne serait qu’une grande garde nationale ou même une vaillante armée, de quoi serait-elle capable sans un chef? Il faut donc que tous les membres de la Congrégation travaillent à divers degrés, depuis le postulant jusqu’au Supérieur général. Seulement au lieu d’un chef unique, il faut une sorte d’aristocratie, afin que la pensée-mère ne meure pas avec le chef. Il faut, si je puis dire, un conseil de guerre perpétuel, sinon réuni en permanence, au moins groupé souvent et échangeant ses vues par correspondance, le plus souvent possible.

Lettre au P. Emmanuel Bailly (Lettres, t. VIII, p. 519).

(1) Le P. d’Alzon qui ne craignait pas les formules viriles, encouragea dans les années 1860 la formation, au sein de son collège à Nîmes, d’unités para-militaires qui pouvaient préparer la jeunesse à s’enrôler dans la garde des zouaves pontificaux, pour la défense des Etats de l’Eglise alors très menacés ou encore, en 1870, dans la garde nationale volontaire, à défaut d’un service militaire national obligatoire qui n’existait pas.