Cas de conscience pour mariages mixtes.

Un jour, en 1848, M. le pasteur Coquerel père raconta, dans les couloirs de l’Assemblée Nationale dont il faisait partie, une histoire où il venait d’être le principal acteur. Figurez-vous, me disait-il, qu’un jeune catholique, voulant épouser une juive, ni le curé ni le rabbin n’ont voulu les marier pour cause d’antipathie de culte. Ils sont venus me trouver piteusement. Oh! leur ai-je dit, je n’ai pas de ces scrupules-là; au nom de la charité, venez que je vous bénisse. Et je les ai mariés. Tout le protestantisme libéral est dans ce trait. Soyez catholique, protestant, juif, musulman, païen, pourvu que vous soyez un honnête homme et que vous ayez la charité, qu’importe le reste? Il y a bien quelque difficulté pour le juif qui déteste Jésus-Christ; mais le protestant Coquerel, ayant arrangé tout cela avec le mariage bénit par lui, pourquoi plus de sévérité? Il faut être plus large, M. Cazaux l’affirmait! M. Viguié, dans son heureuse description du jugement dernier, le confirme! M. le proviseur Joubin, censé catholique, avec sa couronne d’immortelles, ne viendra pas l’infirmer, et ce ne sera pas seulement tolérance, mais justice au nom d’égalité, parole du protestant Midi!

Gazette de Nîmes, 11 avril 1875 (T.D. 7, p. 322).

Le P. d’Alzon entendait dans cette page surtout stigmatiser un certain indifférentisme religieux niveleur. Quant à la pratique pastorale actuelle de l’Eglise catholique, elle s’est fortement assouplie pour accompagner jusqu’à l’autel des couples de religions mixtes (cas de disparité de culte), faisant part ou droit au désir des conjoints d’être reconnus à la fois dans leur différence religieuse et dans leur respect mutuel de grandir selon leur propre racine spirituelle. Que notre prière soutienne ces foyers où l’écoute de l’autre passe aussi par une certaine souffrance de ne pouvoir partager pleinement une même foi.