Fête de la Croix glorieuse.

J’ai été assez souffrant des chaleurs de l’été. Je suis allé m’enfermer dans une solitude assez complète à Bétharram, dans les Pyrénées, et j’aurais pu, de là, vous écrire bien plus longuement, si j’avais cru devoir quelque chose à ma bien chère fille. Mais, mon enfant, vous valez la peine, et très fort la peine qu’on s’occupe de vous. Du reste, admirez les dates de nos deux lettres. Vous m’écrivez le 14; fête de l’Exaltation de la croix; je vous réponds le 17, fête de l’Impression des stigmates de saint François d’Assise. N’est-ce pas pour indiquer que, si vous me demandez de tenir ma promesse le jour où l’instrument du salut a reçu un triomphe, vous devez en profiter pour vous crucifier un peu? Et peut-être sera-ce là le grand fruit de notre correspondance; c’est que nous apprenions à souffrir dans l’esprit de la croix et en imprimant dans notre âme les plaies sacrées de Notre-Seigneur? Nous avançons dans la vie et nous ne sommes plus jeunes. Nous avons donc à demander quel guide nous sera montré dans la voie de l’éternité, où nous nous acheminons. Il me semble qu’il nous est providentiellement montré: la croix.

Lettre à Mme d’Escures (Lettres, t. X, p. 306-307).

<br>