Loisirs d’un aristocrate à la campagne.

J’ai oublié de vous achever mon plan de vie. Dans l’étude de midi à 5 heures, comme il fait quelquefois assez chaud, quand je n’ai qu’à lire, je descends dans le jardin et je vais me promener, ou sous des allées de vieux marronniers, ou dans des bosquets, qui, quoique un peu trop français, sont extrêmement touffus. Quelquefois, après le dîner, je vais me promener sur l’Hérault, qui est tout près du château, et je m’amuse à y réciter les Méditations de Lamartine. Malheureusement, ceux à qui je les dis ne sont pas tous dans le cas de les comprendre. Quelquefois je vais tout seul avec le batelier, que je fais asseoir au bout de la barque, tandis que je rame. Quand j’ai remonté la rivière à une certaine hauteur, je suspends mon travail et, comme le courant est insensible, je m’y laisse aller doucement au milieu d’un bassin assez large… Comme mes chiens m’accompagnent toujours, ma promenade se termine par un bain que je leur fais prendre.

Lettre à Henri Gouraud (Lettres, t. A, p. 64).

Note. En dehors de la natation ou de la lecture, Emmanuel d’Alzon à Lavagnac pratiquait la chasse, l‘équitation, l’escrime et les jeux de société. La famille recevait souvent au château et Emmanuel d’Alzon aimait aussi courir la garrigue à la découverte de lieux pittoresques. Ses sœurs, Augustine (1813-1860) et Marie-Françoise (1819-1869) l’accompagnaient volontiers. Au collège de l’Assomption de Nîmes, la pratique des sports fut également encouragée, selon un adage déjà fort ancien que prisait le P. d’Alzon: mens sana in corpore sano. Lui-même écrivit qu’il préférait l’éducation collective en milieu ouvert et stimulant plutôt que celle donnée en serre chaude, faisant allusion au préceptorat de sa première jeunesse.