Pour une presse catholique.

Je voudrais qu’avant de quitter Le Vigan vous fissiez le programme d’un journal catholique (1), pour paraître le 1er janvier. Il faudrait expliquer: 1° que nous sommes catholiques avant tout; 2° que nous ne sommes pas un parti politique; 3° que nous sommes pourtant un parti politique en ce sens que, comme catholiques, nous voulons notre place au soleil, prêts à tendre la main à tous leshommes honnêtes de tous les partis, disposés à respecter leurs opinions pourvu qu’ils respectent nos principes. Quant aux formes politiques, nous croyons à d’effrayants bouleversements européens, au triomphe plus ou moins éloigné de la démocratie. Nous voudrions, puisqu’il n’y a plus d’aristocratie, que la bourgeoisie de quelques grands centres nous faisant comprendre ce vers quoi la bourgeoise [tend?] il faut surtout s’adresser au peuple. On vient de m’interrompre. Songez à la prédication des idées catholiques à faire pénétrer dans la société. Vous auriez, sans sortir de chez vous, un auditoire qui ne vient pas toujours au sermon, et, peu à peu, avec le style des trois premières pages de votre lettre vous leur feriez avaler bien des choses. Je vous recommande cette idée.

Lettre au P. Emmanuel Bailly (Lettres, t. VIII, p. 533-534.

(1) Le journal quotidien La Croix parut pour la première fois le 16 juin 1883, fête du Sacré-Cœur cette année-là. Il fut précédé par Le Pèlerin (1873), la Vie des Saints (1878) et la Croix-Revue (1880). Le P. d’Alzon dérangé dans la rédaction de cette correspondance ne s’est pas relu, d’où l’incorrection et l’obscurité d’une phrase.