S’occuper aussi du peuple à l’Assomption.

[Je vous écris] premièrement, pour vous dire que si l’on veut me donner 30 orphelins pour commencer, je les prends, pourvu que l’on donne jusqu’à 15 ans les 300 francs, dont m’avait parlé Mlle Franck. Il me semble que l’on peut faire sans trop de peine une bonne œuvre et une bonne affaire. Voici pourquoi: Frère Charles a été chez M. Roussel et sait mener les enfants. Il les a fait travailler, il les a fait aider à bâtir, à cultiver la terre. Avec cela il me semble que l’on peut obtenir de bons résultats. J’ai parcouru hier Montmau (1), j’ai vu qu’il y avait encore bien du terrain à défricher, de quoi augmenter les revenus d’un tiers. Eh bien, peu à peu, ces orphelins ne coûtant presque rien aideront à défricher, et si plus tard ils mangent ce qu’ils auront défriché, ce sera une bonne œuvre, sans bénéfice, mais aussi sans perte. Puis, la main-d’œuvre devient exorbitante dans ces pays-ci. Par conséquent, on ne perd rien à prendre des ouvriers du dehors… Secondement, il me semble que vous devez vous, Père Vincent de Paul, fils de M. Bailly, fondateur des Conférences, vous rendre compte de ce que vous avez à faire en face de toutes les horreurs commises par les révolutionnaires. Laissez les chefs. Ne croyez-vous pas que l’on peut s’occuper du peuple? Voyez donc. J’aurais bonne envie de vous dire, comme l’abbé de Saint-Paul-Trois-Fontaines à saint Philippe de Néri: ĞVous avez une Amérique à convertirğ.

Lettre au P. Vincent de Paul Bailly (Lettres, t. IX, p. 74).

(1) Montmau, propriété agricole proche de Lavagnac, appartenant alors au P. d’Alzon.