Une ambition apostolique mondialiste (1).

Je n’ai pas encore parlé de nos missions étrangères. Si l’Australie est momentanément laissée de côté parce que certains engagements ne sont pas encore tenus, un bien réel se fait en Bulgarie; une association de patrons et d’apprentis, une école de deux cents garçons subsistent avec un succès durable. Nos Oblates nous ont secondé efficacement par un hôpital, un dispensaire, un pensionnat, des écoles. Tout cela est au berceau, mais quel précieux avant-poste contre le schisme grec et russe! On accusera notre ambition de témérité; que sommes-nous auprès du géant auquel nous nous attaquons?

L’Eglise a aujourd’hui trois grands ennemis: la Révolution, la Prusse et la Russie, et la Russie n’est pas le moins redoutable. Mais pourtant, quel champ immense s’ouvre à nos travaux de ces côtés! Comme Jésus à ses grossiers disciples, j’ose vous dire: Messis multa (2). Les disciples, devenus apôtres, firent la conquête du monde. Voyez, mes Frères, si vous voulez conquérir la Russie et en porter l’abondante moisson dans les greniers du Père de famille. Je tremble en vous parlant ainsi, et pourtant quelque chose me crie que si l’Assomption le veut, Dieu aidant, la moisson lui appartiendra.

Instruction au chapitre de 1873, d’après Ecrits Spirituels, p. 185-186.

(1) La carte apostolique dressée ici par le P. d’Alzon est celle de 1873. Depuis l’Assomption n’a cessé d’explorer de nouveaux champs apostoliques, en fonction des appels, des attraits et des aptitudes.

(2) Mt 9, 37 ou Lc 10, 2.