Visite au Saint-Sacrement.

Demain, je verrai Monsieur votre père, si je le puis, car je vais passer quelques heures à Beaucaire et nous parlerons de vous; mais auparavant je veux un peu vous parler. Je vous avoue que votre vie, telle que vous me la contez, me paraît très intéressante, et, quoi que vous disiez, vous ne passerez pas de meilleur temps. Sachez en profiter. Votre règlement me paraît parfait, sauf une chose à retrancher ou, au moins, à diminuer le plus possible, et deux à ajouter. Je voudrais en moins le spectacle et en plus: 1° Tous les jours la lecture faite avec un sentiment de piété d’un chapitre de l’Imitation; 2° Quand vous passez devant une église et que vous avez le temps, que vous adoriez une minute ou deux le Saint-Sacrement (1). Vous avez du cœur, Numa, et Notre-Seigneur désire qu’on l’aime et qu’on le lui prouve par ces petites visites.

Lettre à Numa Baragnon (Lettres, t. I, p. 384).

(1) La visite au Saint-Sacrement, comme exercice spirituel, est liée au développement du culte eucharistique qui depuis le XIème siècle en Occident tend à offrir des temps para-liturgiques pour la vénération des Saintes Espèces (en dehors de la célébration elle-même de l’Eucharistie). Les réformes conciliaires de Vatican II ont insisté fortement sur les liens à maintenir et à fortifier entre la célébration des sacrements et les dévotions qui peuvent en découler, de façon à articuler ces dernières autour du dogme et à leur donner ainsi leur véritable assise. En octobre 2004 a été inaugurée l’année eucharistique (Instruction Mane Nobiscum Domine).