DERAEDT, Lettres, vol.6 , p. 433

28 dec 1867 Nîmes MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse

Je désire beaucoup aller à Paris, mais il me faut d’abord trouver de l’argent pour rembourser les actionnaires. – Le collège se remonte depuis le départ du P. Vincent de Paul. – Instructions et conférences du mardi. – Pour le bien général et celui de la congrégation, ne faut-il pas laisser le P. Bailly à Rome, où il est dans son élément? – Soeur M.-Gabrielle. – Soeur Thérèse-Augustine.

Informations générales
  • DR06_433
  • 3203
  • DERAEDT, Lettres, vol.6 , p. 433
  • Orig.ms. ACR, AD 1461; D'A., T.D. 23, n. 960, pp. 290-292.
Informations détaillées
  • 1 AUMONIER
    1 CHEMIN DE FER
    1 COLLEGE DE NIMES
    1 CORRECTION DES TRAVAUX SCOLAIRES
    1 COURS PUBLICS
    1 CREANCES A PAYER
    1 DIRECTION SPIRITUELLE
    1 EMBARRAS FINANCIERS
    1 ENSEIGNEMENT DE LA LITTERATURE
    1 ETUDIANTS EN THEOLOGIE
    1 JESUS-CHRIST MODELE
    1 MAITRES
    1 ORNEMENTS
    1 RELIGIEUX ENSEIGNANTS
    1 RESSOURCES FINANCIERES
    1 SAINT-SIEGE
    1 SANTE
    1 SERMONS
    1 SOCIETE DES ACTIONNAIRES
    1 TRAVAUX SCOLAIRES
    1 ZOUAVES PONTIFICAUX
    2 ALLEMAND, LOUIS
    2 BAILLY, EMMANUEL
    2 BAILLY, VINCENT DE PAUL
    2 COURCY, MARIE-GABRIELLE DE
    2 GALABERT, VICTORIN
    2 GERMER-DURAND, EUGENE
    2 GERMER-DURAND, MADAME EUGENE
    2 KELLER, EMILE
    2 PICARD, FRANCOIS
    2 PLEINDOUX, AUGUSTIN
    2 POPOV, RAPHAEL
    2 ROCHER, THERESE-AUGUSTINE DE
    3 FRANCE
    3 MONTE ROTONDO
    3 MONTPELLIER
    3 NIMES
    3 PARIS
    3 ROME
    3 VIGAN, LE
  • A LA MERE MARIE-EUGENIE DE JESUS
  • MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse
  • Nîmes, le 28 décembre 1867.
  • 28 dec 1867
  • Nîmes
  • Evêché|de Nîmes
La lettre

Ma bien chère fille,

Vous me demandez si j’irai à Paris; je vous réponds que je le désire beaucoup, mais il me faut trouver de l’argent, d’ici au 1er février pour rembourser les actionnaires qui demandent leur argent. C’est une opération difficile. Si je m’absente sans avoir résolu toutes les questions qui s’y rattachent, je laisserai le P. Emmanuel dans un trop grand embarras. Je voudrais bien que le P. Picard pût me procurer quelque chose.

Mais voici une autre question, sur laquelle je vous prie de causer avec le P. Picard et de me donner ensuite votre avis. A tort ou à raison, tout le monde trouve que depuis le départ du P. V[incent] de P[aul] la maison se remonte. Sauf quelques parents, on constate plus de travail de la part des élèves, plus de vigueur dans les classes, plus d’entrain dans les jeux, plus d’influence générale et heureuse de la part des religieux, plus de bon esprit chez les maîtres. Il est vrai que pour les maîtres je leur fais, tous les mardis à ma messe, une instruction sur Jésus modèle du maître chrétien(1). Tous les mardis soir, une conférence littéraire où MM. Durand et Allemand paient de leur personne de la manière la plus intéressante. Il est vrai que M. Durand et le P. Emmanuel vérifient par eux-mêmes les copies de tous les élèves, pour contrôler toutes les corrections des professeurs. Il est vrai que je multiplie les avis généraux et particuliers aux maîtres, que je me suis occupé sérieusement des ordres du jour. Enfin on a forcé les religieux à se mêler aux élèves, système opposé à celui du P. V[incent] de P[aul]. Il en résulte de la vie, de l’entrain, de la confiance, de la piété, de la surveillance, de l’action sur tous.

Le P. Emmanuel entre pleinement dans cette voie. Le P. V[incent] de P[aul] n’est plus nécessaire, sauf la question financière qui serait tranchée si le chemin de fer m’achetait une partie de mes prés du Vigan. Dans cet état que faire? Le P. V[incent] de P[aul] meurt d’envie de rester à Rome. Il y est dans son élément: 4.500 zouaves n’ont qu’un seul aumônier; 700 sont à Monte Rotondo sans personne et parmi eux 100 Nîmois. Le P. V[incent] de P[aul] propose l’oeuvre des zouaves à Rome. Keller m’écrit que ce serait un moyen des plus puissants pour réagir sur Rome et sur la France(2). Cette oeuvre se composerait d’une bibliothèque, d’un cercle, d’un hôpital, au besoin de retraites à prêcher ou faire prêcher, d’une agence pour établir des rapports entre les parents pauvres et leurs enfants, etc., etc. On les moraliserait, on les convertirait et on trouverait même des vocations d’une bonne trempe.

Voilà ce qui me préoccupe. Nous aurions un agent à Rome, un agent influent par le bien qu’il y ferait, un supérieur pour les jeunes gens qu’on y enverrait étudier la théologie. Voilà où en sont mes idées. Si j’y donne suite, je donnerai rendez-vous à Paris au P. Vincent de Paul, je m’entendrai là avec le Comité de Saint-Pierre, je le renverrai passer un mois à Nîmes et puis je le ferai former un établissement à Rome. Notez que pour un certain temps quelqu’un me paie ses frais d’entretien auprès des zouaves, et que je crois pouvoir compter sur une avance de 2.700 francs destinés à cela, que les parents d’un de nos religieux paient tout son entretien à Rome. C’est un commencement et, ce me semble, dans les plus belles conditions pour notre établissement là-bas. Examinez donc, car je réfléchis et je ne voudrais pas faire fausse route, malgré tout ce qui me semble utile pour le bien général et pour la Congrégation dans cette combinaison.

Je prierai Mme Durand de vous envoyer les patrons(3). Quant à Soeur M.-Gab[rielle], elle va beaucoup mieux. On peut la faire ausculter par M. Pleindoux; par un temps comme celui d’aujourd’hui, elle pourrait aller à Montpellier sans inconvénient. Il fait un temps de printemps. Quant à Soeur Thérèse-Aug[ustine], permettez que je me tienne un peu à distance. Je lui ai parlé, mais le temps me manque et je sens que je le perdrais, sauf quelques très courts entretiens(4). Mère M.-Gabrielle me satisfait toujours plus par son parfait esprit.

Adieu, ma fille. Que de choses à vous dire, mais que d’interminables visites à recevoir! Mille fois vôtre en Notre-Seigneur.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
1. Sur ces instructions aux maîtres, voir *Un maître spirituel*, p. 111.
2. Lettre du 13 décembre 1867.
3. Pour un ornement que Mère M.-Eugénie a promis au P. Galabert pour Mgr Raphaël.
4. Mère M.-Eugénie souhaitait que le P. d'Alzon "prenne un empire de direction sur son mysticisme" qui ne lui disait rien de bon.