DERAEDT, Lettres, vol.7 , p. 142

20 aug 1868 Bagnères de Bigorre MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse

Les congrégations à supérieure générale. – Marche à suivre pour essayer d’obtenir une espèce d’exemption.

Informations générales
  • DR07_142
  • 3380
  • DERAEDT, Lettres, vol.7 , p. 142
  • Orig.ms. ACR, AD 1492; D'A., T.D. 24, n. 991, pp. 29-31.
Informations détaillées
  • 1 CARDINAL PROTECTEUR
    1 CHAPITRE GENERAL
    1 CONGREGATION DES AUGUSTINS DE L'ASSOMPTION
    1 CONGREGATIONS A SUPERIEURE GENERALE
    1 CURES D'EAUX
    1 DROIT CANON
    1 INSTITUTS RELIGIEUX
    1 JOIE SPIRITUELLE
    1 RELIGIEUSES DE L'ASSOMPTION
    2 BOUIX, MARIE-DOMINIQUE
    2 CHIGI, FLAVIO
    2 DARBOY, GEORGES
    2 MERMILLOD, GASPARD
    2 MILLERET, LOUIS
    2 PICARD, FRANCOIS
    2 PIE, LOUIS
    2 PITRA, JEAN-BAPTISTE
    2 TALLEYRAND
    3 ALLEMAGNE
    3 BURGOS
    3 LONDRES
    3 LYON
    3 NIMES
  • A LA MERE MARIE-EUGENIE DE JESUS
  • MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse
  • Bagnères de Bigorre, 20 août 1868.
  • 20 aug 1868
  • Bagnères de Bigorre
La lettre

Ma chère fille,

Quelle que soit votre envie de quitter cette terre, il faut vous décider à y rester. Je viens de lire dans M. Bouix un appendice sur les Congrégations de femmes à supérieure générale, dont je voudrais bien que vous puissiez prendre connaissance, si le latin ne vous en est pas trop difficile. On y voit comment une supérieure de Burgos gouverne sa Congrégation avec des chapitres annuels, avec exemption de l’évêque, mais elle a des voeux solennels. D’autre part, l’histoire des Dames anglaises en Allemagne est un commencement d’émancipation pour cette sorte de Congrégation. Enfin, M. Bouix arrive aux temps modernes, et il est évident que si on ne donne pas aux supérieures générales une sorte d’exemption, on se trouvera avant peu dans des embarras inextricables. C’est sur cette exemption à obtenir que je voudrais appeler votre attention. Peut-être ne serait-il pas possible de s’appuyer sur l’évêque de Poitiers, qui a ses idées très arrêtées sur cette question dans un sens opposé au nôtre. Mais ce serait à vous à chercher si vous ne pourriez avoir quelque protecteur.

Quand avez-vous votre chapitre? Est-il de rigueur que l’archevêque le préside ou le fasse présider? Ne pourriez-vous pas en avoir un avant le concile, ou du moins prendre l’avis des plus anciennes et préparant un mémoire que vous leur ferez signer en double, l’un pour Rome, l’autre pour vos archives, réclamer un cardinal protecteur ou d’être mises sous la protection immédiate du Saint-Siège par tel moyen qu’il plairait au Saint-Siège de fixer? Ne pourriez- vous pas vous entendre avec le Sacré-Coeur et autres Congrégations à supérieures générales? Ne pourriez-vous pas voir le nonce(1)? Evidemment il y a quelque chose à faire, ne vous faites pas illusion. Le mécontentement de Virginie peut venir de tel ou tel rapport qu’on lui aura fait sur vous, mais elle sent une force morale que vous donnent les principes sur lesquels vous vous reposez, et contre lesquels elle sent bien qu’il faut qu’elle se brise.

Si Mgr Mermillod n’a pas le temps de lire le De jure regularium de Bouix, indiquez-lui au moins cet Appendice qui se trouve au milieu du second volume. Je commence à voir très clair dans cette matière ou plutôt je vois les autorités dont on peut disposer. Le cardinal Pitra voulait que je provoque un Chapitre des généraux de Congrégations. Je m’en garderai bien, mais une réunion de quelques supérieures générales, de celles par exemple qui ont des maisons à Lyon, me semblerait une chose très précieuse.

Voici un compte que je prie les Soeurs de Londres de faire payer, et le P. Picard, en venant à Nîmes, recevra de moi la somme avancée; seulement il me semblait que, pour le Tablet et le Weekly Register, vous aviez eu quelqu’un qui avait payé pour moi.

Je demande à Notre-Seigneur de vous rendre sa joie, si elle vous est utile. Comment va Monsieur votre frère?

Mille fois vôtre, seulement un peu plus que vous ne le croyez.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
M. de Talleyrand disait que les gens qui sont aux eaux et qui prennent des douches n'ont pas toujours les idées bien rassises. C'est possible, mais en ce moment je voudrais que, d'ici au concile, mon travail consistât surtout à préparer tout ce qui sera utile à l'oeuvre de la Congrégation des hommes et à celle des femmes, *dans la mesure où vous voudrez le permettre*. Ceci est une très grosse méchanceté, mais dite extrêmement à dessein et dont j'espère que vous me remercierez(2).1. Le nonce à Paris est Mgr Flavio Chigi.
2. A cela Mère M.-Eugénie répondit le 24 août: "Je vous dirai seulement que je vous remercie de préparer tout ce qui est utile à notre congrégation et qu'il n'y a point de mesure à y mettre, ainsi ne me demandez pas de permission. C'est l'oeuvre de Dieu, dans ma pensée, ce n'est ni la vôtre, ni la mienne, mais Dieu veut que nous y travaillions d'accord. Acceptez-vous cette donnée?"