DERAEDT, Lettres, vol.7 , p. 354

20 jul 1869 Nîmes CORRENSON_MERE Emmanuel-Marie

Pour le voyage à Rome, j’ai pris le parti de laisser faire – Etre une très bonne supérieure et une très grande sainte – Je me suis fixé le même but – Mère Marie de Saint-Jean.

Informations générales
  • DR07_354
  • 3637
  • DERAEDT, Lettres, vol.7 , p. 354
  • Orig.ms. AC O.A.; Photoc. ACR, AH 411; D'A., T.D. 29, n. 205, pp. 238-240.
Informations détaillées
  • 1 CONCILE DU VATICAN
    1 LUTTE CONTRE SOI-MEME
    1 MORT
    1 NOVICE
    1 PELERINAGES
    1 PRIERE A LA SAINTE VIERGE
    1 PROGRES DANS LA VIE SPIRITUELLE
    1 RECHERCHE DE LA PERFECTION
    1 REPRESSION DES ABUS
    1 SUPERIEURE
    1 UNION A JESUS-CHRIST
    1 VOYAGES
    2 BROUSSE, VICTORINE
    2 CORRENSON, MADAME CHARLES-LOUIS
    2 COULOMB, LOUISE
    2 PLEINDOUX, ETIENNE
    3 ROCHEFORT-DU-GARD
    3 ROME
    3 VIGAN, LE
  • A LA MERE EMMANUEL-MARIE CORRENSON
  • CORRENSON_MERE Emmanuel-Marie
  • Nîmes, 20 juillet [18]69.
  • 20 jul 1869
  • Nîmes
La lettre

Vous m’écrivez une bien bonne lettre, ma si chère enfant, et je vois avec bonheur que, s’il n’y a pas en vous un perfectionnement de l’hypocrisie dont vous vous plaignez tant, il y a le perfectionnement le plus heureux, tel que je vous le souhaitais. Votre lettre m’a rendu réellement heureux du bonheur d’un père qui voit sa fille grandir dans le bien.

Je ne sais vraiment que dire pour le voyage à Rome. Il y a, en ce moment, pour moi certaines obscurités que je ne puis bien débrouiller, en sorte que j’ai pris le parti de laisser faire. Quant à moi, je suis très résolu à ne rien faire dans un sens ou dans l’autre. On se perd en ce moment dans certaines petites intrigues, loin desquelles je tiens à me tenir. J’ai en maintes circonstances constaté que la ligne la plus droite étant la plus courte, on ne pouvait mieux réussir qu’en la suivant en toute simplicité.

Je vous avoue que je n’ai pas osé faire une visite à Mme votre mère, à l’occasion de la mort de son oncle, uniquement parce que j’ai craint qu’après ce qui s’était passé ma visite ne ressemblât à une mauvaise plaisanterie. Je reviens sur ce que je vous disais l’autre jour et à quoi je veux ajouter quelque chose après votre lettre.

A votre retour, deux voies s’ouvriront devant vous. Celle d’une très bonne supérieure, et le bien que vous avez fait aux Soeurs m’apparaît tous les jours. J’en suis réellement aussi satisfait que je puis l’être; vous les tenez toutes entre vos mains et vous les perfectionnerez encore. Le pas est très bien emboîté. Vos lettres que je ne leur demande pas, mais qu’elles me montrent, indiquent l’autorité que vous avez prise sur elles et qu’elles acceptent avec la plus grande joie. Je suis assuré, quoi que vous en disiez, que l’oeuvre est nouée, formée; elle réussira, si elle continue comme jusqu’à présent. Votre coeur est bien le centre de la Congrégation. Continuez ainsi et les choses iront bien.

Mais je voudrais qu’elles allassent très bien, parfaitement. Or, pour cela, vous avez à être non seulement une très bonne supérieure, mais une sainte et une très grande sainte. Quelque chose me crie au fond du coeur que je dois vous y forcer et que je ne dois avoir de repos que lorsque je vous aurai fait prendre cette voie de destruction de vous-même, à l’aide de laquelle vous laisserez Notre-Seigneur vous reconstruire entièrement, dans un ordre de choses toujours plus élevé, au-dessus de toutes les idées et les sentiments terrestres. Votre coeur a besoin d’être élargi comme l’amour de Notre-Seigneur pour vous et comme les intérêts de l’Eglise que vous devez servir. Aussi je voudrais, ainsi que je vous l’ai déjà dit, que vous puissiez bien vous rendre compte de l’ordre de vertu, de zèle, d’humilité, d’autorité, dans lequel vous devez vous établir à votre retour.

Je prends pour mon compte des résolutions absolument semblables, pour le moment de mon arrivée chez les novices du Vigan. Je souhaite qu’ils s’aperçoivent que je veux marcher droit et faire marcher droit. Egalement je me prépare pour mon retour dans deux mois. La communauté des religieux a le plus grand besoin d’être remontée, et les religieux ont à perdre une foule de petits abus, contre lesquels il est pour moi de la plus urgente nécessité de réagir.

Ce que vous me proposez pour la M. Marie de Saint-Jean n’est qu’un détail. Elle a fait quelques progrès, j’ai pu les constater, comme je crois en avoir constaté aussi chez Soeur Victorine sous le rapport des commandements. Par ces côtés, j’espère que la tâche vous sera facile; mais nous avons à prier beaucoup pour que les éléments se combinent aussi bien qu’on peut le désirer.

Votre lettre m’a dilaté le coeur et je crois que j’écrirais jusqu’à ce soir. Pourtant je ne vous ai pas assez dit qu’il faut vous convertir à la sainteté. Conclusion, vous allez bien prier, vous recueillir, examinant par quoi vous pouvez devenir une sainte, et vous le deviendrez tout de bon. Je ne sais pourquoi j’aurais eu envie d’être votre aumônier dans le pèlerinage à Rochefort, mais peut-être vaudra-t-il mieux laisser cette idée. Je prierai la Sainte Vierge, de mon côté, et elle saura bien pourquoi je la prie, quoique je ne sois pas avec vous. Vous rendrez grâces à la Sainte Vierge, mais vous lui ferez aussi toutes vos demandes de vierge, d’épouse de Notre-Seigneur et de Mère. Peut-être aussi aurez-vous quelques demandes de filles à présenter.

Notes et post-scriptum