DERAEDT, Lettres, vol.8 , p. 229

28 feb 1870 Rome OBLATES_NIMES

Oubli de soi, esprit de prière, obéissance, charité fraternelle, amour de l’Eglise, amour de Notre-Seigneur : conditions nécessaires au succès de votre oeuvre.

Informations générales
  • DR08_229
  • 3915
  • DERAEDT, Lettres, vol.8 , p. 229
  • Orig.ms. AC O.A.; Photoc. ACR, AH 414; D'A., T.D.30, n.266, pp.64-67; QUENARD, pp.164-167.
Informations détaillées
  • 1 AMOUR DE L'EGLISE A L'ASSOMPTION
    1 AMOUR DU CHRIST A L'ASSOMPTION
    1 AMOUR FRATERNEL
    1 ASSISTANCE A LA MESSE
    1 ASSOMPTION
    1 CAREME
    1 CHAPELLE
    1 CO-FONDATRICE DES OBLATES
    1 COMMUNAUTE RELIGIEUSE
    1 COMMUNION FREQUENTE
    1 CONCILE DU VATICAN
    1 CRAINTE
    1 D'ALZON FONDATEUR DES OBLATES
    1 DEFAUTS
    1 DESOBEISSANCE DE RELIGIEUX
    1 DIVIN MAITRE
    1 DON DE SOI A DIEU
    1 ENVIE
    1 EPOUSES DU CHRIST
    1 ESPRIT DE L'ASSOMPTION
    1 FRANCHISE
    1 ILLUSIONS
    1 JESUS-CHRIST MODELE
    1 JESUS CHRIST VIE DU RELIGIEUX
    1 MAJESTE DE DIEU
    1 MANQUEMENTS A LA REGLE
    1 NOTRE-SEIGNEUR
    1 OBLATES
    1 OUBLI DE SOI
    1 PATIENCE
    1 PERFECTION
    1 PIETE
    1 PROGRES DANS LA VIE SPIRITUELLE
    1 SACRIFICE DE LA CROIX
    1 SAINTS DESIRS
    1 SALUT DES AMES
    1 SATAN
    1 SEVERITE
    1 TRIOMPHE DE L'EGLISE
    1 UNION DES COEURS
    1 VERTU D'OBEISSANCE
    1 VERTU DE FORCE
    1 VERTUS
    1 VIE DE PRIERE
    1 VOCATION RELIGIEUSE
    1 VOIE UNITIVE
    1 VOLONTE
    2 CORRENSON, EMMANUEL-MARIE
    3 NIMES
    3 ROME
    3 VIGAN, LE
  • AUX RELIGIEUSES OBLATES DE L'ASSOMPTION, A NIMES
  • OBLATES_NIMES
  • Rome, 28 février[18]70.
  • 28 feb 1870
  • Rome
La lettre

Mes bien chères filles,

Je me demande quelquefois si vous vous faites une idée de la manière dont je pense à vous et dont vous m’êtes presque constamment présentes à l’esprit. C’est que plus je réfléchis sur le but de votre fondation, et plus je cherche à me persuader qu’il y a dans votre oeuvre les éléments d’un très grand bien. Seulement, comme je vous l’ai dit bien souvent, le germe a besoin d’être développé. Pour cela il faut plusieurs conditions. J’ai pensé au commencement du carême de vous les rappeler.

1° Un grand oubli de vous-mêmes. Une Oblate qui fait sans cesse des retours sur sa chère personne ne sera jamais rien de bien fameux. Or, voyez comme ces retours sont faciles. On voit un petit abus, une violation de la règle, un défaut chez une Soeur, et l’on se dit: « Pourquoi n’en ferai-je pas autant? ». On reçoit une observation et intérieurement on observe que l’on tombe toujours sur nous et jamais sur les autres. On voit que l’on a eu quelque attention pour une Soeur, le Diable souffle à l’oreille: « Pourquoi n’en a-t-on pas pour toi? ». On se sent porté à la ferveur et l’on observe du coin de l’oeil si la communauté ne s’en aperçoit pas. On trouve que dans la communauté on n’a guère de bons yeux, excepté pour voir le mal. Connaissez-vous des personnes de cette espèce?

2° L’esprit de prière. Mes chères enfants, souvenez-vous que vous n’aurez jamais la facilité pour vous exercer à prier que vous avez maintenant. Oh! que je voudrais qu’au milieu de tous vos travaux vous fussiez toujours unies par le coeur à notre divin Maître! J’ai parfois l’ambition que mes filles aient la puissance de m’obtenir tout ce dont j’ai besoin.

Il est très vrai que je ne compte sur aucune branche de l’oeuvre de l’Assomption comme sur les Oblates de Nîmes et du Vigan pour faire violence à Notre-Seigneur en ma faveur. Certes, je crois que de très saintes âmes ont la bonté de prier pour mes oeuvres, mais c’est de vos deux petites chapelles que j’espère que partent pour le reste de l’oeuvre les voeux les meilleurs. Mais aussi comme vous êtes obligées de les accompagner de vertus toutes spéciales et de cette ardeur qui perce les nuages, pour monter jusqu’au trône de Dieu!

3° Une franche et loyale obéissance! Oh! mes enfants, je me fais illusion peut-être, mais ce n’est pas la dureté du commandement qui vous fait peur chez votre Mère ou chez moi. Quelquefois je me reproche de n’être pas assez ferme, mais enfin cela viendra peut- être un jour, et, en attendant, je fais une obligation de conscience à votre Mère de vous mener avec une certaine rondeur. Je crois que, de votre côté, vous avez à obtenir de Notre-Seigneur cette obéissance qui est allée jusqu’à la mort et à la mort de la croix. Si pendant ce carême vous y faites quelques progrès, ce sera une chose bien avantageuse. Que vous dirai-je du mal que fait la désobéissance que vous ne connaissez déjà? Aussi je ne veux pas insister. Seulement si la désobéissance est si funeste, tâchez de la fuir.

4° La charité fraternelle. Je vous en conjure, soyez bien unies entre vous. Nous avons tous des défauts, nous avons besoin qu’on use à notre égard d’une immense patience. Tâchons de la pratiquer joyeusement, à notre tour, quand l’occasion s’en présente; fuyons tout ce qui pourrait en diminuer la puissance et les droits. Je désire tout particulièrement trouver, quand je reviendrai, ces dispositions au fond de vos âmes, de telle sorte que l’on sente bien que dans toute la réalité du mot vous n’avez qu’un coeur.

5° L’amour de l’Eglise. Ceci résulte tout particulièrement pour vous et de votre vocation et des circonstances présentes. Vous devez être plus spécialement les ouvrières de l’Eglise, et, en même temps, vous devez songer qu’ayant le bonheur de vivre pendant la tenue du concile, vous devez vous mettre en mesure de profiter de toutes les grâces qui en résulteront pour les vrais chrétiens. Souvenez-vous que vous êtes destinées à faire aimer cette Eglise, à qui Dieu a confié le salut du monde.

6° L’amour de Notre-Seigneur. Il faut commencer par là et finir par là. Qu’est-ce qu’une Oblate, dont Jésus-Christ n’est pas la vie? Qu’est-ce qu’une Oblate qui communie plusieurs fois par semaine et qui ne fait pas un avec son époux? Qu’est-ce qu’une Oblate, qui assiste tous les jours à la messe et qui pense à autre chose qu’à s’immoler complètement, afin de prouver à son époux qu’elle l’aime comme son épouse. Le Sauveur Jésus lui a prouvé son amour en s’immolant pour elle. Vous aimerez donc ce divin Maître d’un amour ardent, absolu, jaloux de ses droits, et vous montrerez surtout cet amour par la perfection avec laquelle vous imiterez les exemples qu’il vous donne.

Voilà, mes filles, mes recommandations pour le carême; je prie votre Mère de vous les relire une ou deux fois par semaine, afin que, quand je vous verrai, je puisse constater le compte que vous en aurez tenu et les progrès que vous aurez faits. Je vous en conjure, correspondez par votre bonne volonté et votre courage à ce que N.-S. attend de vous.

Vous aurez aussi, n’est-ce pas? la bonté de prier beaucoup pour moi, afin que je sache tout ce que je dois faire pendant mon séjour à Rome.

Préoccupez-vous enfin, au pied du Saint-Sacrement, de tout ce qui intéresse le concile, afin que des grâces surabondantes étant accordées à cette si importante assemblée, nous puissions en recevoir les lumières nécessaires pour travailler plus sûrement à la prospérité et au triomphe de l’Eglise(1).

Adieu, mes chères filles. Que Notre-Seigneur vous accorde la grâce de réaliser tous ses désirs dans votre coeur!

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
1. Une lettre à verser au dossier des documents définissant l'esprit de l'Assomption.