DERAEDT, Lettres, vol.11 , p. 260

27 sep 1875 Nîmes BAILLY_VINCENT de Paul aa

Des épingles que vous avez fabriquées – L’état de surexcitation du P. Emmanuel – Plus de barbes à mon arrivée.

Informations générales
  • DR11_260
  • 5470
  • DERAEDT, Lettres, vol.11 , p. 260
  • Orig.ms. ACR, AH 93; D'A., T.D.28, n.442, p.70.
Informations détaillées
  • 1 CRITIQUES
    1 DOUCEUR
    1 ENERGIE
    1 MALADIES
    1 VACANCES
    2 BAILLY, EMMANUEL
    3 PARIS
  • AU PERE VINCENT DE PAUL BAILLY
  • BAILLY_VINCENT de Paul aa
  • Nîmes, 27 sept[embre 18]75.
  • 27 sep 1875
  • Nîmes
La lettre

Bien cher ami,

Je reçois vos douze pages. Elles sont charmantes. Mais que d’épingles ne vous piquent que parce que vous les avez fabriquées! Après cela que le P. Emmanuel en ait acéré quelques-unes, c’est possible. Que moi-même j’en ai enfoncé, faites par moi ou par les autres, c’est possible encore(1). Il est sûr que le pauvre P. Emmanuel est dans un état de surexcitation, qui pendant quelques jours m’a donné les plus vives inquiétudes pour sa tête. Cela passe, et il désire venir à Paris, pendant que j’y serai. Ce seront pour lui des vacances indispensables, mais souvenez-vous qu’il faudra le traiter comme une femme nerveuse. Cela passera. Je lui fais prendre des bains, dont il a le plus grand besoin. Surtout si vous lui écrivez, ne faites allusion à rien.

Je désire très vivement ne plus voir de barbes en arrivant à Paris(2). J’en ai assez souvent parlé, pour que tous connaissent ma pensée. Assez de gens s’en moquent pour que, si elle est un instrument utile, elle soit comme les rasoirs un instrument dangereux. Est-ce comme cela qu’il faut dire pour ne pas fâcher? Car je finis par être bien embarrassé. Si je parle doucement, on n’entend pas; si je parle fort, on se croit paria. Enfin, dans huit ou dix jours, je parlerai de façon à ne pas piquer, à ne pas agacer, à ne pas enfoncer des pointes, à ne pas faire des parias. Que de choses faites par mon encre, que va défaire ma figure! Heureuse figure, qui défera, sans être défaite! Elle n’aura pas de barbe à couper.

Adieu, et tout à vous.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
1. "Vous allez venir à Paris, mon Père, pourquoi ne pas traiter de vive voix toutes choses? A distance tant de choses grossissent et font beaucoup de peine qui n'en feraient pas du tout, mais du tout, en causant", a écrit le 25 septembre Vincent de Paul, qui énumère une série de ces petites choses, de ces coups d'épingles qui, en se multipliant, finissent par causer une blessure. Parmi eux l'arrivée un peu brusque des novices et les embarras qu'elle cause.
2. A ce propos, dans sa lettre du 25, Vincent de Paul demandait au P. d'Alzon "un mot où sans que cela soit un reproche incident à propos d'autre chose, vous nous disiez qu'ayant pesé le pour et le contre vous désirez ou qu'on attende ou qu'on n'attende pas pour la faire tomber."