DERAEDT, Lettres, vol.12 p. 395

26 mar 1878 Rome BAILLY_VINCENT de Paul aa

Le *Pèlerin* est distingué, plaisant, intéressant, on cherche son but pratique – Où ira le pape ? – Evêques français à Rome – La sainteté de Pie IX.

Informations générales
  • DR12_395
  • 6256
  • DERAEDT, Lettres, vol.12 p. 395
  • Orig.ms. ACR, AH 159; D'A., T.D. 28, n. 508, pp. 119-121.
Informations détaillées
  • 1 ARCHEOLOGIE CHRETIENNE
    1 BAPTEME
    1 BETISE
    1 CONGREGATION DE LA PROPAGANDE
    1 DISTRACTION
    1 ENERGIE
    1 EPISCOPAT
    1 FILS DE L'EGLISE
    1 FLEURS
    1 GRAVITE
    1 IMPRESSION
    1 INTEMPERIES
    1 JEUX
    1 MAUX PRESENTS
    1 MIRACLE
    1 PAPE
    1 PELERINAGES
    1 PIETE
    1 PRESSE CATHOLIQUE
    1 RECITATION DE L'OFFICE
    1 SAINTETE
    1 SAINTS
    1 SERMONS
    1 TOMBEAU
    2 ARMELLINI, MARIANO
    2 BATAILLE, LOUIS-DESIRE-CESAR
    2 CABRIERES, ANATOLE DE
    2 COLET, CHARLES
    2 FORCADE, THEODORE-AUGUSTE
    2 HUMBERT I
    2 JOURDAN, CESAR-VICTOR
    2 LE HARDY DU MARAIS, JULES
    2 LEON XIII
    2 MACCHI, LUIGI
    2 PICARD, FRANCOIS
    2 PIE IX
    2 PIERRE, SAINT
    2 REGNAULT, LOUIS-EUGENE
    2 VICTOR-EMMANUEL II
    3 AIX-EN-PROVENCE
    3 AMIENS
    3 CHARTRES
    3 LAVAL
    3 MONTPELLIER
    3 ROME
    3 ROME, COLLEGE DE LA MINERVE
    3 ROME, EGLISE SAINT-ISIDORE
    3 ROME, SEMINAIRE FRANCAIS
    3 TARBES
    3 TOURS
  • AU PERE VINCENT DE PAUL BAILLY
  • BAILLY_VINCENT de Paul aa
  • Rome, 26 mars 1878.
  • 26 mar 1878
  • Rome
La lettre

Mon cher ami,

Je deviens stupide. Figurez-vous que j’ai été incapable de comprendre tout ce que vous me dites de ravissant dans vos 13 pages(1). C’est délicieux de finesse, de délicatesse, et puis quelle conclusion? Vous voyez bien que mon peu de cervelle s’en va. J’ai écrit ce matin au P. Picard, et vous pouvez juger, par le format que je prends, que je veux causer un peu à l’aise, et voici ce que je tiens à vous dire.

Le Pèlerin perdrait-il ses abonnés, aurait-il un moins grand succès, s’il avait un but un peu plus dessiné? C’est un excellent, pieux, amusant, intéressant journal. Quel but bien caractérisé se propose-t-il? Il me semble qu’il est fuyant, voltigeant, sautillant comme un colibri dans une touffe de fleurs, mais quand on l’a lu, que reste-t-il, sinon cette impression: Ah! que c’est spirituel! puis quelques impressions de piété ondulante, et puis voilà. Voilà ce qu[e c’]est que d’être un grand nigaud comme moi et de ne rien comprendre à rien.

Les circonstances deviennent trop graves, pour qu’il ne soit pas très nécessaire de faire sentir aux lecteurs d’un bon journal la nécessité du sérieux dans la vie chrétienne. Vous le dites bien quelquefois, mais peu. Peut-être, après tout, que le sermon perpétuel est assommant, (avec un ou deux m, ce que je ne puis me rappeler). Enfin je vous livre ces observations et je conclus en disant: le Pèlerin est très distrayant, plaisant, intéressant, on cherche son but pratique. Sauf celui de distraire de la lecture d’un mauvais journal, on ne le voit pas bien. Peut-être est-ce parce que ma vue baisse. Aujourd’hui, au contraire, il me paraîtrait si nécessaire de donner de la vigueur aux tempéraments chrétiens, qui sont tous anémiques; nous n’avons plus de sang dans les veines.

Pourtant il faut que je fasse une réparation. Je viens de lire le numéro [du] 23 mars il y a du bon, du très bon, et je serais injuste si je ne disais pas: Continuez en améliorant. L’absence de conclusion venait probablement de ma vue qui n’avait pas l’esprit de l’apercevoir. Il y en a plusieurs, et peut-être cela vaut-il mieux. Je m’arrête pour dire mon office.

Le 27, au matin.

J’en reviens à mes moutons, et plus j’y réfléchis, plus je crois devoir vous conjurer de préciser un peu plus, à moins que vous n’ayez l’intention très positive de dissimuler vos batteries; en quoi vous avez peut-être raison. En tout cas, si c’est votre but, il est parfaitement atteint(2).

Le Pape ne peut rester à Rome. Où ira-t-il? Grave question. Quelquefois je me dis: S’il part, j’irai où il ira; peu de gens l’accompagneront et les vrais fils se feront connaître.

Nous avons ici, au séminaire, l’archevêque d’Aix, les évêques de Montpellier, de Tarbes, d’Amiens, de Chartres arrivé hier soir; l’archevêque de Tours est à la Minerve, l’évêque de Laval à Saint-Isidore(3). Que l’épiscopat se dépêche, s’il veut voir l’épiscopat ici.

Le P. Picard croyait que Léon XIII aurait peu de visiteurs. On m’assure qu’avant-hier il a reçu 1.200 personnes; mettons 1.000; ce n’est pas si mal. Je n’ai pas encore d’audience. Macchi m’a conjuré d’attendre. Ah! Pie IX allait plus vite, avec 80 et tant d’années. De toute part, les miracles arrivent pour attester la sainteté de Pie IX, les postulata aussi. Par conséquent, la campagne va s’engager. Je n’ai pas entendu dire qu’il fût question de la canonisation de Victor-Emmanuel, ni de son fils. Nous avons un froid atroce. Je vais passer à la Propagande pour vous faire avoir la dissertation d’Armellini sur la première catacombe où saint Pierre a baptisé.

Addio.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
1. Lettre du 24 mars (déjà parvenue à son destinataire?) où Vincent de Paul a notamment décrit avec beaucoup d'esprit l'enfantement d'un numéro du *Pèlerin*.
2. Dans sa réponse du 29 mars, le P. Bailly prend la défense de son journal, insistant surtout sur l'affirmation surnaturelle que lui-même et tous ceux qui écrivent s'efforcent d'y mettre.
3. Amiens: Louis-Denis-César Bataille (1820-1879), depuis 1873; Chartres: Louis-Eugène Regnault (1800-1889), depuis 1853; Tours: Charles-Théodore Colet (1806-1883) depuis 1874; Laval: Jules Le Hardy du Marais (1833-1886), depuis 1876.