DERAEDT, Lettres, vol.12 p. 401

29 mar 1878 Rome GALABERT Victorin aa

La Russie – Les Turcs – Séminaires pour l’Orient – Les Polonais – Les Soeurs – L’Italie va vers la révolution républicaine – Le pape.

Informations générales
  • DR12_401
  • 6261
  • DERAEDT, Lettres, vol.12 p. 401
  • Orig.ms. ACR, AJ 349; D'A., T.D. 32, n. 349, pp. 343-344.
Informations détaillées
  • 1 ANTIPATHIES
    1 APOSTOLAT DE LA CHARITE
    1 AUMONIER
    1 BAVARDAGES
    1 BON EXEMPLE
    1 BONTE MORALE
    1 CAPRICE
    1 CONGREGATION DE LA PROPAGANDE
    1 CRAINTE
    1 EMOTIONS
    1 GRAVITE
    1 GRECS
    1 HONNEURS
    1 HOPITAUX
    1 JEUNES RELIGIEUX
    1 LANGUE
    1 MALADES
    1 MAUX PRESENTS
    1 MISSION DE RUSSIE
    1 OBLATES
    1 PAPE
    1 PLANS D'ACTION
    1 POLEMIQUE
    1 POLONAIS
    1 RAPPORTS DU SUPERIEUR
    1 RECONNAISSANCE
    1 REPUBLIQUE ADVERSAIRE
    1 REVOLUTION ADVERSAIRE
    1 RUSSES
    1 SAINTETE
    1 SAINTS
    1 SALUT DES AMES
    1 SEMINAIRES
    1 SEMINARISTES
    1 SLAVES
    1 TURCS
    1 VERTU DE FORCE
    1 VOCATION
    2 FRICERO, MADAME JOSEPH
    2 HUMBERT I
    2 LEON XIII
    2 PIE IX
    3 ASIE
    3 CONSTANTINOPLE
    3 DANUBE
    3 GALATZ
    3 MOLDAVIE
    3 ODESSA
    3 ROME
  • AU PERE VICTORIN GALABERT
  • GALABERT Victorin aa
  • Rome,le 29 [mars] 1878(1).
  • 29 mar 1878
  • Rome
La lettre

Mon bien cher ami,

J’ai reçu avant-hier votre rapport et je vous en remercie. J’ai reçu aussi votre lettre, dont j’ai pu lire la plus grande partie. Pardonnez-moi si je n’ai pas tout déchiffré, mais les yeux me cuisaient à la fin de la lecture. Je vais tâcher de vous répondre de mon mieux.

1° Acceptez la décoration(2) et voyez avec les Russes que vous pouvez connaître s’il ne serait pas utile d’avoir un hôpital à Odessa. L’hôpital entraînerait l’aumônier, et l’aumônier entraînerait autre chose. Je vous conjure d’être aussi bon que possible avec les Russes, évitez toute controverse et procédez par charité.

2° Prenez tous les renseignements possibles sur la langue russe, et si quelqu’un des jeunes religieux peut s’y mettre, aidez-le.

3° Je reçois une foule de renseignements au sujet du plan à adopter. Le meilleur de tous c’est de former des saints. Cela paraît difficile, et pourtant il faut toujours en revenir là(3).

4° Même à Constantinople, je ne crois pas que l’on ait beaucoup à redouter les Turcs en ce moment. Ils se sentent battus, et, pourvu qu’on leur laisse l’Asie, ils se retireront peu à peu.

5° A la Propagande, on paraît vouloir s’occuper de préparer des séminaires indigènes, et c’est là qu’il faudra en venir. On en demande pour les Grecs, on en demande pour les Slaves, et c’est pour cela que j’estime très nécessaire de nous mettre à faire Slaves nos jeunes gens de l’alumnat. N’ayez pas peur des Polonais. J’ai établi à la Propagande que ce que nous faisions était soit pour les Augustins, soit pour préparer une mission en Russie.

6° Que deviennent les Polonais? Leur situation me semble très difficile, et peut-être ne pourront-ils pas rester longtemps. Malheureusement pour eux, ils sont peu aimés, et l’on ne veut d’eux nulle part. Mais il ne faut pas nous en prévaloir. Seulement nous ne sommes pas obligés de porter les conséquences de leurs maladresses en nous y associant.

7° Je crois venu le moment de déclarer aux Soeurs que le temps des caprices et des cancans est passé. Ecoutez-les moins; parlez-leur sérieusement de la gravité des circonstances, de la beauté de leur mission; mais établissez que le moment d’une vraie sainteté est venu pour elles, et qu’elles doivent sanctifier les âmes par leurs exemples autant que par leurs leçons.

Si vous voulez savoir des nouvelles de Rome, je vous dirai qu’on y marche à grands pas vers la révolution républicaine qui chassera Humbert, et vers le départ obligé du Pape. Le pape Léon XIII n’est certainement pas Pie IX. Je ne sais si je vous ai envoyé sa photographie, je vous en envoie une. Sa physionomie a changé depuis qu’il est pape; les émotions l’ont rendu souffrant. Plus tard, je vous en enverrai une plus grande.

Adieu, mon bien cher ami. Donnez du courage à tout le monde. Vous m’êtes sans cesse bien présents.

E.D’ALZON.

Il est possible que je vous envoie une lettre pour le curé de Galatz(4), supposé que vous ayez à aller à Odessa.

E.D'ALZON
Notes et post-scriptum
1. Le manuscrit porte: 29 *avril* 1878. La correction est de la main du P. Galabert, qui, le 13 avril dira avoir reçu la lettre du 29 mars du P d'Alzon. Notre lettre répond à une lettre du 20 mars du P. Galabert.
2. A la fin de l'année précédente, le P. Galabert avait reçu une décoration ottomane (*Lettre* 6121, n.2). Cette fois - le consul de France le lui a confié en grand secret - il serait proposé pour une décoration russe.
3. Cette phrase, le P. d'Alzon l'écrit le jour même où il envoie promener Mme Fricero (*Lettre* 6260). Son esprit surnaturel a eu raison de sa mauvaise humeur: l'un me pousse, l'autre me retient, Dieu nous montrera la voie à suivre. En attendant formons des saints.
4. Ou Galati, en Moldavie, sur le Danube.