DERAEDT, Lettres, vol.13 , p. 100

26 apr 1879 Paris MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse

L’affaire du prieuré – Le respect dû aux prêtres – Un courant contraire – Peut-être nous verrons-nous à Montpellier.

Informations générales
  • DR13_100
  • 6680
  • DERAEDT, Lettres, vol.13 , p. 100
  • Orig.ms. ACR, AD 1796; D'A., T.D. 24, n. 1340, p. 105-106.
Informations détaillées
  • 1 PRETRE
    1 PRIEURE DE NIMES
    1 RELATIONS DU PERE D'ALZON AVEC LES ASSOMPTIADES
    1 RELIGIEUSES DE L'ASSOMPTION
    1 RESPECT
    1 SUPERIEUR ECCLESIASTIQUE
    2 BAILLY, EMMANUEL
    2 BAILLY, VINCENT DE PAUL
    2 BESSON, LOUIS
    2 CABRIERES, ANATOLE DE
    2 COURCY, MARIE-GABRIELLE DE
    2 LAURENT, CHARLES
    2 MAS, JESUITE
    2 PICARD, FRANCOIS
    3 MIDI
    3 MONTPELLIER
    3 NIMES
    3 PARIS
    3 ROME
  • A LA MERE MARIE-EUGENIE DE JESUS
  • MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse
  • Paris, 26 avril [18]79.
  • 26 apr 1879
  • Paris
La lettre

Ma chère fille,

Je reçois votre lettre et j’y réponds bien vite. Mardi matin, je serai à Nîmes(1). Je suis trop souffrant pour aller à Rome et je ne fais rien ici. Votre lettre était renfermée dans une autre de Mère M.-Gabrielle. Elle me dit n’être pas encore remise de ses émotions, et qu’elle ne compte que sur la force qui lui viendra de Dieu.

Je lui réponds que nous ne tenons à conduire personne, mais que si l’on nous veut, il faut qu’on nous respecte et que, comme supérieur, j’ai le droit d’être juge; qu’il s’agissait d’autres que d’elle, mais qu’elle a voulu s’exposer à leur place: comme dans l’affaire du P. Mas, où, après m’avoir rapporté ce qu’il lui aurait dit, elle lui avait avoué par écrit que jamais il ne lui avait tenu pareil propos, ce qui m’avait mis dans une vilaine position avec l’évêque de Nîmes; que j’étais disposé à lui témoigner le même dévouement que par le passé, mais que je regrettais qu’elle-même m’eût arraché des mains les armes pour la défendre. Si vous ne faites pas quelques changements, il sera bien difficile que nous puissions reprendre au prieuré une action quelconque, et si nous ne devons y exercer qu’une action matérielle, tant vaut la confier à d’autres.

Il est, je crois, de la plus haute importance que vous profitiez de cette bourrasque pour faire sentir à vos filles la nécessité du respect dû aux prêtres en général. Pendant ma carrière de grand’vicaire, je n’ai jamais vu dans les communautés la dixième partie de ce que j’ai rencontré dans les couvents de l’Assomption à propos des aumôniers. Certes, vous avez été toujours admirablement bonne pour nos religieux, mais croyez-le bien, le P. Picard, le P. Vincent de Paul, son frère et moi, (je ne parle pas du P. Laurent) nous avons l’impression d’un courant absolument contraire et qui fera que si vous venez à manquer, on voudra autre chose que nous, sans savoir bien précisément qui, sauf peut-être une ou deux filles disposées à se tourner vers les Jésuites. Ce sera en opposition absolue avec votre manière de voir, mais du haut du ciel vous verrez qu’il en sera ainsi.

Resterez-vous longtemps à Montpellier? Peut-être d’après-demain en huit(2), je pourrai aller vous y voir. Savez-vous si Mgr de Cabrières est à Montpellier? J’aimerais autant qu’il ne s’y trouvât pas, et, dans le cas où il ne serait pas absent, je vous prierais de vous arrêter entre deux trains, à votre passage à Nîmes, si cela ne vous dérange pas trop.

Adieu, ma chère fille. Tout vôtre en Notre-Seigneur.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
1. Mère M.-Eugénie a quitté Paris pour Nîmes le 21. Elle va d'une maison du Midi à l'autre mais sera à Nîmes le 29 pour y rencontrer le P. d'Alzon.
2. C'est-à-dire le 5 mai.