DERAEDT, Lettres, vol.13 , p. 160

18 jul 1879 Nîmes MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse

Les affaires du prieuré – Une lettre anonyme – Le P. Picard ne doit pas venir *pour nous*, mais peut-être *pour vous* avec Mère Thérèse-Emmanuel.

Informations générales
  • DR13_160
  • 6753
  • DERAEDT, Lettres, vol.13 , p. 160
  • Orig.ms. ACR, AD 1802; D'A., T.D. 24, n. 1346, p. 112-113.
Informations détaillées
  • 1 MAITRESSE DES NOVICES
    1 PRIEURE DE NIMES
    2 BAILLY, EMMANUEL
    2 BARLOIS, MARIE-CAMILLE
    2 BOUVY, EDMOND
    2 COURCY, MARIE-GABRIELLE DE
    2 DOUMET, MARIE-CATHERINE
    2 DUMAZER, ALEXIS
    2 HUMMEL, MARIE-PAUL
    2 LAURENT, CHARLES
    2 MARIA DE LAS MERCEDES
    2 O'NEILL, THERESE-EMMANUEL
    2 PICARD, FRANCOIS
    3 AUTEUIL
    3 AUTRICHE
    3 ESPAGNE
    3 MONTPELLIER
    3 NIMES
  • A LA MERE MARIE-EUGENIE DE JESUS
  • MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse
  • Nîmes, 18 juillet 1879.
  • 18 jul 1879
  • Nîmes
La lettre

Ma chère Mère,

Vous avez dû recevoir de moi une lettre ce matin. J’écrivais par le courrier de midi que je ne voyais pas la nécessité qu’il(1) vînt pour nos affaires; pour les vôtres, c’est différent. Posons quelques faits. La lettre anonyme m’occupe très peu(2). Soeur M.-Paul a quelques partisans; cela passe. Elle a des ennemis; le vent tourne ailleurs et l’on finit par trouver ridicule qu’une supérieure générale ne puisse changer un sujet, sans que tout Nîmes se soulève. Ce tout Nîmes se réduit à très peu. L’opinion du P. Alexis, du P. Emmanuel, du P. Edmond, de quelques autres amis, doit peser bien plus dans votre décision que ces cancanières. Je vous ai montré que si vous avez perdu des élèves, Soeur M.-Paul partie, vous en aurez un peu plus: des mécontentes s’en iront, les autres viendront.

Soeur M.-Catherine, à mon vrai chagrin, a eu un échec complet. Vous savez que je vous en avais prévenue, mais il fallait un souffre-douleurs entre Soeur M.-Paul et son vrai successeur; là est le mérite d’Amélie.

Mère M.-Gabrielle n’admet pas que l’on puisse la renvoyer ici pour la rentrée. Je pense qu’il faut lui éviter ce chagrin; elle ferait du mal très positivement. Croyez-moi, observez ses raisonnements, ils ne sont pas suivis; mais, de grâce, qu’elle ne sache pas ce que je dis là. Il faut la ménager. Je crois qu’on machine quelque chose contre Soeur M.-Camille. Je n’en suis pas sûr, mais Mère M.-Gabrielle à Montpellier et Soeur M.-Paul avec elle est un projet qui sourit à des têtes folles. Je regretterai bien Mère M.-Gabrielle, si vous la changez, mais en ce cas que l’éloignement soit complet. Mercédès morte, ne peut-elle aller en Espagne avec une archiduchesse d’Autriche?

Je me réserve pour la question de la lettre anonyme, je ne m’en occuperai certainement pas. Les auteurs seraient, quels qu’ils soient, trop contents, s’ils pensaient qu’on fait attention à eux. Ne serait-ce pas le frère de Soeur M.-Paul?

Je n’engage pas le P. Picard à venir pour nous, mais peut-être pour vous, avec Mère Thérèse-Emmanuel. Il me paraît indispensable de laisser les tripotages tomber et [de] reprendre la question par le côté surnaturel des âmes. Mère Thérèse-[Emmanuel] peut faire à ce point de vue un très grand bien à ses anciennes novices. L’idée que vous m’avez donnée me semble parfaite. Dans ce cas, si le P. Picard peut y aider, à lui à voir s’il peut venir. Moi, je pars le 29, à 2 h. après-midi, supposé que je parte. Ici le temps s’arrange depuis deux ou trois jours.

Mère Thérèse-Em[manuel] aura à insister sur l’observation: 1° de l’oraison; 2° du silence; 3° de la régularité; 4° des parloirs; 5° sur l’obéissance en esprit de foi; 6° sur la mortification. Que celles qui ne peuvent faire certaines austérités les laissent, mais du matin au soir elles peuvent se mortifier sur autre chose, ce qui est en ce moment, je crois, très rare au prieuré. Vous ai-je dit qu’aux bains de mer personne n’était mieux ganté que Soeur M.-Paul? J’ai tort de vous donner ce détail, j’en ai mille autres, mais à quoi bon y revenir? L’essentiel est qu’elle ne soit plus ici. Le P. Laurent me fait une vive peine avec sa manière d’agir et ne voit pas qu’il se donne et me donne tort, en donnant raison à Soeur M.-Paul. Voilà mon opinion. Après cela, je remets tout au P. Picard, s’il vient.

Tout vôtre, ma chère fille. Que les derniers jours de la vie sont durs à écorcher!

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
1. C'est-à-dire le P. Picard.
2. Lettre envoyée à Mère M.-Eugénie à Auteuil, et prenant la défense de Sr M.-Paul.