DERAEDT, Lettres, vol.13 , p. 264

8 jan 1880 Nîmes MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse

La pensée de la mort – Ce que devait être la Revue – Au prieuré de Nîmes – Relâche dans la persécution des congréganistes.

Informations générales
  • DR13_264
  • 6874
  • DERAEDT, Lettres, vol.13 , p. 264
  • Orig.ms. ACR, AD 1806; D'A., T.D. 24, n. 1352, pp. 118-119.
Informations détaillées
  • 1 ASSOMPTIONNISTES
    1 CLERGE SECULIER
    1 CONVERSION SPIRITUELLE
    1 DISTINCTION
    1 DISTRACTION
    1 DOCTRINE CATHOLIQUE
    1 ELEVES
    1 FONCTIONNAIRES
    1 JEUNES RELIGIEUX
    1 JEUNESSE
    1 JEUX
    1 MALADIES
    1 MALADIES MENTALES
    1 MORT
    1 PREDICATION
    1 PRESSE POPULAIRE
    1 PRIEURE DE NIMES
    1 RELIGIEUX ANCIENS
    1 RELIGIEUX ENSEIGNANTS
    1 RIRE
    1 TRISTESSE
    2 BAILLY, EMMANUEL
    2 BAILLY, VINCENT DE PAUL
    2 CHABERT ISABELLE
    2 CHALMETON, MADAME FERDINAND
    2 COURCY, MARIE-GABRIELLE DE
    2 GOGUILLAT, MADEMOISELLE
    2 GUIRAUD, MARIE-VERONIQUE
    2 HUMMEL, MARIE-PAUL
    2 MAUVISE, MARIE DU CHRIST DE
    2 PEROUSE, JEANNE-MARIE
    2 PICARD, FRANCOIS
    2 POUJOULAT, JEAN-JOSEPH
    2 SALLE, MARTHE
    2 SURVILLE, MADAME DE
    2 WITMANN, FRANCOIS
    2 WITMANN, THERESE
    3 MONTPELLIER
    3 PARIS
  • A LA MERE MARIE-EUGENIE DE JESUS
  • MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse
  • Nîmes, 8 janvier 1880.
  • 8 jan 1880
  • Nîmes
La lettre

Ma chère fille,

Vous avez bien raison, tout passe, mais la mort de M. Poujoulat m’a bien fait penser à vous(1). La veille du jour de l’an est morte Mme de Surville, la mère, avec qui j’ai joué il y a quelque soixante ans. La pensée de la mort m’est constamment présente, je tâche d’être prêt. J’ai toujours mes vivacités, mais il me semble qu’elles sont surtout à la surface. Peut-être me fais-je illusion. Je suis distrait dans mes prières comme on ne peut pas, et je crois ne jamais me séparer de Dieu.

Qu’est-ce que cela veut dire? Nos Pères de Paris m’ont fait de la peine, et beaucoup, par un malentendu. Je crois que le Pèlerin est excellent, mais pour le gros public qui aime à rire, et parmi ce public je range presque tous les 10.000 curés, qui y sont abonnés. Au voyage du P. Picard, une Revue avait été décidée, mais avec un autre genre. Le but était de grouper la jeunesse catholique, de lui offrir une direction que personne ne lui imprime. C’est à quoi auraient tendu les vieux religieux. Les jeunes, sous la conduite des anciens, y auraient travaillé; et nous y aurions déposé, avec la doctrine de la Congrégation, un principe de vie qui eût fait du bien, je le croyais du moins, et aux rédacteurs et aux lecteurs. J’ai eu le malheur de dire trop nettement que la Revue aurait un autre genre que le Pèlerin; aussitôt mille difficultés ont surgi et on a renoncé à rien faire(2). J’en suis profondément attristé. Notez que, d’une part, je n’ai pas dérangé un iota au programme convenu avec le P.Picard, [que], de l’autre, on laissait une feuille entière au P. Bailly pour sa petite pièce, en lui laissant la liberté d’être plus sérieux, quand il le voudrait. Ne prêchant presque plus, peut-être aurais-je pu écrire encore.

La conversion de Marthe Salle est due à Soeur Jeanne-Marie. Cette enfant n’est plus reconnaissable. J’en suis d’autant plus heureux qu’elle a plus d’énergie que son aînée. Quant à Véronique partez de l’idée qu’elle est un peu folle. Pour la pauvre Mère M.-Gabrielle que dire? Je la plains bien. Ici elle est non oubliée, mais parfaitement remplacée. De Soeur M.-Paul il ne reste plus rien. Ne pourrait-on pas envoyer la petite Thérèse(3) à Montpellier, puisque le frère y est au petit séminaire? Quel bonheur que ces enfants soient éloignés de leur tante! Isabelle Chabert et Mme Chalmeton, qui font sortir Thérèse n’ont pas pris la peine de demander une fois Mère Marie du Christ; c’est assez grossier.

Je vous avais dit que je redoutais une diminution d’élèves. La seule petite Goguillat n’est pas revenue, plus une enfant que son père a retirée, à cause du peu de tenue de l’année dernière. Mais la tenue ayant changé, pourvu que vous laissiez encore Soeur Jeanne-Marie, la maison ira en prospérant.

Je sais qu’une circulaire confidentielle ordonne aux préfets d’être plus doux envers les congréganistes. Il y a relâche. Le P. Emmanuel souffre d’un mal ancien qui se renouvelle; sous peu il sera délivré.

Tout vôtre, ma chère fille, en Notre-Seigneur.

E. D'ALZON.
Notes et post-scriptum
1. Jean-Joseph Poujoulat (1808-1880) était un parent de Mère Marie-Eugénie. Historien, il est notamment l'auteur d'une *Histoire de saint Augustin* (1844). Après la révolution de 1848, il fut député à la Constituante puis à la Législative. Il fut aussi journaliste et publia un certain nombre d'écrits d'actualité, relatifs notamment à la question romaine.
2. Le P. d'Alzon schématise quelque peu. Voir les explications du P. Picard: *Lettre* 6870, n.1.
3. Thérèse Witmann, nièce de Sr Marie-Paul.