Périer-Muzet, Lettres, Tome XIV, p. 332.

28 may 1847 Nîmes CARBONNEL Marie-Vincent ra

La manière dont Dieu vous a conduite – Notre-Seigneur vous aidera à porter votre croix – Nouvelles du collège – Fixez toute votre application sur votre vie nouvelle.

Informations générales
  • PM_XIV_332
  • 0+525 c|DXXV c
  • Périer-Muzet, Lettres, Tome XIV, p. 332.
  • Orig.ms. AC R.A.; D'A., T.D. 19, pp. 204-206.
Informations détaillées
  • 1 ACCEPTATION DE LA CROIX
    1 ACTION DE DIEU DANS L'AME
    1 COLLEGE DE NIMES
    1 DESIR DE LA PERFECTION
    1 ECONOMAT
    1 EPREUVES SPIRITUELLES
    1 ESPRIT RELIGIEUX
    1 PAIX DE L'AME
    1 PREMIERE COMMUNION
    2 BAPTISTE, DOMESTIQUE
    2 CARBONNEL, ISAURE
    2 CHAUVELY, MARIE
    2 FRANCOIS
    2 GOUBIER, VITAL-GUSTAVE
    2 HENRI, ISIDORE
    2 PAUL, SAINT
    2 VALFONS, MADAME DE
    3 LYON
    3 NIMES, EGLISE SAINTE-PERPETUE
  • A MADEMOISELLE ANAIS CARBONNEL
  • CARBONNEL Marie-Vincent ra
  • Nîmes, le 28 mai 1847.
  • 28 may 1847
  • Nîmes
  • Institution de l'Assomption
  • *Mlle Anaïs.*
La lettre

Ma chère enfant,

J’ai reçu hier votre bonne lettre et je vous en remercie comme aussi de celle que vous m’avez adressée de Lyon et qui m’a fait un si grand plaisir. Enfin vous voilà au port. Qu’il y ait chez vous quelques moments pénibles, cela est-il le moins du monde extraordinaire, notre nature étant donnée? Mais ce que j’admire avec vous, c’est la manière dont Dieu vous a conduite comme par la main pour vous forcer à accepter les épreuves diverses qu’il vous a envoyées. Il a eu pour vous une série de ces cruelles attentions, comme il sait les avoir pour ceux qu’il se réserve et qu’il veut rendre entièrement siens. Mais du moment que votre unique pensée tend à la perfection et que vous vous sentez par sa grâce la force d’avancer, vous n’avez plus, ce me semble, à calculer le mal que vous éprouvez ni le poids de votre croix, puisque Notre-Seigneur se charge d’en prendre, pour sa part, tout ce qui dépassera la faiblesse de vos épaules.

Je n’ai pas eu de nouvelles de vos soeurs, sinon par M. Goubier qui a reçu une lettre de Mlle Is[aure] se plaignant de ce que je lui avais refusé Camille. Heureusement deux heures après votre départ, je vis Mme de Valfonds qui me comprit très bien. M. Goubier fut également de mon avis, quand je lui eus tout expliqué.

Je n’en ai aucune autre nouvelle. La bonne Chauvély, qui provisoirement fait la dépense et est du matin au soir ici, n’a absolument rien su. Notre Mère vous a fait sans doute part de la croix que le bon Dieu m’a envoyée. C’est la plus forte très certainement qui me soit encore échue, depuis que je suis dans la maison. M. Isidore s’est provisoirement chargé de la lingerie, mais j’y voudrais beaucoup quelqu’un autre. Baptiste veut nous quitter pour se mettre garçon d’hôtel. François se met toujours en colère. Les lits ne sont pas mieux faits, les classes ne sont pas mieux balayées, seulement on ne le dit plus autant; c’est moi maintenant qui fais ces remarques.

Je vous recommande beaucoup notre première communion, elle aura lieu jeudi prochain 3 mai, à 7 heures et demi, à Ste Perpétue; la chapelle aurait été trop petite pour pouvoir admettre les parents. J’admire comme personne ne me parle ni de vous ni de vos soeurs.

Voilà, ma chère enfant, quelques détails, qui, je le pense, vous intéresseront, mais vous, ma chère fille, qui allez peu à peu perdre ces souvenirs, vous devez faire comme St Paul, oublier ce que le fossé du temps emporte pour fixer toute votre application sur cette vie nouvelle qui s’ouvre devant vous. Tout vous avertit que vous n’avez pas une minute à y perdre, et l’expérience de la rapidité avec laquelle [elles] s’écoulent, et la manière dont vous avez pu réfléchir plus sérieusement qu’une autre à tous les devoirs qui vous sont imposés.

Adieu, ma chère enfant. Quand je vous reverrai dans quelques mois, j’espère vous retrouver tout autre que je ne vous ai quittée. Vous aurez surmonté les premières émotions, vous vous serez fait à votre nouvelle vie, et vous aurez mis à profit les bonnes habitudes de paix que l’on vous fera contracter, pour dilater sous l’oeil de Dieu votre coeur si froissé par tant de secousses douloureuses.

Adieu, tout à vous en Notre-Seigneur.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum