Touveneraud. LETTRES, Tome 1, p.431

22 may 1854 Nîmes, MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse

Il doit se reposer pour ne pas perdre entièrement la tête. – Depuis son attaque, il a dormi trois jours sans désemparer. – S’il devient fou, elle le saura. – Il est plus à même de rédiger le chapitre de la Règle sur les infirmes.

Informations générales
  • T1-431
  • 394
  • Touveneraud. LETTRES, Tome 1, p.431
  • Orig.ms. ACR, AD 33; D'A., T.D. 21, n. 226, pp. 133-134.
Informations détaillées
  • 1 ACCIDENTS
    1 CONSTITUTIONS DE 1855
    1 HANDICAPS
    1 HUMILITE
    1 MALADIES MENTALES
    1 MEDECIN
    1 MOIS DE MARIE
    1 REPOS
    1 SOINS AUX MALADES
    1 SOUFFRANCE ACCEPTEE
    1 SYMPTOMES
    2 LEVY, MARIE-JOSEPH
    3 NIMES
    3 PARIS
  • A LA R. MERE MARIE-EUGENIE DE JESUS
  • MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse
  • 22 mai 1854.
  • 22 may 1854
  • Nîmes,
La lettre

Ma chère Mère(1),

C’est encore le mauvais petit Marie-Joseph qui, m’ayant servi de cerbère, me servira de secrétaire. Figurez-vous que le petit sot, pour ne pas me réveiller, au lieu de coucher sur une paillasse, passa presque toute la nuit sur une peau de mouton, la tête appuyée sur un rebord de cheminée en fonte. Au fait, je vais mieux, quoique je désobéisse à mon médecin en dictant ces quelques lignes. Il est sûr que j’ai la tête très faible, que l’on m’ordonne de quitter Nîmes et que l’on me défend d’aller à Paris. Il me faut pour quelque temps laisser toutes mes affaires de côté. Ce n’est qu’à cette condition qu’on me fait espérer de ne pas perdre le peu de sens commun que je puis avoir. Il faut se soumettre à cette humiliation et à l’agréable perspective de devenir tout à fait nigaud. Toutefois, ne vous effrayez pas trop. Si je tombe dans l’idiotisme, on vous le fera savoir.

Pour le quart d’heure, je suis dans un assez grand bien-être. J’ai dormi près de trois jours sans désemparer. Les uns disent que c’est un coup de sang, moi je crois que c’est un affaiblissement du cerveau, vu que je souffre depuis quelque temps dans l’épine dorsale. Je remercie la Sainte Vierge de m’avoir envoyé ce bobo pendant le mois de mai, et je demande à Notre-Seigneur de me faire trouver dans mon mai quelques lumières pour écrire le chapitre de nos Constitutions sur les infirmes. Je n’aurai qu’à dire la manière dont on m’a traité, mais non pas tous les enfantillages que je me suis permis et qui ont prodigieusement scandalisé mon petit secrétaire. Je m’aperçois que ce petit vaurien fait des additions à ce que je dicte(2); c’est pourquoi je ne signerai pas ma lettre et je m’arrête tout court.

Réflexion faite, je veux au moins vous dire que je suis toujours tout vôtre en Notre-Seigneur.

E. D'ALZON.
Notes et post-scriptum
1. La lettre a été écrite par le Fr.Marie-Joseph Lévy, sauf e dernier paragraphe et la signature.
2. Le Fr. M..Joseph a écrit au bas de la page: (*Ce n'est pas vrai.- Marie-Joseph*).