Touveneraud, LETTRES, Tome 2, p.490

9 aug 1858 Nîmes, ESCURES Comtesse

Dieu veut que nous le servions avec les forces de notre nature, mais un modeste effort quotidien peut les accroître. -Un mérite négatif ne saurait suffire.

Informations générales
  • T2-490
  • 1074
  • Touveneraud, LETTRES, Tome 2, p.490
  • Orig.ms. ACR, AN 81; D'A., T.D. 38, n. 81, p. 208.
Informations détaillées
  • 1 CURES D'EAUX
    1 DEVOIR
    1 EFFORT
    1 REFORME DE LA VOLONTE
    1 VOLONTE
    2 ESCURES, GAILLARD D'
    3 LAMALOU-LES-BAINS
    3 NIMES
    3 PARIS
    3 PYRENEES
  • A MADAME LA COMTESSE D'ESCURES
  • ESCURES Comtesse
  • 9 août [18]58.
  • 9 aug 1858
  • Nîmes,
  • Madame
    Madame la comtesse d'Escures
    Château du Gué-Robert par Tigy
    Loiret.
La lettre

Tandis que vous étiez dans les Pyrénées, ma chère fille, moi j’étais à Paris. Il me semble qu’à votre retour dans votre manoir vous aurez plus de facilité pour me lire, et peut-être cette lettre y arrivera-t-elle en même temps que vous.

Dieu veut que nous le servions avec notre nature, et très évidemment vous n’aurez jamais à rendre compte de ce qui dépasse vos forces; mais ces forces, ne vous est-il pas possible de les augmenter par de quotidiens efforts sur de petites choses? Une certaine exactitude dans la vie, un certain empire sur le cours de vos idées, une barrière posée à certaines rêveries, l’exclusion du vague où l’on aime tant à se bercer, l’accomplissement exactement matériel de certains devoirs qui répugnent, tout cela n’est-il pas très propre à mettre de l’énergie dans la pratique habituelle de la vie? Pour moi, il me semble bien difficile que, quand on veut un peu fortement, à chaque instant l’occasion de l’appliquer ne se présente pas. Sans doute, vous avez une très grande énergie passive, et, sous ce rapport vous pouvez encore résister très fort et à beaucoup de mal; j’aimerais à voir chez ma bonne fille quelque chose de mieux qu’un mérite négatif. Vous voyez que je poursuis toujours mon idée, et que je tiens ferme contre tout ce que vous pouvez me dire. C’est qu’en effet je vous crois plus capable de bien que vous ne le croyez vous-même, et que je voudrais vous ôter cette excuse très vaine selon moi: « Je ne suis bonne qu’à peu de chose ».

Les eaux vous ont-elles fait du bien? Je pars pour Lamalou vers le 5 sept[embre]; mais sous peu je vais quitter Nîmes, où les chaleurs sont réellement dures à porter.

Adieu, ma chère fille. Veuillez dire à M. d’Escures combien j’ai été heureux de le connaître et lui offrir mes hommages. Tout vôtre en Notre-Seigneur.

E. D'ALZON.
Notes et post-scriptum