ARTICLES|ARTICLES DU PELERIN|PRONES

Informations générales
  • TD 8.59
  • ARTICLES|ARTICLES DU PELERIN|PRONES
  • DIMANCHE DE LA PASSION
  • Le Pèlerin, N. S., II, n° 66, 6 avril 1878, p. 224-225.
  • TD 8, P. 59.
Informations détaillées
  • 1 APOSTOLAT DE LA VERITE
    1 CHATIMENT DU PECHE
    1 CONVERSION SPIRITUELLE
    1 CORRUPTION
    1 DESIR DE LA PERFECTION
    1 ENFER
    1 ENNEMIS DE DIEU
    1 ENNEMIS DE L'EGLISE
    1 ENSEIGNEMENT DE JESUS-CHRIST
    1 HAINE ENVERS LA VERITE
    1 HISTOIRE DE L'EGLISE
    1 JESUS-CHRIST
    1 JESUS-CHRIST CHEF DE L'EGLISE
    1 JUIFS
    1 MISERICORDE DE DIEU
    1 PASSION DE JESUS-CHRIST
    1 PERFECTIONS HUMAINES DE JESUS-CHRIST
    1 REVOLTE
    1 SAUVEUR
    1 SOUMISSION DE L'ESPRIT
  • 6 avril 1878.
  • Paris,
La lettre

Ecoutez cette parole du Sauveur: « Qui de vous me convaincra de péché? Si je vous dis la vérité, pourquoi ne me croyez-vous pas »?

On ne croyait pas Jésus-Christ, parce que sa parole était la condamnation de ses accusateurs. On l’accusait, parce qu’il était innocent, l’innocence même; et sa vie tout entière était la condamnation des prêtres, des scribes et des pharisiens. On ne croyait pas à sa doctrine, parce qu’il disait à des voleurs de ne pas désirer ni surtout de prendre le bien d’autrui, à des fornicateurs d’être chastes, à des adultères de respecter la femme du prochain, à des ambitieux d’être modestes, etc. Or, tous ces prévaricateurs de diverses sortes refusaient de le croire, parce qu’ils auraient dû accepter leur propre condamnation. Et Jésus-Christ leur adressait cette question cruelle: « Si je vous dis la vérité, pourquoi ne me croyez-vous pas? » Il eût pu ajouter: Vous ne me croyez pas, parce que vous êtes des voleurs, des avares, des impudiques, des ambitieux, des blasphémateurs, des menteurs, des meurtriers. Sans le dire, ses accusateurs le comprenaient, et seulement agissaient comme s’ils n’eussent pas compris. Mais leur fureur allait croissant de la vérité même des reproches qui leur étaient adressés, et c’est pour cela qu’ils conspirèrent la mort du juste, non à cause de ses crimes, mais des leurs.

Telle est l’histoire de l’Eglise. L’Eglise prêche la vérité, mais cette vérité condamne certains hommes, et les hommes condamnés deviennent ses ennemis. Admirable preuve de la vérité de l’Eglise, persécutée uniquement parce que sa prédication condamne les pécheurs.

L’Eglise est en ce moment l’objet de haines redoublées. Descendez dans la recherche des causes de cette haine. Impossible que vous ne voyiez pas une hideuse collection de passions infernales: des hommes pour qui le seul nom de vertu est un remords, des violateurs de toute loi divine et humaine que la vue d’un seul commandement de Dieu exaspère, parce que si Dieu commande, il faut lui obéir, et que si on ne lui obéit pas, il y a des châtiments, comme Dieu sait les infliger à ses créatures révoltées.

Or, voici ce qui se passe. Comme quelquefois certains membres de l’Eglise participent à la corruption commune, Dieu, pour les purifier et les relever, les punit précisément par les pécheurs maudits. Terrible disposition. Dans l’Eglise il y a des pécheurs. Contre l’Eglise s’élèvent des pécheurs, et ceux-là, tout en allant vers la condamnation définitive, sont chargés de faire subir à ceux que Dieu veut pardonner le châtiment paternel qu’il leur réserve dans sa miséricorde. Il semble que tous, à certains moments, passent par les mêmes voies; gardez-vous de le croire. La hache tombait dans les persécutions sur la tête d’une vierge, d’un martyr, tranchait aussi celle de quelque grand coupable. C’était la même hache, c’était le même bourreau. Dieu envoyait des couronnes aux uns, des supplices éternels aux autres.

N’accusons jamais Jésus-Christ de péché dans la personne de ses saints. Croyons la vérité qu’il nous prêche par son Eglise; acceptons-la, même quand elle nous condamne; redressons par elle notre vie, nos moeurs; profitons des lumières de cette vérité divine, pour nous élever dans la beauté de la perfection qu’elle nous inspire. Là est l’éternelle félicité.

Rome, le 30 mars 1878.

Notes et post-scriptum